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MÉMOIRES

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PROCÈS-VERBAUX

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SOCIÈTÉ AGRICOLE & SCIENTIFIQUE

DE LA HAUTE-LOIRE

MÉMOIRES

ET

PROCÈS-VERBAUX

1896

TOME NEUVIÈME

L

LE PUY RÉGIS MARCHESSOU, IMPRIMEUR DE LA SOCIÉTÉ Boulevard Carnot, 23.

M DCCC XCVII

PROCÈS-VERBAUX

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PROCÈS -VERBAUX

EXTRAIT DEN PROCES-VERBAUX

DES SÉANCES

DE [LA

SOCIÉTÉ AGRICOLE ET SCIENTIFIQUE DE LA HAUTE-LOIRE

SÉANCE DU 2 JANVIER 1896.

PRÉSIDENCE bE M. LE Dr MOREL.

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Présents : MM. Bernard, Blanc-Marthory, Joseph Royer, Gazanion, Ed. Gueyffier, Hedde, Hérisson, Lascombe, Leblond, Marlin, institu- leur, Morel, O'Farrell, Samard, Sklénard, Valléry-Michel, Vignon.

M. Lascombe donne lecture du procès-verbal de ia dernière sance qui est adopté. | M. Leblond, devant se rendre prochainement à Paris, offre son tOncours à l'effet d’activer les démarches qui ont été faites par la

Svciélé en vue d’obtenir la déclaration d'utilité publique.

M. le Président remercie M. le Préfet de son obligeant concours et de ses bonnes dispositions en faveur de notre Société.

M. le Président procède ensuite au dépouillement de la correspon- dance qui comprend :

x | PROCÈS-VERBAUX

Une lettre de remerciements de notre nouveau collègue, M. de Brun, surnuméraire de l'enregistrement et des domaines.

Le Bulletin ofliciel de la Ligue nationale bimétallique.

La Nouvelle agricole, de Toulouse.

Un Mémoire sur les Dominicains de Pradelles, envoyé par M. F. Mosnier, instituteur à Monistrol ; M. Lascombe est chargé de rendre compte de ce mémoire à une prochaine séance.

Enfin, une circulaire ministérielle relative à la réunion du Congrès des Sociétés savantes, qui se tiendra à la Sorbonne du 7 au 11 avril 189%.

MM. de Cailleux, secrétaire général de la Préfecture, et Chacor- nac, professeur-agrégé au Lycée du Puy, sont élus membres titu- laires de notre Société.

M. Joseph Vignon, avocat, est nommé membre du Conseil d’admi- nistration, en remplacement de M. Louis Paul décédé.

Venant à la question à l’ordre du jour du concours d’animaux gras, M. le Président expose à l'assemblée les considérations. con- tradictoires relatives à la date de ce concours. D’un côté, le conseil municipal désire changer la date adoptée jusqu'ici, en vue d'éviter la cuincidence avec la foire de Saint-Agrève, qui empêche un certain nombre d’exposants de venir au Puy ; d'autre part, il y aurait grand inconvénient à adopter brusquement une date différente de celle qui a été consacrée par un usage déjà très ancien.

M. Hérisson propose de conserver encore dès à présent la date du mardi de la Passion, mais, en vue de donner satisfaction au désir du conseil municipal, il propose de consulter, lors de la réunion qui suivra le concours, les acheteurs el les exposants sur ce changement de date,

L'assemblée adopte cet avis el décide qu’on proposera, à la réunion * du concours prochain, qui aura lieu comme d’habitude le mardi de la Passion, le choix entre ce même jour ou bien le samedi précédant la Passion. )

La situation financière de la Société est présentée par M. le Tré- sorier.

MM. Hedde et Breschet sont désignés pour examiner ses comptes et présenter un rapport à la prochaine séance, au nom du Conseil d'administration.

M. Martin donne lecture d'une notice préconisant l'emploi du sulfate de fer (vitriol vert ou couperose verte) comme adjuvant des engrais et comme insecticide en arboriculture; en certains cas. l'action de cet insecticide peul étre rendue plus énergique par l’addi- tion d'uue petile dose d'acide sulfurique.

L d

DES SÉANCES J

MM. les professeurs d’agricullture présents à la séance protestent contre l'affirmation de pareilles doctrines que ne saurait propager notre Société : ils pensent que l'emploi du sulfate de fer ne peut guère être recommandé que pour combatre la chlorose des plantes (couleur pâle des feuilles) et pour la destruction des mousses.

L'étude du projet de création d’une école de laiterie est renvoy ée à une prochaine séance.

ll en est de même du projet du Herd-Book .

L'un des secrétaires, Pa. HEDDE.

SÉANCE DU G FÉVRIFER 1896.

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PRÉSIDENCE DE M. LE D' Morr1.

an

Présents : MM. Antier, André Boyer, D: Boyer, Florimond Boyer, Breschet, de Brun, Cellérier, Chacornac, Chaudier, Dr Coiflier, Espe- nel, Ed. Gazanion, Habriat, Hedde, Hérisson, Lascombe, Leblond, Mallat, Martin instituteur, D' Morel, Richard de Ribains, Sklénard, Vallery-Michel, Vialla, Vignon.

Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté.

M. le Président procède ensuite au dépouillement de la SORRESDQLE dance qui comprend :

Deux lettres de MM. de Cailleux et Chacornac, adressant à la Sociélé des remerciements pour leur admission.

Une lettre ministérielle transmise par M. le Préfet, relative aux formalités que doit remplir notre Société à l’appui de sa demande de déclaration d'utilité publique.

Une seconde lettre ministérielle allouant à notre Société, en vue du concours d'animaux gras, une subvention égale au tiers de l'ensemble des subventions que réunira par ailleurs notre Société.

Une circulaire de M. Méline, président de l'Association de l’indus- ie et de l’agriculture françaises, demandant l'avis de notre Société Sur un certain nombre de vœux économiques.

6 PROCÈS-VERBAUX

Une commission, composée de MM. Mallat, Vignon, Hedde el de Brun, est nommée à l'effet de présenter un rapport sur ce sujet à la prochaine séance.

Il sera stalué, à la prochaine séance, sur l’admission de MM. le frère Pierre Triouleyre, directeur de l'institution des Sourds-Muets, présenté par MM. Chaudier et Vialla, et de M. Canard Auguste, pré- senté par MM. Vialla et Edouard Gazanion.

M. le docteur Coitlier appelle l'attention de notre Société sur l'importante découverte de M. le professeur Ræœntgen, de l’Univer- sité de Wurzbourg, qui permet de photographier à travers certains corps opaques. Il propose de nommer une commission à l'effel d'étudier cette découverte et d’en faciliter les applications.

L'assemblée nomme, à cet effet, une commission composée de MM. D: Morel, D: Coiflier, Dreyfus, André Boyer, Vazeille et Canard.

Au nom de M. Henry Mosnier, M. Lascombe donne communication de la note suivante sur l’industrie dentellière en Auvergne, en 178.

« Le rapport suivant, adressé au Conseil supérieur du commerce, doune un succinet, mais fidèle aperçu de l’industrie dentellière en Auvergne, à la fin du xvui' siècle. Les détails qu'il contient et dont quelques-uns se réfèrent au Velay, pourront être utilisés par le futur historien de cette industrie, laquelle après l’agriculture fut si long- temps la grande nourricière de notre coin de terre.

« Son auleur, M. Jubié, exerca de longues années les fonclions d’inspecteur des manufactures de la province d'Auvergne, et nous a laissé d’intéressants rapports de ses missions.

« On ne connail en Auvergne aucun arrêt, aucune loi concernant la fabricalion des dentelles, quoique cette industrie y ait été établie depuis plus d’un siècle. Mais elle a souffert des variations, tantôl celte industrie a eu quelque prospérité, tantôt elle a été au moment de s’éteindre. Depuis quelques années, elle paraît reprendre un peu de consistance el, si dans cet instant, elle recevait quelque marque d'attention du conseil, elle pourrait devenir un objet important pour la province.

« On fabrique à Aurillac et à Murat les plus belles ; elles sont du prix depuis six sols, jusqu’à douze livres l’aune. On y en a fabriqué autrefois de plus précieuses et ce temps pourrait bien revenir encore, si l’on pouvait avoir des dessins, suivant le genre du temps. Il n'v a point de dessinateurs dans toute la province, qui ait quelque connaissance de cet art. On fabrique toujours sur des vieux dessius ou bien sur quelques dentelles que le hasard fait parvenir dans ces villes, au moyen de quoi le goût des modes, qui est ce qui anime le commerce, ne peut pas changer, ce qui arrête le progrès de celle

DES SÉANCES 7

industrie. On tire les fils de Hollande et des Flandres. On en fait aussi à Saint-Flour et à Mauriac, mais d’une qualité plus commune. Leur prix est de quinze sols jusqu’à trois livres la pièce de 12 aunes. On ne doit point juger, par ce vil prix, de l'importance de cet objet. I est d'autant plus précieux que la matière première, la filature et l'emploi du fil sont tout de la production de la province. Le lin se cueille à Salers et aux environs, à Besse el aux environs. On le pré- pare, on le file, on blanchit le fil et on l’'emploie à:-la fabrication des dentelles dont la majeure partie passe à l'étranger. La filature n'est point portée à un certain degré de perfection; cependant, on a vu du fil de 24 francs la livre.

« Les colporteurs, les marchands du pays achètent de ces dentelles qui se vendent dans les provinces entourant l'Auvergne, mais on en porte beaucoup en Amérique, à la Martinique et dans les possessions de l'Espagne.

«On fait, dans une autre partie des montagnes de la province, qui sont à l’ouest et au midi, des dentelles d’une autre espèce. Elles sont failes avec de la soie et on les appelle blondes. Il y en a de noires et de blanches. La soie blanche vient de Nankin, la soie noire se tire de Lyon. On fait encore de la dentelle de fil qu’on tire des Flandres et de Lyon. C'est un petit objet respectivement au commerce des blondes.

« Le même défaut, qui arrête le progrès du commerce des dentelles d'Auvergne, empêche aussi l'accroissement de celui des blondes, le défaut de dessin. Cependant, ce commerce ne laisse pas que d’être d'une certaine considération dans les villes d’Arlanc, La ChaiseDieu, Marsac, Chaumont, Dore-l'Église, Langeac. On ne cite que les prin- cipaux lieux. Cette industrie est répandue dans les villages el hameaux des environs de ces endroits, industrie d’autant plus précieuse qu’elle est entre les mains du plus menu peuple; que les personnes qui l’exercent ne s’y emploient que lorsque les travaux de la campagne sont absolument interdits par la rigueur du temps. La majeure partie de ces blondes et dentelles sont portées au Puy- en-Velay dont les commercants les envoient à l'étranger, en Amé- rique, à la Véra-Cruz, à la Martinique. On ne connaît qu'un vice dans cette classe de fabrication qui lui soit préjudiciable et auquel il soit nécessaire de remédier.

« Les marchands qui font fabriquer se débauchent entre eux les ouvrières et, à cet égard, la police générale des manufactures pres- crit les règles qui devraient être observées; c’est-à-dire qu’une ouvrière ne puisse travailler pour un autre fabricant quelconque qu'après en avoir obtenu un congé, par écrit, et qu'également un

8 PROCÈS-VERBAUX

fabricant ne puisse occuper une ouvrière qui ne lui apportera puinl congé de celui qui l'a occupée antérieurement sous les peines portées par les règlements de la police générale des arts et métiers.

« Jusqu'à présent, on ne pense pas qu’il soit besoin de mettre d’autres règles pour soutenir le commerce; mais il a un besoin essentiel du secours du Conseil pour lui procurer des dessins, et ce serait, pour ces genres d'industrie, un encouragement dont les faits produiraient les effets les plus avantageux; en moins de deux ans, ce commerce aurait changé de face.

« L'Inspecteur des manufactures, « JUBIÉ !. »

M. Lascombe donne également lecture de la notice suivante de M. Germain Martin, sur le remarquable travail d’un de nos con- frères, M. Noël Thiollier, qui, à sa sortie de l’école Nationale des Chartes, a soutenu une thèse sur les églises romanes du Velay, thèse qui a été classée avec le numér'o 1.

« MESSIEURS,

« Les lundi 27 janvier et mardi 28 janvier, avait lieu, à l'école nationale des Chartes, la soutenance des thèses de l’année. Je tiens à vous signaler celle qui a été jugée la meilleure par le jury d'examen et particulièrement par deux savants très compétents : MM. de Lasteyrie et M. Lefèvre Pontalis. Je viens appeler votre attention sur ce travail, non point tant parce qu'il a été classé le premier, mais parce qu'il vous intéresse très particulièrement et ce, pour deux raisons.

« L'auteur est un de vos membres, M. Noël Thiollier. Et d’ailleurs les ouvrages de son père, M. F. Thiollier ont vivement intéressé plu- sieurs esprits délicats de votre sociélé. Vous me permettrez donc de vous donner un aperçu sur le travail du fils.

« La seconde raison, qui doit attirer votre attention vers celle thèse, c'est qu'elle contient une étude sur le Velay. Or, toute œuvre qui a pour but de faire connaître notre petite patrie, vous plaît.

« L'ouvrage de M. Thiollier a pour titre : Étude sur l'architecture religieuse à l'époque romane dans l’ancien diocèse du Puy. Une pareille élude, il faut décrire avec soin chaque monument, impose à sun auteur de grandes difficultés de composition. Il est très

1. Archives départementales du Puy-de-Dôme. Série C 450.

DES SÉANCES 9

ardu d’avoir un plan suivi; mais ce n’est pas impossible. M. Thiollier a su nous le montrer. il à su comprendre que toute œuvre, pour être bien goûtée, doit être illustrée par des aperçus qui lui donnent de la clarté et la complètent. Voilà pourquoi M. Thiollier, au début de son travail sur les monuments de l’ancien diocèse du Puy, nous décrit les limites et divisions de ce diocèse, au moyen du plus ancien pouillé connu : celui dressé en 1516 pour la levée des décimes et conservé aux Archives nationales. |

« Cet aperçu, précédé d'indications bibliographiques, est suivi de sept chapitres qui nous donnent des idées générales et nettes sur l'ensemble des monuments de notre région. Dans le premier cha- pitre, nous avons une chronologie des édifices étudiés. Nous appre- a0ns que le Velay n’a presque plus rien des monuments antérieurs à l’an mil! Les édifices à date certaine sont peu nombreux; sauf, les églises du Monastier, de Doue et deux ou trois chapelles, il est impossible de donner les époques certaines de la construction des autres monuments.

« Le chapitre second nous décrit les matériaux et le genre d’appa- reil employé par les constructeurs. Notre pays volcanique leur a donné le tuf et la brèche. Aussi les ont-ils mis en œuvre souvent, faisant un rare usage du granit. M. Thiollier signale les églises à aspect extérieur polychrome du Puy, du Monastier et de Saint- Paulien, qui sont d’ailleurs les seules à avoir cette mosaïque.

«Le chapitre III nous donne une idée des différents plans qui ont présidé à la construction des églises de notre région. L’ordon- nance intérieure (voûtes, arcs, piliers el supports), l'ordonnance extérieure (façades, absides, nefs et bas-côtés, portes, fenêtres, clochers) sont décrites dans les chapitres IV et V.

« Voici dans les chapitres VI et VII des aperçus de détails de cons- lructions sur les corniches, les profils des arcs, les bases, les colonnes, les tailloirs, la description de l’ornementation et du mobi- lier. Sculpture, peintures, fonts baplismaux, autels, bénitiers, y sont étudiés avec une grande exactitude.

« Suit la conclusion sur laquelle nous allons revenir.

« L’appendice contient les monographies des églises romanes, par ordre alphabétique; des plans, coupes, photographies, dessins, documents écrits, le tout servant de pièces justificatives.

« M. Thiollier doit être félicité d’avoir rejeté ainsi à la fin de son travail les matériaux nombreux qui-lui ont servi à édifier son élude. Il a su éviter ainsi la diffusion, le manque de plan et de méthode. C'est un réel mérite.

« Revenons à la conclusion.

10 PROCÈS-VERBAUX

« M. Thiollier, dit : « Il n'y a pas eu en Velay d'école indépendanle « d'architecture.

«Les monuments de la province n’appartliennent à aucune des « grandes écoles contemporaines. C’est à tort que Mallay les a atlri- « bués à l’école auvergnate ; les éléments caractéristiques du style « auvergnat manquent dans les édifices du Veiay. Il y a eu simple- « ment des influences auvergnates, comme il y a eu des influences « poilevines et des influences bourguignonnes (ces dernières par suite « des relations entre le Monastier et Cluuy). Et, s’il fallait rattacher « les églises du Velay à une école déterminée, c'est celle de Provence « qu'il faudrait signaler. » EL cette conclusion se trouve justifiée par l'histoire du Velay. Le Puy et sa province subirent, en effet, pour deux raisons, les influences du Midi. Et d'abord, les nombreux pèle- rins venant du Sud de la France, au sanctuaire de Notre-Dame, r apportaient leurs goûts, leurs mœurs, leurs arts.

« En outre, comme on peut s’en assurer par des documents nom- breux, les relations furent multiples entre Le Puy et Beaucaire el toute la Provence. Et, d’ailleurs, les pièces relatives à l’histoire du Velay ne se retrouvenl-elles pas pour la plupart dans les dépôts du Midi? Nous sommes heureux de constater que l'observation archéo- logique de M. Thiollier coïncide avec les données de l’histoire du Velay.

« Les éloges décernés à M. Thiollier, lors de sa soutenance de thèse, nous permettent de dire que, désormais, l'étude des monu- ments romans de notre région n’est plus à faire. Beaucoup de légendes auront vécu. Le temple de Diane ne sera plus qu'une chapelle romane, d’ailleurs fort intéressante el surtout très origi- nale; quelques édifices, classés par des esprits imprudents et igno- rants parmi les monuments romains, ne seront plus que des travaux du xie ou du xrie siècle.

« Mais nous devons êlre reconnaissants à M. Thiollier d’avoir su nous apporter la lumière de la vérité sur les églises romanes de notre région.

« Celte étude est si claire, si bien ordonnée, que notre vœu le plus sincère est de la voir imprimée, afin que les esprits éclairés, qui aiment notre pays et son passé, puissent occuper quelques instanis agréables et utiles dans une lecture qui leur apprendra quand el comment ont travaillé ceux qui furent leurs pères. »

À propos d'une roche grenatifère des environs de Pradelles, M. de Brun lit la note suivante :

« À 300 mètres au-dessous de Pradelles, la nouvelle route de Saint-Haon coupe, à l'endroit elle traverse le pelil ruisseau de

DES SÉANCES 11

Mazigon, un massif de gneiss exploité de temps à autre comme pierres de taille. Il est sillonné de nombreux filons de quartz con- leuant fréquemment les cristaux nets et enfumés de cette subslance, mais d’un petit volume, car ils ne dépassent guère 2 à 3 centimètres de longueur d’arête.

« La roche que je tiens à signaler à l’attention des minéralogistes de la Société, est une pegmatite schistoïde constituée normalement, c'est-à-dire composée de feldspath orthose en masse et de petits grains de quartz translucide. Elle forme un amas très volumineux daus le gneiss et doit avoir la même origine que ce dernier, dont elle ne diffère, du reste, que par l'absence complète du mica.

« Cette pegmatite est remarquable par la grande abondance du grenat almandin qui s’y présente sous trois aspects :

« En petites masses granulaires n'ayant pas plus de 4 à 5 centi- mètres de diamètre el offrant l’aspect de la limbillite des basaltes du Coupet :

« 20 En pelits rognons lamellaires à clivage facile ;

«a Ces deux aspects sont les plus fréquents.

« En cristaux assez volumineux et paraissant être des dodé- caèdres rhomboïdaux, avec modifications diverses.

« Ces grenats n’ont pas la transparence et la couleur rouge gro- seille de ceux si remarquables de Fix. Leur teinte est ARRAERER brunâtre et leur opacité complète.

« Toujours inclus dans les masses granulaires ou lamellaires de grenat, apparaît parfois un minéral vert, rarement cristallisé, dont les plans de clivages me paraissent être les mêmes que ceux de l'almandin, dont il n’est peut-être qu’une variété. L'analyse serait nécessaire pour le déterminer exactement.

« Cette même pegmatile renferme encore de la tourmaline acicu- laire ; cette substance se trouve cependant plus abondamment sur la même route à la carrière du pont du Chassidan, l’on peut en recueillir des blocs volumineux.

« Je signalerai, enfin, non loin de la pegmatite à grenats, une roche composée uniquement de mica, mais à larges bases hexagonales de feldspath orthose. C’est l’hyalomicte dont la présence a été déjà signalée par Pascal, non loiu de Blavozy, el à Saint-Privat-d’Allier.

À la suite d’un rapport de M. Lascombe, la Sogiété vole l'impression dans ses Mémoires d’une notice historique sur les Dominicains de Pradelles, qui a pour auteur: M. Mosnier:, instituteur à Monistrol-sur- Loire.

M. de Brun signale la découverte d'ossements fossiles à Mariols, commune de Beaulieu. Ce dépôt, enfoui dans un terrain volcanique,

12 PROCÈS-VERBAUX

ne parait pas très ancien. Les débris fossilifères ne présentent pas de caractères assez nets pour essayer de les classer. C'est sur les indications fournies à l'un des membres de la Société par M. Ligonie, instituteur à Beaulieu, que M. de Brun a pu étudier le gisement de. Mariols. |

La découverte à Vergonges, commune de Saint-Jean-de-Nay, et à Changeac, près Vorey, de tombes anciennes, est, de la part de M. Lascombe, l’objet de la communication qui suit :

« M. l'abbé Achard, curé de Loudes, a découvert dans un champ situé à 200 mètres environ du village de Vergonges, commune de Saint-Jean-de-Nay, un sarcophage formé de deux pièces juxtaposées et mesurant 1" 75 de longueur, 0" 70 dans sa plus grande largeur, et Or 40 à sa base.

« À sa partie supérieure, ce sarcophage, en arkose de Blavozy, présentait un évidement rectangulaire s’emboîitait la tête du mort et contenait des ossements presque réduits à l'élat de poussière. Son couvercle en brèche volcanique avait O0" 10 d'épaisseur.

« D'autres sarcophages sont enfouis dans ce champ funéraire. À côté de celui dont nous venons de parler, se voit une pierre, à fron- ton triangulaire, ayant les dimensions suivantes :

« Épaisseur, On 95 ;

« Largeur, O“ 40;

« Hauteur, O0" 70.

« Cette pierre, en brèche volcanique scoriacée repose sur un socle de 0" 53 de largeur et porte en son inilieu et dans l’intérieur du fronton un évidement destiné à recevoir sur une plaque de marbre, une inscription qui a disparu.

« Tout porte à croire que ce champ, semé de débris antiques el notamment de tuiles romaines à rebords, a été primitivement un cimetière gallo-romain utilisé plus lard par les chrétiens pour J'inhumation de leurs morts. |

« À proximité d’une carrière de pierres qu'il fait exploiter au- dessus du village de Changeac, près Vorey, M. Démézis, entrepraneur . de travaux publics, a découvert deux sépultures très anciennes, dans lesquelles gisaient des ossements humains, presque à l’état de poussière.

« Situées sur un monticule qui domine Changeac, ces tombes sont analogues à celles trouvées à Cheyrac, commune de Saint-Vincent, et signalées par nous dans le tome IV des Mémoires de notre So- ciété. |

« De larges dalles trachytiques (vulgairement appelées lauzes\, recouvraient ces tombes creusées dans le roc.

DES SÉANCES 13

« Aucun objet n’a été trouvé dans ce champ d’inhumation dont l'origine esl, sans doute, antérieure à l'époque gallo-romaine. »

Au nom du Conseil d'administration, M. Hedde donne lecture du rapport sur la situation financière de la Société en 1895. |

L'examen de la comptabilité, présentée par M. le trésorier, démontre que la situation financière de la Société est toujours excel- lente, les écritures exactes, en très bon ordre et appuyées de toutes pièces justificatives nécessaires.

Le budget de 1895 offre une légère augmentation de ressources, ce _ qui a permis d'augmenter certains articles de dépenses ; néanmoins, l'actif n’a pas diminué et se trouve même accru d'environ 800 francs.

M. le Président propose en conséquence l'approbation des comptes de M. le trésorier, motion qui est adoptée.

Sur la proposition de M. Hérisson, l’assemblée décide également que désormais toutes les recettes et les dépenses relatives aux con- cours seront opérées par les soins de M. le trésorier de la Société, pour tout ce qui concerne notre Société.

Le prochain concours d'animaux gras est fixé au 24 mars. Dans une réunion préalable à la distribution des récompenses, on sou- mettra aux exposants la question de fixer l’époque ultérieure de ce concours. Sur la demande de M. Hérisson, il est décidé que, dès à présent, il sera formé deux sections différentes, l’une pour les vaches, l’autre pour les génisses.

Les membres du jury désignés sont :

MM. D: Morel, Alfred Boyer, conseiller général, Chaudier, Carle Béraud, Gire Jules, Hérisson, Jacotin, Habriat, Hilaire, Pascal Régis, Édouard Gazanion, Valléry-Michel, Vialla.

M. Hérisson donne quelques détails sur la préparation du Herd- Book. Dans les autres départements, la commission, chargée de ce soin, a obtenu l'investiture préfectorale ; de plus, les Conseils géné- raux ont facilité sa tâche par l'octroi de subventions.

Plusieurs membres donnent des renseignements sur la coloration artificielle des lentilles et souhaitent que des mesures soient prises Pour empêcher cetle falsification, qui est de nature à causer le plus £ærand préjudice à cette branche importante de notre commerce lepcal.

M. le président transmet à l'assemblée la demande qui lui a été Yaile en faveur de la cavalcade de charité qui doit avoir lieu le %5 mars, l'assemblée accorde une souscription de 200 francs.

L'un des secrétaires. PH. HELLE,

14 PROCÈS-VERBAUX

SÉANCE DU 5 MARS 18%.

QE ES

PRÉSIDENCE DE M. LouUIS GUEYFFIER.

Présents : MM. de Brun, de Cailleux, Espenel, Ed. Gazanion, Guert- fier, Hedde, Hérisson, Lascombe, Leblond, Martin instituteur, Mé- nand, R. de Ribains, Sklénard, Valléry-Michel, Vazeille, Vialla, Vignon.

Lecture est donnée du procès-verbal de la dernière séance, qui est adoplé.

La correspondance contient une lettre préfectorale, signalant à notre Société un article de la Démocratie rurale sur les boucheries militaires. |

M. Lascombe, au nom de notre collègue M. Mosnier, donne lecture des deux notices suivantes :

LA FIN DE LA CARRIÈRE MILITAIRE DU GÉNÉRAL LAFAYETTE,.

Au mois d'octobre 1797, finit pour Lafayette la dure captivité d'Olmulz ; mais les portes de la patrie ne furent ouvertes au grand citoyen qu'après le 18 brumaire (10 novembre 1799).

Jeune encore, le général dut songer à mettre, une fois de plus, sa vaillante épée au service de son pays; mais il en fut découragé sans doute par celui qui présidait déjà souverainement aux destinées de la France. La gloire, la popularité du « héros des deux mondes », de l'ancien commandant général de la garde nationale parisienne, ne pouvaient manquer de porter ombrage au Premier Consul, ferme- ment résolu à exercer, sans contrôle, le pouvoir suprême.

Aussi, sans espoir d'obtenir dans l’armée une réintégration hono- rable, notre illustre compatriote se décida-t-il à n'être plus soit à Chavaniac, soit à Lagrange, que le gentilhomme campagnard, le Cincinnatus moderne, qu’une lettre, reproduite par le journal La Haute-Loire, nous montrait naguère.

Toutefois, le gouvernement des Consuls n’osa pas pousser l'ostra-

TT ne

Se ner pute

DES SÉANCES 15

cisme à ses dernières limites et laisser se retirer, sans au moins une :

modeste pension, celui qui avait consacré à la France ou à la liberté américaine, les plus belles années de sa vie, à qui l'expédition d'Amérique ou la Révolution avaient coûté plus de 1,500,000 francs.

Sur l'invitation qu'il en reçut, Lafayelte présenta, à cet effet, une demande au ministre de la guerre. Celui-ci, le futur maréchal prince de Neufchâtel et de Wagram, eut le courage, qui l’honore, d'appuyer cette demande dans des termes fort élogieux pour son auteur. Son rapport, que nous publions, en le faisant suivre de l'arrêté du Premier Consul, conforme à ses conclusions, est, croyons- nous, inédit. Nous l’avons exhumé du dossier du général Lafayette, conservé aux Archives nationales.

Rapport aux Consuls par le ministre de la guerre, 23 germinal, an X (13 avril 1802).

«Le général Lafayette demande à être admis à la solde de retraite. Il est entré au service en 1771, et y est resté sans interrup- lion jusqu’en août 1792. I] n’a donc pas les trente années de service exigées par la loi du 28 frimaire an VII, mais si la proscription le força de quitter le territoire français, si les services rendus à la Révolution le firent détenir plusieurs années dans les prisons de l'Autriche ; si enfin, quand il fut libre, le triomphe de ses ennemis l'empêcha d’être admis à se justifier dans sa patrie, doit-il perdre le fruit de vingt-trois années consacrées à une carrière que la force seule l'a contraint d’abandonuer ?

« Les consuls penseront, sans doute, qu’un officier qui, en Amé- rique comme en Europe, combattit pour la cause de la liberté, ne cloit pas être privé des récompenses que la patrie accorde à ceux Qui ont consacré leur vie à sa défense. Je leur propose d’accorder au

£zénéral Lafayette une solde de retraite qui sera fixée à 6,000 francs.

« Signé : Alex. BERTHIER. »

Les consuls de la République, une et indivisible, Sur le rapport du Ministre de la guerre, arrêtent :

Art. 1.

Le général Lafayelle jouira d’une solde de retraite qui sera fixée à 6,000 francs.

SC Se , mme Sr un CUS CON RU gun ms Ce lee cmt pi futile

16 PROCÈS-VERBAUX

Art. 2.

Le ministre de la guerre est chargé par nous de l'exécution du présent arrété. Le Premier Consul,

#

Signé : BONAPARTE.

Ce fut la seule faveur, si toutefois l'on peut qualifier ainsi un simple acte de justice, que le gouvernement des Consuls, de même que ceux qui le suivirent, accordèrent au grand citoyen. Le général Lafayette mourut, sans avoir été décoré de l'ordre de la Légion d'honneur. Il ne dut qu'aux libres suffrages de ses concitoyens les distinctions qui, dans les dernières années de sa vie, l’arrachèrent à sa retraite : ses divers mandats de député, sa nomination, après 1830, au commandement des gardes nationales.

RÉUNION A LA MANSE DU PRIEURÉ CONVENTUEL DE LAVAUDIEU DU PRIEURÉ DE TOULX. 12 DÉCEMBRE 1768.

Le 19 février dernier, Maurice-César, prince de La Tour d’Au- vergne, duc de Bouillon, comte d’Apchier, terminait à Clermont, à l’âge de quatre-vingl-sept ans, une existence bien modeste et souvent traversée par le malheur.

Il était fils de Godefroy-Marie Joseph, prince de La Tour d’Au- vergne, qui, après avoir commandé le régiment de cavalerie de son nom, créé pour lui par décret du 29 septembre 1810, finit ses jours dans sa propriété de la Margeride et fut inhumé à Védrines-Saint- Loup.

Après avoirembrassé la carrière des armes beaucoup de ses ancêtres s'étaient illustrés, le dernier des La tour d'Auvergne quitta brusquement le service vers 1855, à la suite d’infortunes imméri- tées. 11 se retira alors dans le petit manoir de La Tourrete, pitto- resquement situé dans la vallée de la Senouire, commune de Josat, près Paulhaguet. Il y vécut en philosophe, sans bruit et sans faste, faisant le plus de bien possible, estimé de toutes les populations environnantes. |

Nul n'eut soupçonné en lui, en présence de la simplicité de ses allures, le représentant direct du premier roi de Jérusalem, l'arrière neveu du grand Turenne.

L'âge venu, le prince avait renoncer à sa retraite par trop agreste de La Tourelte et était venu fixer son séjour à Clermont-

DES SÉANCES 17

Ferrand, il s’est éteint, conservant jusqu’au bout, malgré son grand âge, la plénitude de ses facultés revivant dans des souvenirs glorieux.

La disparition de ce monde du dernier des La Tour d'Auvergne donnera quelque actualité au document suivant, il est vraisembla- blement question de son grand-père, et qui a trait à l’histoire du monastère des chanoïinesses nobles de Lavaudieu, près Brioude, dont le pelit cloitre du xne siècle, parvenu jusqu’à nous sans des mutila- lious trop graves, est si apprécié des archéologues.

En 1768, comme on va le voir, les chanoinesses de Lavaudieu, pour augmenter leurs maigres prébendes, résolurent de réunir à leur manse conventuelle le prieuré qu’elles possédaient à Toulx, près Saint-Flour.

Elles adressèrent, dans ce but, au seigneur haut justicier dont relevait ce prieuré, pour solliciter son agrément à cette réunion, l'humble requête suivante :

« À M. le comte de Latour-d'Auvergne,

« Supplient humblement les religieuses composant la commu- paulé du prieuré conventuel de Lavaudieu !, ordre de Saint-Benoît, diocèse de Saint-Flour et vous exposent que chacune d'elles ne retire annuellement de sa prébende, que 150 livres.

« Îlest manifeste, Monsieur, que ce revenu ne suffit pas à des filles de condition pour leur subsistance et pour nourrir etgager une domestique, que chacune d’elles est obligée de se procurer sur ce modesle revenu.

« La nécessité d'augmenter la dotalion de leur prébende est donc évidente. I1 y a longtemps que les suppliantes en cherchent les moyens. La Providence leur en offre un bien légitime, par la voie de la réunion du prieuré de Toulx à leur manse conventuelle et à leur prébende. Ce prieuré, situé dans ia paroisse de Coltines, même dio- cèse de Saint-Flour, est une ancienne dépendance du monastère de Lavaudieu et de la pleine collation de la dame prieure dudit monas- ère, qui en est, en même temps, titulaire depuis quelques années.

« Les suppliantes ayant entendu dire, Monsieur, et ayant quelque lieu de présumer que vos illustre ancêtres, les comtes d'Auvergne, élaient les bienfaiteurs dudit prieuré de Toulx et avaient contribué à sa dotation, elles croiraient manquer au devoir de la reconnais- sance si elles entreprenaient de faire procéder à la suppression du

1. Aujourd’hui chef-lieu de commune du canton de Brioude.

29

18 PROCÈS-VERBAUX

litre dudit prieuré, et à l'union de ses biens et revenus à leur manse, sans préalablement vous avoir fait part du projet, et sans avoir obtenu votre agrément, à ce qu'il vous plaise, Monsieur, de consentir, en tant que besoin, à la suppression du titre du prieuré simple de Toulx et à l'union des biens el revenus en dépendant, à la manse conventuelle et aux prébendes des suppliantes, pour leur servir de supplément de dotation, sous la réserve des droits honoraires dudit prieuré de Toulx, au profit de la dame de Guérin de Lugeac, prieure actuelle de Lavaudieu et des dames qui lui succéderont dans ce prieuré. Les suppliantes continueront leurs prières à Dieu pour votre conservation, Monsieur, et pour celle de votre illustre famille. »

La réponse du comte de La Tour d'Auvergne ne se fit pas attendre :

« Nous, comte de La Tour d'Auvergne et d'Apchier, etc., après avoir pris connaissance du présent mémoire, qui nous a élé pré- senté ce jour par les dames relisieuses composant la communaulé du prieuré conventuel de Lavaudieu, ordre de Saint-Benoît, diocèse de Saint-Flour, à ce qu’il nous plaise de leur donner notre consenle- ment de réunion du prieuré de Toulx à leur manse conventuelle el à leurs prébendes, pour suppléer à la modicité de leur revenu actuel, désirant répondre au vœu de la dite communauté de Lavaudieu el contribuer à lui procurer un état plus digne de son établissement, avons consenti et, par ces présentes, consentons que le prieuré de Toulx soit, sous le bon plaisir de Sa Majesté, réuni à la manse con- ventuelle de la dite communauté, et que son revenu serve à aug- menter la dotation des prébendes des dites religieuses, et qu’elles en jouissent à l’avenir à titre de réunion consentie de notre part pour l'utilité et le soutien de la dite communauté. |

« Donné en notre hôtel à Paris, le 12 décembre 1768.

« Signé : LATOUR D'AUVERGNE D'APCHIER. »

(Archives nationales R. 148.)

M. le Président charge M. Lascombe de transmettre à M. Mosüier les remerciements de l'assemblée pour ses intéressantes commu- nicalions.

M. Lascombe fail part de la découverte à Chosson, dans une vigne de M. Bergerot, de monnaies de billon, frappées sous Charles VI, de 1380 à 1422. Elles portent au drort les armes de France, c’est-à-dire trois fleurs de lis avec la légende Aarolus Francorum rex, au revers une croix cantonnée de fleurs de lis, accompagnée d’une légende illi-

DES SÉANCES 19

sible. Ces pièces, au nombre de 383, étaient contenues dans un sac en cuir en très mauvais état.

M. de Cailleux fait part du projet actuellement à l’élude d'une école de laiterie dans notre département, utile création en faveur de laquelle il sollicite l'appui et le concours de notre Société.

Historique et avantages de cette création. Celle question a été Soulevée à la session d’août 1892 du Conseil général. D’après les cal- culs de M. Hérisson, la production annuelle du beurre est d’envtron 8 millions de kilos. Si l’on obtient une plus-value de 0 fr. 50 par kilo, par suile d’une meilleur'e fabrication, le bénéfice serait de 1 million 300,000 francs, sans parler de la vente des fromages.

Sur la demande du Conseil général, M. Friant, directeur de l’École de laiterie de Poligny, a été envoyé par M. le ministre de l’agri- cullure pour étudier la question.

1l a été d’abord arrêté que l’on devra:t rechercher un concession- paire offrant gratuitement sa propriété el s'engageant à faire traiter chaque jour par les élèves au moins 400 litres de lait. Il fournirait le logement et la nourriture au ménage chargé d'enseigner et aux huit élèves. Il recevrait en retour huit bourses à 400 francs et le prix de peusion des élèves payants, ainsi que les bénéfices de l'exploitation.

Local nécessaire. Le bâtiment devrait étre contigu à une ferme el comprendre : deux caves en sous-sol; au moins cinq pièces au rez-de-chaussée pour la fabrication, à l'étage, quatre ou cinq Pièces pour le personnel. De plus une eau de source suffisante pour les besoins, et des étables les élèves apprendront à soigner le bélail, ainsi que l’utilisation des résidus.

M. de Cailleux estime que les 100 kilos de lait rendront en moyenne % francs, soit par la fabrication du beurre etdu Camembert, soit par celle du beurre et du Roquefort.

Îl faudrait par suite que le concessionnaire ne payàt pas le lait au- delà de 15 centimes le litre, ce qui amène à établir l’école en dehors du rayon des villes, le lait atteint un prix supérieur.

Plusieurs demandes de concessions ont déjà été faites : M. Friant, doit venir le mois pr'ochain visiter les propriétés offertes. Le Conseil général statuera ensuite.

Admission à l'école. L'école devrait recevoir annuellement et en deux séries seize jeunes filles de seize à vingt-huit ans, titulaires de bourses de 200 francs pour six mois. Un prix supérieur pourra élre demandé pour les élèves payantes ou les boursières du dehors.

20 . PROCÈS-VERBAUX

La durée des cours serait de six mois; les élèves ne seront admises qu'après examen. Une école analogue, fondée dans la Lozère, prend alternativement des garçons et des jeunes filles.

Votes et moyens. M. de Cailleux, après avoir établi le prix du matériel qui sera au minimum de 2,500 francs pour un traitemenl journalier de 400 litres de lait, ainsi que le budget annuel qui dépas- sera 5,000 france, estime que l'État et le département pourraient partager cette dépense, surtout si la Société agricole et scientifique de la Haute-Loire, ainsi que le Syndicat agricole, témoignaient de leur sympathie en faveur de cetle création; il propose à cet eñet le vote d’une bourse, soit 400 francs par an.

M. le Président, après avoir remercié M. de Cailleux pour celle intéressante communication, appuie la proposition qui vient d'être faite et met aux voix l’adoplion en principe d’une école de laiterie pour notre département. L'assemblée adopte cette proposition el renvoie à la prochaine séance la décision à prendre sur le chiffre de l'allocation qu'elle fournira. :

M. Hedde, au nom de la Commission désignée à cet effet, rend compte que les membres de cette commission, après avoir pris con- uaissance des divers documents envoyés par l’Association de l’Indus- trie et de l’Agriculture francaise, sont d'avis que notre sociélé, en vue de défendre les intérêts agricoles, doit adhérer complètement au vœu dont il donne lecture, relativement aux projets de loi, concer- nant : l’assurance contre les accidents du travail: la réforme du régime fiscal des successions; la revision des patenles, 4 l'impôt global et progressif sur le revenu, et transmettre commu- nication de cette adhésion à M. Méline, président de cette Association, l'ardent et dévoué défenseur de l’agriculture française.

L'assemblée consultée adopte cette proposition.

M. Hérisson informe l'assemblée des dispositions qu'il a prises pour le concours d'animaux gras qui doit avoir lieu le 24 de ce mois. Le total des primes ou médailles à distribuer se monte à 1,725 francs, par suite de l'allocation ministérielle qui a été portée à 525 francs.

M. Vialla propose que des photographies soient prises des plus beaux sujels du concours : ces animaux pourraient être inscrits, en vue de la formation du Herd-Book. L'assemblée consullée adopte celte proposilion. 5

Il est ensuite procédé au vote sur l’admission des candidats pré- sentés à la dernière séance :

MM. Auguste Canard et le frère Triouleyre sont élus membres litulaires de la Société.

DES SÉANCES e1

Il sera procédé à la prochaine séance sur l'admission de M. Domond, négociant, présenté par MM. Gatillon et Valléry-Michel, et de M. Ferret Deschamps, propriétaire des eaux de Margeaix, pré- senté par MM. Vialla et Lascombe.

A la suite d’une communication faile par M. Chas, de Polignac, qui propose la destruction des bruches par l'emploi du jus de tabac (voir le Républicain de la Haute-Loire du 22 février dernier), une conversation contradictoire s'engage entre plusieurs membres sur ce sujet, dont la solution ne paraît pas encore complète.

L'un des secrétaires, Pa. HEDDE.

SÉANCE DU 9 AVRIL 1896.

PRÉSIDENCE DE M. LOUIS GUEYFFIER.

Présents : MM. Antier, Boyer avocat, Boyer (Joseph), de Brun, Canard, Dr Coiffier, Dreyfus, Espenel, Gazanion, Louis Gueyfer, Hérisson, Lascombe, Richard de Ribains, Rocher, Valléry-Michel et Vazeilles.

Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté.

MM. Philippe Hedde et Triouleyre s’excusent par lettre de ne pou- voir assister à la séance.

M. le président communique deux lettres de MM. Canard et Triou- leyre adressant à la Société des remerciements pour leur admission.

MM. Domond, négociant au Puy, et Ferret-Déchamps, sont pro- clamés membres titulaires de la Société.

MM. Blanc-Marthory et Lascombe présentent comme membre titu- laire, M. Vayssié, archiviste municipal de la ville du Puy.

À propos de la destruction sur place du microbe du croup, M. le D' Coiffier donne lecture de la note suivante :

« Notre célèbre compatriote, M. le D' Roux, de l’Institut Pasteur, je dis « notre compatriote » parce que les nombreuses années

2e PROCÈS-VERBAUX

passées au Lycée du Puy lui ont pleinement acquis droit de cité dans notre ville, a proposé un réactif extrêmement puissant pour colo- rer iuslantanément le microbe Loetiler, microbe auquel sont dues, au dire de tous les micrographes, les angines diphtéritiques.

«Il se sert d’une solution, dite Bleu de Roux, composée, à pro- portions bien déterminées, de violet de dahlia, de vert de méthyle, d'alcool à 90 degrés et d’eau distillée.

« Quelques gouttes de ce mélange, versées sur une lamelle de verre se trouve un lambeau de fausse membrane et laissées une miaule en contact avec celui-ci, suffisent pour colorer en bleu tous les bacilles diphtéritiques. Ceux-ci au microscope, à un grossisse- ment de 1,500 diamètres, apparaissent sous forme de petits bâtonnets droits, immobiles, de 8 à 10 millièmes de millimètres de long, d'un demi-millième de large, semblent gonflés, infiltrés de matière colo- rante el tranchent, par leur teinte d'un bleu intense, sur le fond pâle et incolore de la préparation. On croirait qu'ils ont seuls absorbé le bleu de Roux, qu'ils s’en sont imprégnés, gorgés à saturation et que tout leur être s'est uni, d’une facon intime et molécule à molécule, avec le colorant.

« Un point, qu’à uotre connaissance, l’on n’a pas du tout mis en relief, et qui, pourtant, semble-t-il, a bien son importance, est qu'en même temps qu'ils s'imprègnent du bleu de Roux les microbes de Loettler paraissent mourir etne présentent bientôt plus aucune trace de vilalilé.

« Qu'on choisisse, sous le champ du microscope, trois ou qualre bacilles colorés en bleu, bien isolés les uns des autres el faciles à observer : qu'on les étudie chaque jour pendant quinze jours ou un mois, on ne les voit ni changer de forme, ni se multiplier, ni se déplacer, ni grossir, ni s’allonger en aucune façon : qu'on prenne lous les jours leurs dimensions au micromètre, on ne constate pas le moindre allongement, le moindre grossissement ; ils sont figés sur place, pétrifiés en quelque sorte, en tous cas, d’une fixité absolue, immuable. L'expérience est facile à faire et nous du vive- ment nos collègues à la répéter.

« Qu'on prenne quelques-uns de ces bacilles colorés en bleu, qu'ou les ensemence dans un lube à sérum artificiel, en suivant exacle- ment le procédé si bien décrit par un autre de nos compatriotes, le Martin, et qu’on mette, pendant quarante-huit heures, à l’étuve à 37 degrés. Au bout de ce temps, on ne voit apparaitre, à la surfac? du sérum, aucune colonie diphtéritique, aucune de ces taches blan- ches, rondes, à contours réguliers, légèrement saillants, et qui sont. d’après tous les auteurs, la caractéristique de la présence du bacille

DES SÉANCES 23

de Loeftler : le microscope, armé de ses plus forts grossissements, ne révèle non plus la présence d’aucun bacille nouveau. Nous avous renouvelé ces essais bou nombre de fois déjà et toujours avec un résultat absolument négatif.

« Mais si le bleu de Roux tue instantanément les microbes de la diphtérie, comme, d'autre part, il est avéré qu’il n’est lui-même ni caustique. ni toxique, qu’il est absolument inoffensif pour tous les lissus humains avec lesquels on peut le mettre en contact, il est évi- demment une conclusion pratique qui s'impose : c’est qu'on peut l'essayer pour détruire sur place le microbe du croup, dès que celui-ci paraît. C’est en me basant sur ces données purement théo- riques que je me suis cru, Messieurs, autorisé à pouvoir l’employer, à litre d'essai, sur l’homme.

« Ma première observation a trait à un petit garçon de quatorze ans, robuste et vigoureux, qui est pris, certaine nuit, d’un mal à la gorge violent. Le lendemain à 7 heures, toute l’amygdale gauche se trouve tapissée d’une fausse membrane que l'examen microscopique démontre être remplie de bacilles de Loeffler : les ganglions sous- maxillaires sont fortement engorgés et la température est au-dessus de 40 degrés. Je lui badigeonne immédiatement loute l’arrière-gorge au bleu de Roux. prêt à lui faire une injection de sérum au moindre signe d’un danger quelconque. A midi, la fausse membrane, loin d'envahir les parties environnantes, s’est détachée de l’amygdale et la température est tombée à 38 degrés. Le soir, même état. Le !len- demain l'enfant est gai, dil n'éprouver aucun malaise, a l’arrière- gorge fortement teintée par le colorant, mais sans fausses mem- branes : la température est redevenue normale. À partir de ce moment, la guérison ne s’est pas démentie.

« Mes deux autres observations, l’une sur un petit garçon de trois ans. l’autre sur une petile fille de sept mois, sont presque absolu- ment semblables. Des fausses membranes, diphtéritiques de par le microscope, apparaissent dans le fond de la gorge, en s’accompa-

goant de fièvre et d’engorgement ganglionnaire : on les badigeonne aussitôt et à plusieurs reprises au bleu de Roux; elles tombent, ne se reproduisent pas et les enfants reprennent, sans autres signes fâcheux, leur santé et leur gaïilé.

« Ces observalfons, Messieurs, m'ont beaucoup frappé. Dans une carrière médicale déjà longue, j'ai eu l’occasion d'employer, hélas! presque sans succès, tous les médicaments vantés contre la diphtérie, depuis le nitrate d'argent jusqu’au sublimé, en passant par le phénol, les acides borique et salicylique, le perchlorure de fer, le soufre, le pétrole, le collal-vin de Gaucher, elc., etc. Aucun, je dois

24 PROCÈS-VERBAUX

l'avouer, ue m'a donné les mêmes résultats que le bleu de Roux qui, sans danger pour le malade, sans excorier la muqueuse, va saisir le microbe profondément, partout il se trouve, s'acharne sur lui, le salure de matière colorante, l'annihile et le tue.

«Rien ne peut remplacer évidemment, pour les cas de diphtérie laryngie, l'injection de sérum de Behring et Roux, mais dans les cas de diphtérie commencante el encore circonscrite aux amygdales et au pharynx et même dans les cas de croup doublés et concourant avec l'injection, l'emploi du bleu de Roux, en badigeonnages pha- ringés, me semble pleinement indiqué.

« Le Dr Roux, résumant ses magnifiques travaux sur la diphtérie, synthétise ainsi le trailement actuel de cette terrible affection : injecter du sérum ; badigeonner à fond le gosier des enfants à la glycérine salicylée. Me basant sur les observations que je viens de rapporter, je crois qu’il m'est permis de répondre à nolre illustre compatriote que si son injection de Sérum est, en effet, une décou- verte admirable, en retour j'estime qu’il est quelque chose de bien supérieur à sa glycérine salicylée, cette chose à laquelle il n’a pas pensé lui-même : c'est simplement, tout simplement, le bleu de Roux. »

M. Lascombe rappelle la communication faite, à la séance du 7 avril1892, sur la découverte, aux environs de Saugues, d’une plante rarissime, le Lysimachia thyrsiflora. Le Journal de botanique qui la mentiounait, vient, dans son numéro du 1 décembre 1895, de publier sous la plume de M. Ernest Malinvaud, secrétaire général de la Société botanique de France, une notice relative à cette plante et conçue en ces termes :

«J'ai déjà signalé dans ce journal la découverte fort inattendue du Lysimachia thyrsiflora L. au pays de Saugues (Haute-Loire). Le sagace observateur auquel en revient le mérite, M. l'abbé Fabre, aujourd’hui aumônier à Croptes (Puy-de-Dôme), a bien voulu, quoique résidant dans un autre département, visiter à nouveau la contrée peu accessible il avait trouvé celte rare espèce, afin de s'assurer si elle y élait toujours abondante et d’en étudier la distribution. On ne saurait trop remercier cet aimable confrère de l'enquête supplé- meutaire à laquelle il s'est si obligeamment livré et dont il m’a com- muniqué les résultats (avec de nombreux échantillens à l’appui) dans la lettre suivante :

«Je suis heureux de vous transmettre les renseignements que vous « désirez.

« Le Lysimachia thyrsiflora croit assez abondamment dans plu- « sieurs localités du pays de Saugues. De ces stations, la plus étendue

Le

DES SÉANCES 29

«est celle de Saugues même, qui va du Moulin-Rodier jusqu'aux appar- « tenances de la Ribeyre : plus bas encore, au Luchadou, près de la « cascade, et plus haut, dans le terrain de Brangeirès, toujours dans «la même commune de Saugues, on trouve échelonnés sur la rive de « la Seuge des Lysimachia thyrsiflora. Enfin la commune de Cubelles « et celle de Grèzes-la-Clause en possèdent, la première une seule sta- « tion, celle-ci deux au moins, dont l’une m'a été indiquée par M. l'abbé « Rodda, lorsqu'il était vicaire dans cette paroisse. Je ne doute pas « qu'une exploration bien faite de Grèzes à la Margeride, sur le cours « de la Seuge et dans les mares bourbeuses qui donnent naissance à « cetle rivière, ne fasse découvrir d’autres sites se complait la « plante qui nous occupe.

« L'altitude des diverses localités ci-dessus mentionnées varie de « 850 à 1,200 mètres, et la distance entre les deux points les plus éloi- _«gnés l’un de l’autre doit être d'environ 10 à 14 kilomètres, selon qu’on « l'apprécie en ligne droite, ou en suivant les détours el les sinuosités « de la Seuge.

« La station de Saugues est la plus étendue et aussi celle l’on « trouve le plus grand nombre de pieds de Lysimachia thyrsiflora; « les tiges y sont plus hautes qu'ailleurs, mais en même temps plus « grêles, moins fortes et moins vigoureuses, à cause des prêles et des « tenaces Carex qui les enserrent et semblent vouloir les étouffer. « Leur floraison est plus difficile et moins hâtive, soit parce qu'elles « sont plus fréquemment victimes de la faux rapace du paysan ou de «la dent meurtrière des ruminants qui paissent sur ces bords, soit « encore à cause des gelées tardives, car, dans cette plage exposée au « vent du nord, l'hiver est fort long, les mauvais temps très persis- « anis el les belles journées courtes et rares. À Grèzes, au contraire, «bien qu’il y ait 200 mètres de plus d'altitude, par suite d'une meil- « leure exposition de la localité, le Lysimachia pousse dru et serré ; « ses tiges y sont plus courtes sans doule, mais plus vigoureuses et « mieux nourries, ses fleurs plus hâtives et plus belles, et ses thyrses « dorés plus largement épanouis.

«Je ne crois pas qu’on rencontre cette plante en dehors du canlon « de Saugues. J'ai parcouru en aval les rives de l'Allier qui recoit « la Seuge et je n’ai rien trouvé. J'ai fouillé aussi les rives de l’Ance «et de la Verdiange, rivières voisines, et n'ai rien vu qui put faire « soupçonner sa présence.

« Je suis convaincu que cette lysimaque est spontanée dans la con- « trée. Ce qui le prouve, c’est le nombre de sites on la rencontre, « l'abondance des individus, leur parfaite acclimatation et surtout

26 PROCÈS-VERBAUX

« l'éloignement de tout jardin. si loutefois, dans ces pays déshérilés, « il est un coin de terre qui puisse porter ce nom. »

« Pour nos lecleurs qui ne savent eu quelle partie du monde gil cette ville de Saugues, il n’est peut-être pas inutile d'apprendre que le pays de Saugues, modeste coin de terre perdu entre les gorge infranchissables de l'Allier, qui le séparent du Velay, et les Marge- rides, qui l’isolent de la Lozère, fut, en 1790, détaché du vieux Gévau- dan pour former avec le Velay et Brioude le département de la Haute-Loire.

«Ces détails si précis complètent, dans une large mesure, les données sommaires publiées en 1891. Il ne s’agit plus d’un habitat ne dépassant pas un rayon de 100 mètres, mais d'une série de localités s'échelonnant sur plus de 10 kilomètres. Les origines d'une plante se présentant dans de telles conditions se dérobent sans doute dans les ténèbres du passé et la thèse d’une très ancienne naturalisation esl toujours défendable, parce que les opinions contradictoires qu'on - peut émellre à ce sujet ne s'appuient, les uues et les autres, que sur des probabilités. Toutefois l'indiwénal, non plus à proximité des frontières, mais au cœur même de notre pays, de la lysimaque à fleurs en thy1r'se esl aujourd’hui un fait incontestable, grâce à la belle découverte de M. l'abbé Fabre, el il ne serait plus permis à Grenier, après avoir éuuméré des localités hypothétiques, d'ajouter avec scepticisme, en terminant : « cette espèce est-elle bien française ? »

M. Dreyfus présente aux membres de la Société des fragments de carbure de calcium, corps dont il est question actuellement dans toutes les revues savantes à propos de la préparalion du gaz acélr- lène doué d’un si grand pouvoir éclairant et auquel on prédit le plus brillant avenir. |

Le carbure de calcium a élé oblenu pour la première fois par M. Moissan dans son four électrique lors de ses expériences mémo- rables sur la production de certains métaux et du diamant. Il fil passer, pour l'obtenir, un courant électrique extrêmement intense dans sou appareil, au travers d’un mélange de chaux et de carboue. Dans ces conditions, le calcium s'unissait au carbone pour douner du carbure de calcium pur et l'oxygène de la chaux se combinait à une autre portion de carbone avec production d'oxyde de carbone qui se dégageail.

Le carbure ainsi obtenu se montre, comme les membres de la Société ont pu s'en convaincre, sous l’aspect d'une masse amorphe à cassure cristalline et de couleur grisàtre. Ce carbure de calcium jouil de la propriété très curieuse d’étre décomposable avec la plus grande facililé par l’eau à froid.

DES SÉANCES 27

M. Dreyfus a agréablement surpris la Société en montrant quele contact de l’eau et du carbure de calcium fournissait un dégagement extrêmement tumultueux de gaz acétylène brûlant avec une flamme fuligineuse due à un excès de carbone qui échappe à la combustion. Cette flamme devient extrêmement brillante par l'introduction dans sa masse d’un gaz inerte tel que l'azote ; son pouvoir éclairant vaul quinze fois celui du gaz d'éclairage, ce dont il est facile de se rendre compte approximativement en comparant la composition des deux gaz. La réaction qui se produit dans l'expérience signalée plus haut est facile à expliquer. Le carbone du carbure de calcium se combine à l'hydrogène de l’eau avec formation du gaz acétylène C*? H°? et Île calcium à l'oxygène avec production de chaux hydratée au contact de l'excès d’eau.

Le gaz ainsi obtenu est connu depuis fort longtemps; sa synthèse a été effectuée par M. Berthelot en 1862 et on l’obtenait dans les laboratoires avant les expériences de M. Moissan, en produisant la combustion incomplète de toute une série de matières organiques ; mais aucune de ces préparations n'avait un caractère industriel et le prix de revient de l'acétylène ne permettait pas de songer à son utilisation pour l'éclairage. Il n'en est plus de même aujourd’hui : à pouvoir éclairant égal, le prix de l’acétylène esi trois fois plus petit que celui du gaz et on peut prévoir, sans être grand prophèle, des prix bien inférieurs encore.

L'acétylène paraît donc avoir sa place marquée au premier rang dans cette queslion si importante de l'éclairage public et domestique. On signale du reste déjà l’apparition de bon nombre d'appareils permettant de produire l’acétylène avec facilité et de luliliser économiquement.

M. Dreyfus, avant de terminer ces explications, met sous les yeux des membres, le dessin d'une lampe à acétylène de petites dimen- sions, portative LL très pratique, et il en explique le fonctionne- ment.

La commission nommée pour l'étude des rayons Rœntgen et leur application immédiate aux besoins médicaux a, par l'organe d’un de ses membres, M. Dreyfus, mis la Société au courant de l’état actuel de-la question.

Le dispositif à employer, pour la reproduction facile des expériences signalées jusqu'à ce jour, se compose d’une bobine de Ruhmkorti fournissant une étincelle de 7 centimèlres 5 millimètres. Celle bobine est actionnée par une pile de Bunseu de 6 à 7 éléments, ou encore par celle-ci modifiée en pile Poggendorff. La bobine est reliée à un tube de Crookes, c'est-à-dire un tube dans lequel on a fait le vide et

28 PROCÈS-VERBAUX

dont l’état de raréfaction est de quelques millionièmes d’atmosphère seulement.

Pour faire une expérience, il suffit de placer en dessous du tube de Crookes, traversé par le courant d’induction et à une distance de 20 centimèlies environ, un châssis photographique ordinaire, ren- fermant une plaque sensible quelconque et dont la couche de géla- tine se trouve en regard du tube. L'objet soumis à l’action des rayons Rœntgen est disposé sur le châssis. S'agit-il de la main, par exemple, le squeletle apparaît avec la plus grande netteté et les chairs se trouvent représentées par une partie légèrement ombrée. Il suffit, du reste, de quelques minutes de pose pour obtenir une épreuve.

La plaque, impressionnée par les rayons Rœntgen ou rayons X, se développe par les procédés ordinaires de la photographie.

La formation de l’image, dans la reproduction du squelette de la main, s'explique aisément : ces rayons, en effet, qui n’impressionnent pas la rétine, jouissent de propriélés extrêmement curieuses eutrevues par Lienard. Non seulement ils agissent sur les substances sensibles à la lumière, mais ils traversent avec la plus grande facilité un cer- tain nombre de corps parini lesquels : la peau, le papier, l’alumi- nium, elc.; d’autres corps, au contraire, sont plus difficilement péné- trés par ces mêmes rayons, et parmi eux, la plupart des mélaux : or, platine, fer ; les os, l'ivoire, etc.

Ces propriétés remarquables ont trouvé leur application dans la reproduction du squelette d'animaux de petite taille, tels que lézards, grenouilles, etc. On a pu aussi, par ce procédé photographique, étu- dier l’état d'ossification de la main d’un enfant, la déformation que peut présenter dans certains cas la partie osseuse d'un membre malade, distinguer les diamants vrais de leurs imitations, etc.

Toutes ces expériences ont été variées à l'infini depuis l'apparition du nouveau procédé et répélées sur tous les points du globe par les physiciens les plus habiles.

M. Dreyfus, en terminant, indique le prix des différents appareils dont l’acquisition serait nécessaire pour faire des recherches dans cette voie. Il espère qu'il sera à même de soumettre bientôt à la société un certain nombre d'épreuves reproduisant des expériences faites au Puy par la Commission.

M. Canard présente à ses collègues la photographie d'une main faile en sa présence, par la méthode décrite précédemment, dans les ateliers de M. Lumière de Lyon. Il se met, en outre, à l’entière dispo- sition de la Commission pour lui faciliter ses recherches.

M. le Dr Coifiier fait remarquer que l’instrumentation pour des expériences de ce genre se simplifie tous les jours; que, d'après

DES SÉANCES 29

quelques expérimentateurs, une simple ampoule à incandescence, comme on en voit déjà au Puy, peut remplacer avantageusement et le tube de Crookes et la bobine de Ruhmkorff, et que, par l’introduc- ion dans l'estomac d’endoscopes spéciaux à pouvoir lumineux intense, il semble d'ores et déjà possible de photographier les diffé- rentes faces de cet organe.

M. Coiflier rappelle encore que quelques corps phosphorescents (tel le sulfure de calcium), semblant dégager des rayons de Rœntgen, sont peut-être appelés à remplacer, dans les expériences, les sources actuelles de lumière, et il espère que, dans un temps peu éloigné, grâce à une simplification très grande des appareils, on pourra rendre pratique, même au Puy, la photographie de l'intérieur des corps et en faire profiter de nombreux malades.

L'ordre du jour appelle la question de la création d’une école de laiterie dans la Haute-Loire. M. de Cailleux étant absent, M. Hérisson indique en quelques mots en est celte question qui doit élre traitée prochainement au Conseil général. En cet état, la Société estime qu'il n'y a pas lieu de s'en occuper pour le moment et qu’il convient d'attendre la décision de l’assemblée départementale.

M. Hérisson fait un rapport verbal sur le concours d'animaux gras tenu au Puy le 24 mars dernier.

Parlant au nom des membres du jury et au sien, l'honorable pro- fesseur aflirme que le concours de cette année a été bien supérieur à ceux des années précédentes. Il y avait deux fois plus d'animaux, el ceux-ci étaient généralement en excellent élat d’engraissement. Les feuilles locales ont diversement apprécié ce concours. Tandis que l’une d’elles en donnait un compte rendu fort exact, l’autre le trouvait inférieur à celui de l’année dernière. La vérité est qu'on v'avait jamais vu au Puy un aussi brillant concours.

La distribution des récompenses a élé présidée par M. le Préfet qui a prononcé à celte occasion un excellent discours. M. Jacotin a ensuite pris la parole et donné les meilleurs conseils pratiques aux éleveurs. Il les a ensuite consultés sur le changement de date du concours. La date ancienne a été maintenue.

Au cours de ses opérations, le jury a décidé de faire photographier les meilleurs sujets de l’espèce bovine. Quatre photographies ont été prises par notre confrère M. Vazeille. Déposées aux archives de la Société, elles serviront de termes de comparaison dans les concours à venir. |

L'un des secrétaires,

À. LASCOMEE.

30 PROCÈÉS-VERBAUX

SÉANCE DU 7 MAI 1896.

PRÉSIDENCE DE M. LE Dr MOREL.

Présents : MM. de Cailleux, Cellerier, Chaudier, Chauvin, Domond, Dreyfus, Espenel, Gazanion, Louis Gueyffier, Hedde, Hérisson, Las- combe, Mallat, Dr Morel, Valléry-Michel, Vignon.

Après lecture, le procès-verbal de la dernière séance est adopté.

M. le Préfet transmet à la Société un vœu présenté au Conseil général par M. Peyroche, tendant à ce que le concours de 1897 soil tenu à Craponne.

L'assemblée émet l’avis que ce concours, ayant pour but déler- miné l’amélioration de la race bovine du Mézenc, ne peul être éloi- gné de la région du Mezenc, qu’il ne peut donc étre favorable à cette demande.

M. Hérisson ajoute à ce sujet que le prochain concours devant coïncider avec le concours départemental, il y a lieu de les tenir le même jour à Yssingeaux.

Une lettre préfectorale transmet à la Société les remerciements du Conseil général pour le concours qu’elle a donné à la création d’une école de laiterie que l’on se propose d'établir près du Monas- tier, dans la propriété de M. le Dr Bonhomme. Cette école recevra, comme celle de Nolhac, des élèves payants. filles ou garçons.

L'assemblée vote l'allocation annuelle pour trois années d’une somme de 400 francs, en vue de fournir une boursière de plus à l'école.

Les remerciements du Conseil général s'adressent également au Syadicat des agriculteurs de la Haute-Loire pour la subvention unique de 500 francs, consentie pour la même fondation par ce syn- dicat.

M. Vayssié, archivisle de la mairie, est élu membre tilulaire de la Société.

MM. Mallal et Lascombe présentent la candidature de M. Rioufol, aucien notaire, demeurant au Puy. Il sera procédé sur son admission à la prochaine séance,

DES SÉANCES | 31

M. Lascombe donne lecture des notices suivantes :

Le Monde des plantes, revue internationale de botanique, a inséré dans son numéro d'avril 1896, un article de M. V. Liotard, sur la flore bryologique des environs de Borne (Haute-Loire).

« Étudiée plus particulièrement dans l’une des vallées de la Borne arrosée par le ruisseau de Bourbouilloux, cette flore est des plus intéressantes.

« Abritée de tous côtés, dit M. Liolard, par des éminences boisées el en outre couverte en grande partie, sur le thalweg de rive gauche, de prairies irriguées, elle offre, par ces circonstances mêmes, qui maintiennent sur ces points l'état hygrométrique de l'air très élevé, une des conditions les plus favorables au bon développe- ment des muscinées, une humidité constante.

« Arnaud, dans sa flore, n'indique qu'un certain nombre de mousses, mais la liste de M. Liotard, dans la seule vallée de la Borne, eu mentionne 51 espèces ou variétés, dont 8 nouvelles pour la Haute-Loire et donne un aperçu de la richesse bryologique de cette région. La notice de M. Liotard a sa place indiquée dans les Mémoires de notre Société. »

« M. le Dr Deneffe, professeur à la Faculté de médecine de l'Uni- versité de Gand, membre titulaire de l’Académie royale de médecine de Belgique, vient de publier un livre sous le titre de Chirurgie antique : Les oculistes gallo-romains au 11° siècle !.

« L'auteur, parlant de Sextus Polleius Sollemnis, médecin gallo- romain du Velay, dont la tombe découverte en 1861 à Fonviel, com- mune de Saint-Privat-d’Allier, recélait entre autres objets une trousse chirurgicale, une amulette, des médailles romaines et un cachet d’o- culiste portant une inscription sur ses quatre faces, s'exprime en ces lermes : ,

« À trente minutes de Saint-Privat, dans un vallon romantique « creusé par l'Allier, au milieu d’un amphithéâtre de pitloresques montagnes, pyramide en plein ciel un rocher solitaire dont le «“ sommel domine au loin la contrée. Sur ces hauteurs verligineuses « 02 connut longtemps un tombeau dont les origines se perdaient dans des lointains si nébuleux que les traditions locales en avaient { perdu le souvenir. Dans ce monde tout passe, la demeure des morts n’est pas plus éternelle que celle des vivants, et un jour J'orage précipila dans l’abîime la tombe et la terre qui j'abritait. Sur cette lerre qui voilait encore aux yeux de tous le dépôt sacré qu'elle avait reçu, la féconde nature fit bientôt germer tout un laillis et

1. H, Caalx, éditeur, Anvers, 1896, in-8.

32 PROCÈS-VERBAUX

« quand, en 1864, son nouveau propriétaire l’abattit pour mettre le « terrain en valeur,ilne tarda pas à ramener au jour le trésor « archéologique dont nous allons nous occuper.

« Le champ, fort peu étendu d’ailleurs, qu’il défrichait, ne préser- « tail aucune trace de cullure ou d’habitation antérieure, il élail « pourtant bien visible qu’il n'avait pas toujours été là, il avait glissé « du terre-plein qui couronnail le rocher et formé dans la vallée une « sorte de cône qu’on voulait niveler. Ce lieu s'appelle Fonviel. « C’est pendant ce travail qu’on rencontra des fragments de poterie « noire et grossière, et, tout près d'elles, disséminés dans le sol: une « spatule à long manche olivaire, un manche de couteau à spatule « richement damasquiné d’argent, un petit manche à couteau terminé « en spatule, autour duquel s’enroule un fil d'argent, un troisième « manche de couteau à spatule, mais sans ornement et d’une autre « forme que les précédents; les mors d’une puissante tenaille, une des « deux branches d’une forte pince, une petite pierre carrée porlant « des inscriptions sur ses quatre tranches, une amulette en pierre, « trois silex et dix-huit médailles romaines.

« La petite pierre carrée portant des inscriptions gravées sur ses « quatre tranches et les médailles romaines doivent tout d’abord fixer « notre attention. C’est le fil conducteur qui nous mènera à la vérilé « et nous permettra d'interpréter la sépulture que nous venons de « décrire (planche V, fig. 11).

« On litsur les quatre tranches de la pierre carrée les inscriptions « suivantes :

SEXPOLLESOL LEMCHELADCA

2 SEXPOLLESOLL EFAEONADLIP

32 SEXTPOLLEI

__ SOLEMDIASLE

4 SEXPOLLESOLE MAAEMADASP

« Au premier abord, celui qui s’est quelque peu occupé d’épigra- phieYeconnaît un cachet d’oculiste et il ne tardera pas d'interpréter ces quatre inscriptions de la manière suivante:

"1° Sexti Pollei Sollemnis chelidonium ad caliginem. Sex{ti) Polle(i) Solleminis) chel(idonium) ad ca(liginem). 2 Sexti Pollei Sollemnis faeon ad lippitudinem. Sex{ti) Polle(i Sollem(nis) faeon ad lip(pitudinem).

RO

DES SÉANCES 33

3’ Sexti Pollei Solemnis diasmyrnes lene. Sext(i) Pollei So(l)eminis) dias(myrnes) lene. 4 Sexti Pollei Solemnis haematites ad aspritudines. Sexiti) Polle(i) Sol(lJem{nis) haem(atites) ad asp(ritudines).

« Depuis Sichel jusqu’à Espérandieu, tous ceux qui se sont occupés « de ce cachet ont interprété le nom de famille Polle par Pollenius, « sous le prétexte que le Corpusinscriptionum de Gruter faisait con- « naître quatre monuments marqués du nom de la famille des Pollen- « nius ou Pollenius. Si la lettre N eût figuré une seule fois sur le « cachet, l'interprétation de Sichel était admissible. Mais non seule- « ment la lettre N n'apparaît pas une seule fois derrière Polle, mais « c'est une autre lettre qui s’y montre, la lettre I. Si j'ouvre les An- « nales de la Société des Sciences du Puy, qui possède le cachet de « notre oculiste et qui s’en est occupée à différentes reprises, ayant « l'original sous les yeux, je vois qu'on n’y a pas violenté le mot « Pollei pour en faire Pollenii ou Pollennii, mais on l’a considéré « comme le génitif de Polleius. Aucun doute n’est possible quand on « examine la planche représentant le cachet, annexée au mémoire « de M. le comte de Causans (Annales de la Société des Sciencès du

. « Puy, année 1864-1865). C’est un I bien formé qui termine la pre-

Ù

« mière ligne de la troisième inscription. Mais un doute me restait, cel

« Îne pouvait-il pas être la première branche verticale d’un N, une « cassure de la pierre aurait pu faire disparaître les deux autres « branches de la lettre. Et je soumis celte incertitude au savant « conservateur du Musée du Puy,M. Lascombe, aux lumières duquel « j'ai bien des fois recouru pendant que j'étudiais la trousse de l’ocu- « liste de Saint-Privat. Je ne saurais assez le remercier du concours bieuveillant qu’il m'a prêté avec un empressement si courtois. Voici « [a réponse de M. Lascombe :

« J'ai sous les yeux le cachet d’oculiste de Sextus Polleius, son nom « est bien écrit, Pollei; toute la bonne volonté du monde ne saurait « me faire voir dans cet I le jambage d’un N usé par le temps ou « alléré par quelque cassure de la pierre. Le cachet est intact en ce « point, il n'y a ni brisure, ni félure, ni altération. La lettre est « bien un I et il faut lire Pollei. »

« C'est l'original sous les yeux que M. Lascombe répond à mes « doutes, et l'examen attentif qu’il veut bien faire, à ma demande, « lui permet d’affirmer que la lecture du nom de l’oculiste de Saint- { Privat, faite il y a trente ans par la Société des sciences du Puy, « est la bonne, le cachet porte Pollei et rien ne nous autorise à faire « de ce mot, admirablement et clairement gravé, Pollenii comme l’a « fait Sichel.

3! PROCÉS-VERBAUX

« La réponse de M. Lascombe me parait décisive.

« Chacune des lignes de l'inscription rappelle une maladie oculaire el un remède pour la guérir.

« Le mort, qui a si longtemps reposé au sommet du roc, était donc un oculiste, il s'appelait Sextus Polleius Solemnis.

« Quand vivait-il? Les médailles qui accompagnent ses cendres vont nous le dire. Il y en avait 18, les unes en bronze, les autres en argent; les plus anciennes élaient de Julia Augusta, une des fem- mes de Domitien, 80 ans de notre ère. D’autres de Trajan, an 8, d’Adrien, an 117, de Commode, an 190, de Gordien, an 238, de Phi- lippe, an 244, de Valérien, an 253, de Gallien, de 260 à 268.

« En présence de ces médailles, dont les plus récentes datent de 260 à 268, nous sommes portés à croire que c’est vers cette époque que mourut Polleius Solemnis, que nous rangeons parmi les ocu- listes de la fin du rm siècle.

« Et maintenant cette tombe est pour nous sans mystère.

« En la placant au faite d’un rocher dominant la vallée, on avait obéi aux coutumes de l’époque, les Romains plaçaient leurs cime- lières et leurs tombes sur les bords des voies publiques, au versant des collines et sur les sommets. Fonviel se trouve à peu près au point d’interseclion de deux routes antiques, la Via Bolena et une voie secondaire qui passait par Saint-Privat et Monistrol.

« Le choix de la dernière demeure de Polleius Solemnis avait élé dicté pas les idées du temps. Les Romains ne se séparaient pas de leurs morts comme nous nous séparons des nôtres, ils ne les écar- laient pas de leurs yeux, mais ils les placaïient dans des lieux ap- parents, afin que le souvenir s’en perpéluât à jamais. Pour assurer une longue durée aux restes de ceux qu'ils avaient aimé, ilsles confiaient à une terre ensoleillée, sur le sommet ou versant des moulagnes, loin de l'humidité qui corrompt tout.

« Aux nel ute siècles, la coutume romaine de brûler les morts s'élait imposée à la Gaule, les classes élevées de la société l'avaient surtout acceptée et la conservèrent jusqu'au 1ve siècle, époque à laquelle l'inhumation remplaca l'incinération, cette pratique d’ori- gine étrangère.

« Conformément aux usages, Polleius Solemnis fut placé sur le bücher, puis quand les flammes eurent consumé les chaïirs, les os brisés furent déposés dans un vase de terre dont les débris furent retrouvés sous le taillis de Fonviel. Dans l'urae cinéraire, on placa les objets que le mort avait aimés ou dont il s'était servi dans la vie el qui ne devaient jamais plus servir à personne, tels que les instruments de sa profession, des médailles, des pièces de monnaie

DES SÉANCES | 39

« d'or, d'argent ou de bronze. Autour de l’urne on rangeait, pour

« faire honneur au mort, d’autres vases, des assieltes, des soucoupes,

« desamphores, dans lesquelles on plaçait des offrandes, des aliments,

« des parfums, des boissons. Puis ce dépôt sacré élait placé dans un

« coffre en bois, attaché avec des clous, qu’on fermait au moyen

« d'une serrure à clef ou d’un cadenas.

« Tel était le mode de sépulture usité aux et 111 siècles dans les

« Gaules. Si la tombe de Polleius Solemnis n’a présenté que quelques

« débris de vase, si l’on n’a retrouvé ni les cendres du mort, ni les

« débris du coffret, c’est qu’elle s’est effondrée dans la vallée et que

« son contenu s’est dispersé. Mais la tombe de l’oculiste de Reims,

« Gaius Firmius Severus, plus intacte celle-là, nous a rendu, avec « les débris du coffret, une poignée en bronze qui servait à le porter,

« une clef et un cadenas pour le fermer. Dans la sépulture d’un « autre oculiste de Reims, Gentianus, dont M. le D' Guellot a fait une

« belle étude, le cachet se trouvait à côté de l’urne cinéraire, remplie « encore d’os calcinés.

« Tout dans la sépulture de Polleius Solemnis, depuis son empla- « cement jusqu’à son mobilier, est conforme aux usages funéraires « de la Gaule aux ue et rie siècles de notre ère.

« À quelle pensée répondait la présence de ces instruments de « travail, de bijoux, de médailles, de monnaies, de tous ces vases « chargés d'aliments, de parfums, de ces amphores pleines de vin, « de ces vases lacrymatoires remplis de larmes? C’est que le Gallo- « Romain était païen dans sa religion, et sa douce philosophie repous- « sant l’idée du néant lui faisait entrevoir une autre vie ultra-terres- « tre, matérielle comme celle-ci, l’âme se livrerait aux mêmes « occupations, éprouverait les mêmes besoins que sur la terre. Elle « boirait et mangerait comme les dieux eux-mêmes.

« C’est pour cela qu’on laissait au mort les instruments de son « travail, qu'on lui donnait de l'argent, qu'on l’entourait de vases « contenant de la viande, du lait, du miel, du vin, dont il userait dans « son grand voyage. Les parfums étaient l'emblème du souvenir qui « embaumait l’absent, les vases lacrymatoires renfermaient les lar- « mes versées pendant les funérailles par les amis et les parents du « défunt. »

On trouve dans les annales de la Société académique du Puy (année 1864-1865), une description de cette intéressante trouvaille. »

Le Bulletin archéologique du comité des travaux historiques et scientifiques (année 1895, 1'e el livraisons, page Lxv) consacre à notre compatriote, M. Léon Giron, la note suivante :

«M. Giron donne lecture d’un mémoire sur de curieuses pein-

36 PROCÈS-VERBAUX

lures recueillies par lui sur les poutres d’un plafond du xve siècle, conservé au Puy. La décoralion de ces poulres consiste en blasons entremélés de figures, dont les unes sont des figures de fantaisie, des grotesques, et d’autres semblent empruntées aux motifs bien connus du bestiaire. M. Güron s'est appliqué à identitier ces figures: il y retrouve l’image du cocatrix, du hibou, du sphinx, de la harpie, de la stryge de l'ibis ; il s'efforce de donner une explication de toutes les figures grotesques qui complètent l'ornementation de ce plafond. Quant aux blasons, on y reconnait les armes de Bourbon el les armes de Chalencon; or il y eut un évêque du Puy, de la maison de Bour- bon, qui eut pour prédécesseur un Chalancon; les autres blasons sont sans doute ceux des chanoines qui formaient le chapitre.

« Ces peintures ont élé découvertes par M. Léon Giür'on, dans une maison à double façade, l’une sur la rue de l’Ancienne préfecture, l’autre sur la montée de Crebacor, vulgairement appelée l’Escalier boiteux. »

Nous extrayons de la Diana (tome VII 4) une note ainsi conçue :

« Sur les confins de la Loire et de la Haute-Loire, à peu près à égale distance des communes de Jonzieu et de Saint-Didier-la-Séauve, il existe une vaste clairiere que le paysan attardé ne traverse, le soir, qu’en se signant avec frayeur, c'est le Champ dolent.

«a Une sanglante bataille aurait eu lieu sur ce sol marécageux el infertile, et les feux follets qui volticent à sa surface représentent encore aux yeux des populations naïves de ces montagnes, les âmes errauntes des combattants tombés dans la mêlée.

« La tradition n’est sûrement point mensongère, mais pas plus nos voisins du Velay que nos propres chroniqueurs ne peuvent indi- quer une date certaine ni fournir des délails précis sur celte ren- contre qui intéresse également l'histoire des deux provinces. »

« La Correspondance historique et archéologique (n° du 25 mars 1896) mentionne deux documents sur l’histoire commerciale du Velay, aux xvue et xvuie siècles, découverts par notre confrère, M. Germain Martin. |

« Ces documents sont, le premier, l’élat des corps des arts ei métiers de la ville du Puy en 1691, et le second l’état des corporations de la ville du Puy, dressé en 1776, en exécution et pour satisfaire à la déclaration du 11 février 1764, trouvés par M. Germain Marlin dans les archives départementales de l'Hérault. Cette brochure, l'on trouve de très curieux détails sur l’aclivité commerciale de la ville du Puy, inaugure une série de publications que M. Martin va entreprendre sur l’histoire du commerce dans cette région de la France. »

DES SÉANCES 37

« En 1872, les Tablettes Historiques du Velay ont publié le car.- tulaire de Chamalières-sur-Loire, important document dont les chartes du au xme siècle fournissent de très curieux renseigne- ments historiques sur notre pays.

« Une nouvelle édition de ce cartulaire due à M. Chassaing, décédé depuis, vient de paraître à la librairie Picard en un volume auquel a collaboré notre confrère, M. Antoine Jacotin, qui en a rédigé l'introduction et les tables. »

« Le 7 février 1893, M. le Ministre de l'instruction publique char- geait M. Antoine Jacotin de rechercher dans les archives d’État du royaume d'Italie des renseignements sur l’organisation administra- live des territoires italiens rattachés à la France à la suite des expéditions françaises de la fin du xvire et du commencement du xIx° siècle.

« Aidé dans sa tâche par M. Maurice Legrand, M. Jacotin s’est acquitté, à son honneur, de la mission que lui avait confiée le Gou- vernement français, et le résultat de ses fructueuses recherches est consigné dans un rapport inséré dans le tome VI des Vouvelles archives des missions scientifiques et litléraires, ouvrage publié sous les auspices du ministère de l'instruction publique et des Beaux- Arls. » | |

« Dans le Bulletin de la Société de minéralogie (t. XVII, p. 272), « M. F. Gonnard énumère les minéraux du plateau central. Il a ren- contré dans le Velay des granites à cordiérite. Dans le trachyte de Montchanet (Haute-Loire), il signale une remarquable association de calcite, mésotype et christianite, avec chabasie, quartz hyalin, tridymite et pyroxène : enfin un gisemeut de serpentine, le seul connu dans le granite de la Haute-Loire, aux Lardons, près de Montfaucon. »

« L'année scientifique de 1895 (page 98) rend compte de la décou- verte de notre confrère, M. le Dr Coiflier, relative à la vérification facile de la pureté de l'alcool. »

« Il y a lieu de recommander aux apiculteurs de la Société une remarquable notice de M. G. Chardon, vicaire général de Clermont, sur les merveilles de l'instinct chez les abeilles. Ce travail a paru dans le Bulletin historique et scientifique de l'Auvergne publié par l'Académie des sciences, belles-lettres et arts de Clermont-Ferrand (2e série, 2 de 189,6). »

A signaler encore une brochure de M. l’abbé Pontvianne, profes- seur à la Chartreuse, ayant pour titre : Un évêque français au xive srècle, Pierre d’Ailly, évêque du Puy, évêque de Cambrai el Cardinal (1350-1420);

JS PROCÉS-VERBAUX

Yssingeaux et ses environs, guide publié par le syndicat d'initiative;

La France pitioresque. Le Puy Sainte-Marie, par Robert d’Arzon, article paru dans le journal l'Observateur français du 1er mars 18%;

Le livre : Revue bi-mensuelle de bibliophilie et de bibliographie rédigée par nos compatriotes MM. Joseph Gibert et Aimé Giron.

A la suite de cette lecture, l'assemblée décide de prendre un abon- nement de six mois au Monde des plantes, qui doit publier des articles relatifs à la Haute-Loire:

M. Lascombe communique à l'assemblée le rapport adressé par M. de Brun, au sujet des fouilles opérées au Puy sur l'emplacement de l’ancien prieuré de Sainl-Pierre-le-Monastier (par suite de la construction de la halle) et au grand séminaire (actuellement en reconstruction).

Eu voici la teneur :

« Autorisé par M. le maire du Puy à surveiller les fouilles faites à « l'occasion de la reconstruction d’une nouvelle halle, place Saint- « Pierre, je viens vous rendre compte de ce que j'ai pu y observer.

« Malgré des tranchées d’une profondeur variant de 7 à 9 mètres « et atteignant la couche argileuse des flancs du mont Anis, peu « d'objets intéressants ont été rencontrés, le sol de la place ayant élé « remanié à diverses époques assez rapprochées de nous.

« À un mètre,on a trouve un premier pavage de cailloux basaltiques « roulés, au-dessous duquel, à l'angle S.-E. de la place, gisait une « grande quanlilé d’ossements d'animaux domestiques très altérés « (bœufs, moutons, porcs et chevaux), el à l'angle N.-E., des restes « d'anciennes fondations.

« À deux mètres plus bas, second parvage établi comme le premier « et sous lequel on a rencontré une mâchoire inférieure et la boite « cränienne d’un enfant.

« Les ouvriers m'ont remis des objets en fer rouillés, des débris « de poteries noires, des morceaux de plomb ou de cuivre, le toul « n'ayant absolument aucun caractère et ne valant pas la peine d’être « couservé. En abondance, les morceaux de verre, irisés par leur « séjour plus ou moins prolongé dans un terrain chargé de matières « organiques en décomposition.

« Je citerai encore trois débris de petits creusets en parie vitrifiés « avant servi à fondre du cuivre el en conservant encore quelques « parcelles adhérentes. Ils proviennent, selon toute probabilité, de « l’ancienne fabrique de grelots, clochettes et plaques a mulets, dont

Re LT

DES SÉANCES 39

« les ateliers se trouvaient, dit-on, à l'angle S.-0. de la place Saint- « Pierre. J'avais commencé un journal des fouilles; mais devant « la multiplicité et le bouleversement des couches, la difliculté de «leur assigner un âge, par suite de l'absence totale de mon- « naies, et devant le peu d'importance des trouvailles, j'ai l’aban- « donner.

« Trois objets seulement offrent un certain intérêt. Ce sont des « débris trouvés dans une tranchée près du Tribunal de commerce, « el provenant sans doute des ruines de l’ancien prieuré de Saint- « Pierre-le-Monastier, dont M. Lascombe nous a entretenus dans une « Sance antérieure. Ils consistent en un chapiteau roman et un « bénilier en pierre de Blavozy : ces deux morceaux, d’une facture «assez grossière, dénotent la main d’un ouvrier peu artiste. Toul « dernièrement enfin, on a remis à M. Lascombe, comme provenant « des fouilles, un morceau de marbre blanc, d’un grain très fin, fal- « sant probablement partie d’une inscriplion assez étendue, et sur « lequel on voit, avec une moulure, et sur deux lignes, les lettres « S.H et I. M. E. en caractères gothiques. Il est vraiment bien regret- « lable que l’on n'ait pas retrouvé d'autres fragments de cetle in- « scriplion qui, d’après le peu que nous en possédons, devait être fort « belle. Je vous présente un fac-simile de ce morceau, que M, Las- combe suppose être du x1v® siècle.

« Voilà, Messieurs, lout ce qu'ont produit les fouilles de la place « Saint-Pierre, et c'est peu de chose.

« Celles pratiquées pour la reconstruction d’une partie du Grand- « Séminaire ont été un peu plus riches. Je me contenterai de citer, « comme trouvées dans les anciennes fondations, quelques sculptures « genre Renaissance : un ange tenant un écusson, une main fermée « porlant un cierge ou une lance brisée; des fragments d’une che- « minée analogue à celle existant encore dans les ruines de Polignac; « un sarcophage renfermant des ossements en miettes, et dont M. Lascombe nous a entretenus dans une séance précédente. « Enfin, en creusant profondément de nouvelles tranchées, on a rencontré des ossements humains et d'animaux domestiques très allérés (ceux de chevaux dominaient), des monnaies que je n’ai pu avoir entre les mains (argent el potin), et un petit vase dont la forme el la facture rappellent l’èpoque gauloise. « Je vous présente égalemeut une pholographie des divers mor- ceaux de sculpture trouvés dans ces fouilles. » M. de Cailleux fait part à l'assemblée du vœu adopté par le Conseil général, sur la demande de M. Bernard, tendant à oblenir du Gou- vernement que la somme de 15,000 francs, actuellement allouée en

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40 PROCÈS-VERBAUX

secours pour la mortalité du bétail, soit désormais, pour produire une action plus eflicace, attribuée pour aider à la constitution de la caisse d'assurances, dont le projet a été présenté par M. Émile Néron.

Cette subvention, en s’ajoutant aux primes versées par les assu- rés, conslituerait un fonds de roulement important, qui permel- trait également d’allouer des secours aux nécessiteux.

L'assemblée, consultée, émet un avis favorable à l'adoption de ce vœu.

M. Hérisson présente de magnifiques spécimens d'une planle fourragère, le pastel des leinturiers.

Semée en mars 1895, cette plante présente une précocilé remar- quable, puisqu'elle atteignait, le 15 avril, près de 1 mètre de hauteur, donnant 12 kilos au mètre carré, soit 120,000 kilos à l’heclare. Le bétail la mange volontiers, surtout le mouton, le lait présente une teinte un peu bleuâtre. Cette plante, donnant un fourrage très hälif et très abondant, paraît plus avantageuse que la consoude et la persicaire.

M. Lascombe communique une intéressante correspondance pro- venant du Touring-Club (2, rue Coq-Héron, à Paris), dont notre compatriote M. P. Letellier, est le secrétaire.

Les publications de cette société tirant à un nombre énorme d'exemplaires (plus de 30,000), permettraient de faire à notre pays, si digne d’être visité et dont mention n'élait pas encore faite dans ces publications, une publicité considérable.

L'assemblée accorde le prêt des clichés qui ont servi à l'illustra- lion du Guide du Puy, en vue de faciliter l'exécution des publications du Touring-Club qui nous amèneront de nombreux visiteurs.

L'un des secrétaires, Pa. HEDDE.

SÉANCE DU 4 JUIN 1896.

PRÉSIDENCE DE M. LE Dr MoREzL.

Présents : MM. Florimond Boyer, Cortet, Chaudier, Dreyfus, Hedde, Morel, Fr. Triouleyre, Valléry-Michel, Vayssié.

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DES SÉANCES Al

Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté.

Il est procédé au scrutin sur l'admission de M. Emmanuel Rioufol, présenté à la dernière séance. A l’unanimité, M. Rioufol est nommé membre de la Sociélé agricole et scientifique de la Haute-Loire.

Il est procédé ensuite au dépouillement de la correspondance ; M. Lascombe se fait excuser de ne pouvoir assister à la séance et transmet les remerciements de notre nouveau collègue, M. Vayssié.

M. le Maire de Langeac demande à la Société de favoriser le con- cours agricole annuel de Langeac, par l’altribution d’un nombre de médailles aussi grand que possible. L'assemblée ne croit pas possible d'augmenter le nombre accordé l'an dernier; elle décide d'accorder deux médailles d'argent et trois médailles de bronze.

Une circulaire ministérielle informe la Société que la 21° session des sociélés des Beaux-Aris des départements s'ouvrira en 1897, à l'École des Beaux-Arts, rue Bonaparte, 14, en même temps que la réunion des Sociétés savantes, le mardi 20 avril 1897.

M. Mirmand, fermier à Artaud, près le Monastier, demande à la Société l'autorisation de faire castrer le taureau qui lui a été vendu par la Société, parce que cet animal est devenu méchant.

Plusieurs membres échangent à ce sujet des observations, il serait sans doute possible, par des procédés de douceur, par des soins et en leur faisant travailler la terre, d'adoucir le caractère de ces ani- maux ; de cetlte manière la Société n'aurait pas dépensé inutilement des sommes importantes en achat d'animaux reproducteurs.

ll est décidé que l'autorisation demandée ne sera accordée que sur la constatation faite par M. Vialla que l'animal est réellement dangereux.

M. Chaudier propose que, sur l’argent destiné à l’achat d'animaux reproducteurs, on réserve désormais la somme nécessaire pour exercer un contrôle effectif sur la situation des animaux vendus par la Société : cette proposition réunit l’assentiment général.

M. le Président communique également à l'assemblée la réception de divers opuscules, bulletins, prospectus, ainsi qu'un projet d’appa- reil aviateur pour la navigation aérienne, à un de nos compa- lriotes, projet qui sort du cercle d’études de notre Société, mais qui est mis à la disposition des sociétaires désireux de s'occuper de cetle intéressante question.

Le frère Triouleyre donne lecture des notices horticoles sui- vantes :

dd PROCÈS-VERBAUX

REMÉDE EFFICACE CONTRE LA GOMME DU PÊCHER.

Nettoyage au greffoir ou à la serpette de la partie malade;

Lavage de ladile avec une brosse en crin, très raide, avec la solution ci-dessous :

Dans un litre d’eau meltre une forte poignée de sel de cuisine el un quart de litre de vinaigre. Se servir de cette solution quand le sel est dissous.

Après la deuxième opération, la plaie est nelte et propre, el l'arbre ou la branche sont sauvés.

LA CONSERVATION DES SEMENCES.

IL est important de connaitre le mode le plus approprié pour con- server les semences.

Quand on recueille des graines que l’on veut conserver pour semer, est-il indifférent de les placer dans des flacons bien bouchés, dans des boites ou dans des sacs de papier ?

Les graines destinées à la reproduction se conservent très bien dans l'épi, la housse ou la silique. Il ne faut pas les enfermer trop bien, car ce sont des êtres vivants qui ont besoin d'air.

Philippe Miller, un savant anglais, avait mis par partie de ses graines de laitue, de persil et d’oignon daus des fioles de verres exactement bouchées et l’autre partie dans des sacs suspendus dans une chambre sèche.

Il sema, au printemps suivant, des unes et des autres sur une même planche : une seule de celles des fioles poussa. Deux ou trois ans après, 1l Sema Île reste des mêmes graines; toutes celles des sacs germèrent, aucune de celles des fioles ne poussa.

On peut donc déduire de ce qui précède que la conservation de ces petites graines doit se faire, autant que possibie, dans des sacs en toile de toute espèce, à tissu non serré et, quand elle se fait dans des sacs en papier, on se trouve bien de les trouer à coups d'épingle.

DESTRUCTION DES COURTILIÈRES.

On a indiqué plusieurs moyens de destruction; en voici un autre: il consiste à prendre des plaques de gazon un peu poussées en herbe. les mouiller et les renverser le soir près des planches attaquées par

DES SÉANCES 43

les courtilières. Le lendemain, de très bonne heure, on lève Îles plaques et dans chacune on trouve un petit nombre de courtilières que l'on écrase. Dans le jour on conserve les gazons l’herbe en des- ssus, le soir venu on les mouille dernouveau comme la veille et on les renverse jusqu'au lendemain matin.

EMPLOI DES FEUILLES DE CASSIS POUR LA GUÉRISON DES BLESSURES.

Le Bulletin de la Société d'horticuliure d'Orléans fait connaitre celle précieuse qualité des feuilles de cassis.

« On les emploie ainsi : au moment elles sont vertes, on les hache comme du persil, et on les applique ensuile sur ou dans la blessure.

« Quand elles sont sèches, il suffit de les faire revenir quelques instants dans l’eau tiède, après quoi on opère de même qu'avec les feuiles vertes. |

« [l parait que ce traitement détruit immédiatement la purulence de la plaie et en avance considérablement la guérison. »

Îl a paru en 1722, un ouvrage intitulé : Des propriétés rails du cassis, cet arbuste est considéré comme une panacée.

Les feuilles et les sommités de cassis ont la réputation d’être astringentes, loniques, diurétiques, diaphorétiques, etc. On a con- seillé l'infusion des feuilles de cassis, à laquelle on ajoute, par litre d'iufusion, quatre cuillerées d'eau-de-vie, comme boisson très saine el qui désaltère bien.

L'EMPOISONNEMENT DU BÉTAIL.

Dans sa dernière séance, la Société d'agriculture, sciences et industrie de Lyon a entendu une communication de M. Cornevin sur les empoisonnements du bétail par les pommes de terre verdies, les pousses printannières et les tiges.

Des cas récents d’empoisonnement se sont produits dans le département de l'Isère ; et ils sont tous dus à la solanine renfermée dans la pomme de terre. Le tubercule en renferme des pro- portions minimes; mais les fanes, les baïes, les feuilles en con- tienneut de notables quantités; on en trouve également beaucoup dans les pousses et dans les épluchures. Et, en général, plus une parlie est verte, chlorophyllée, plus elle est dangereuse. Le verdisse- ment de l'enveloppe du tubercule se produit lorsqu'on ne butte pas

. 44 PROCÉS-VERBAUX

assez les pommes de terre ou qu’on les laisse trop longtemps sur le sol après l’arrachage. Cette année, les empoisonnements ont élé causés par les épluchures.

M. Cornevin a ensuite étudié quels étaient les effets de la solanine sur les ruminants, les porcs et les chiens, el les symptômes de l'empoisonnement; il a reconnu que les ruminants étaient de beau- coup les plus sensibles, et les chiens le moins, et que la solanine agissait comme un poison nerveux. fl y a d’abord excitation, puis coma. Le poison s’accumule dans l'organisme et n’est éliminé que peu à peu par les urines.

La solanine a-t-elle une action sur la germination des pommes de terre et d'autres graines ? Sur les pommes de terre son aclion n'est pas sensible : sur l'orge, le blé, le sarrazin et le maïs, son action est plus active. L’orge et le maïs éprouvent le moins d'effet : quant au blé et au sarrazin, leur germination a été très retardée.

M. Lavirotte cite un cas d’empoisonnement par les pommes de terre qui se produisit, il y a quelques années, dans les prisons.

M. Dreyfus rend compte d'un certain nombre d'expériences agricoles faites en collaboration avec M. Hérisson, professeur dépar- temental d'agriculture.

Dans une première série, la plante soumise à l’essai était de l’avoine de Brie, semée dans un terrain argilo-calcaire de fertilité moyenne.

Des cinq carrés ensemencés, le premier avait reçu une fumure équivalente à 1,000 k. à l’hectare d'engrais à, formule du syndicat, Savoir :

Sulfate d'ammoniaque.................... ?20Kk. Chlorure de potassium.................... 10 Superphosphate de chaux................ 30 PAPE nn a aient sr 40 TOTALE: Sen un saint 100 Kk

Le 2, la même quantité d'acide phosphorique et de sulfate d'ammoniaque que le 1.

Le 3, la même quantité d'acide phosphorique que les deux pré- cédents et un poids de nitrate de soude tel, que l'azote qui y était contenu fût en quantilé égale à celui du sulfate d'ammoniaque du 2.

Le 4 avait reçu 1,500 k. d'engrais b à l’hectare et le n°5, carré témoin, n'avait recu aucun engrais.

Aïnsi le 1 ne différait du deuxième que par les sels de polasse

DES SÉANCES 45

sous forme de chlorure de potassium (en ne tenant pas compte du plâtre dont l’effet dans le sol argilo-calcaire était négligeable).

Les n°* 2 et 3 renfermaient les mêmes éléments fertilisants, mais l'azote sous forme différente.

Les résultats des expériences furent entièrement concluants.

Le rendement du carré 1 fût maximum, ce qui était facile à prévoir, vu la composition du sol qui, à l'analyse, n'avait fourni que de faibles quantités de sels de potasse assimilables.

Les carrés 2 et 3 produisirent très exactement la même quantité de grain et de paille. Ce résultat remarquable montre que la transformation du sulfate d'ammoniaque en nitrate s'était opérée rapidement et que ce dernier avait produit tous ses effets utiles aussi bien que le nitrate de soude du 2. Il explique, d'autre part, la pratique de bon nombre d’agriculleurs de la Haute-Loire et de bien d’autres régions, et qui consiste à employer, au printemps, le nitrate de soude à la place du sulfate d’ammoniaque qui entre en général dans la constitution des engrais composés pour cé- réales.

Le quatrième carré a fourni un rendement égal à celui du 1, résullat aussi intéressant que concluant : il montre, en effet, qu'il n'y a aucun avantage à fumer au-delà d’une certaine limite, limite qui paraît étre d’un millier de kilogrammes d'engrais complet par heclare, ainsi qu’en témoigne cette expérience.

Le carré 5, qui devait dans cette série d'expériences servir de lerme de comparaison, a produit un rendement en paille et grain de beaucoup inférieur aux autres carrés; résultat que les expérimenta- leurs ne cherchaient nullement à prouver, pénétrés qu'ils sont de l'heureuse influence exercée par les engrais chimiques sur la cul- lure ; mais cetle expérience a permis néanmoins d'établir, une fois de plus, en tenant compte des différentes données du problème, que la culture des céréales à l’aide des engrais chimiques était encore rémunératrice malgré l’avilissement des prix actuels.

Une autre expérience a été faite sur la culture des pommes de terre, la variété soumise à l’expérience était le Richter Impérator.

Un are avait recu l’engrais E! du bulletin du Syndicat.

Formule E". | Nitrate de potasse......................... -. 20Kk. Superphosphate de chaux.................. 50

PAL ne rense 30

AG PROCÈS-VERBAUX

Prix en 1896 des 100 kilog. : 15 fr. 10. Un autre are avait été fumé par le même poids d'engrais E? dont la composilion est :

Formule E".

Nilrale-de:SOude: 32. 46e en 15 K. Sulfate de potasse..............,.......... 15 Superphosphate de chaux.................. 50 PlatPer sites ess van os 20 ÉOPALS Sanaa is 2 100

Prix en 1896 des 100 kilog. : 12 fr. G5.

Cette deuxième formule renferme la même quantité d'azote, de potasse et d'acide phosphorique, mais ces corps y entrent sous des formes différentes. L'azote s’y trouve à l’état de nitrate de soude et la potasse, sous forme de sulfate.

Il s'agissait de comparer les rendements. Le problème posé élait d'une grande importance pratique, car la deuxième formule peut s'établir à un prix bien inférieur, 12 fr. 65 les 100 kilos au lieu de 15 fr. 10; cette différence de prix tient à la cherté relative du nitrate de potassse. Les résultats dépassèrent les prévisions les plus favo- rables. Le rendement du carré ?, qui avait reçu l’engrais for- mule E?, était au moins de 1/10 supérieur à celui du carré i.

Ce résultat n'est pas isolé ; un grand nombre d'expériences ont élé failes à ce sujet, el presque toutes ont établi, pour les plantes à racines pivotantes et la pomme de terre, la supériorité du sulfate de potasse sur les autres sels du même métal. La plus grande diffusi- bilité de sulfate explique du reste facilement ces bons effets.

Comme conséquence naturelle de ce qui précède, le chlorure de potassium sera employé de préférence pour les plantes à racines traçantes telles que céréales, graminées, etc.

M. Dreyfus rend compte ensuile de l'immense développement pris par l'emploi des engrais chimiques. Il indique la part prise par les syndicats agricoles à la propagation de ces merveilleux agents fertilisants. Parmi les nombreux exemples signalés, il y a particu- lièrement à retenir le syndicat des agriculteurs de la Vienne qui, entre tous, a pris une extension inespérée, ainsi que le prouve le tableau suivant indiquant à la fois la progression du nombre des adhérents et des quantités d'engrais employées pendant les années SUCCESSIVES :

DES SÉANCES 47 Nombre des adhérents. Quantités d'engrais employées chaque année. 22 août 1884 356 » 1e janvier 1885 .. 442 96,800 Kk. 1886 694 600,100 1887 945 879,400 1888 2,300 2,530,229 1889 5,000 5,895,114 1890 9,400 9,503,200 1891 11,500 10,985,325 1892 12,580: 13,295,850

Pour donner une idée des matières employées, M. Dreyfus termine par l'indication des livraisons failes par ce syndicat aux agriculteurs

rendant l’automne 1892.

Sulfate d'ammoniaque Nitrate de soude

205: 0e 6 e ee = © © = © = e

SCOFIBS de einer en Chlorure, carbonate, sulfate, nitrate

de potassium..............,....... NRAOILES 252 2 ie dus cut Sulfate de cuivre Sulfate de fer....................... Engrais complet (différentes formules)

pour céréales, prairies, vignes, etc. Divers

2. te © 6 + © + e

CR

Au priutemps de la même année 1892, les matières employées

élaient représentées par 9,348,200 kil.

M. Hedde communique une lettre de M. Auguste Garnier, secré- laäire-général du Comice agricole d’Yssingeanx, relative à l'intention qu'à ce Comice de faire une distribution de récompeuses lors des concours qui doivent avoir lieu cette année à Yssingeaux.

M. le Président consulle l'assemblée pour fixer la date de ces concours ; il est décidé que le concours départemental et le con-

48 PROCÈS-VERBAUX

cours pour la race bovine du Mézenc, auront lieu simultanément à Yssingeaux, le dimanche 20 septembre 1896.

L'un des secrétaires,

Pa. HEDDE.

SÉANCE DU 2 JUILLET 1896.

PRÉSIDENCE DE M. LE D' MOREL.

Présents : MM. Breschet, de Cailleux, Dreyfus, Gazanion, Louis Gueytlier, Hedde, Hérisson, Lascombe, Marlin, instituteur, D' Morel, O’'Farrell, Valléry-Michel, Vialla et Vignon.

Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté.

Procédant au dépouillement de la correspondance, M. le Président communique une lettre de M. le Ministre de l’agriculture suivie d’un rapport adressé au Gouvernement par un inspecteur des finances envoyé en mission spéciale pour étudier en Allemagne le fonctionne- ment de l'admission temporaire des blés et des bons d'importation.

M. le Ministre exprime le désir que ce document soil soumis à la Société afin de connaître ses appréciations sur les applications qu'on pourrait en faire en France.

M. Hérisson est chargé de l'examen de ce rapport.

Une lettre de M. le Ministre de l'instruction publique, accompagnée du programme du 35° Congrès des Sociélés savantes, fixe l’ouver- ture de ce congrès au mardi, 20 avril 1897.

M. le Maire de Saugues réclame la bienveillance de la Société en faveur du concours d'animaux reproducteurs qui aura lieu dans cette ville le 14 août prochain.

Pour encourager les efforts des éleveurs de cette région l’assem- blée vote, à l’unanimité, deux médailles d'argent et trois de bronze.

M. de Cailleux annonce qu’à.loccasion de ce concours M. le Mi- nistre de l’agriculture a alloué à la ville de Saugues une somme de 195 francs, une médaille d'argent et deux de bronze.

M. le Préfet de la Haute-Loire informe la Société que, par déci-

DES SÉANCES 49

sion du 22 juin dernier, M. le Ministre de l’agriculture lui a accordé, celle année, les subventions suivantes :

Subvention ordinaire................................ 2.500 » Subvention extraordinaire pour le concours de la race QUMO7NÉ SE re urnes ue 2.000 »

TOTAL. : 1110. 5.500 »

Les maires des communes des Vastres, du Mazet-Saint-Voy, de Saint-Front, et vingt habitants de celle des Estables prient la Société agricole et scientifique de la Haute-Loire de faire pratiquer, le plus Üt possible, des inoculations anti-charbonneuses qui ont rehdu, l'année dernière, de grands services aux éleveurs de ces montagnes.

Pour satisfaire à ce désir, M. Vialla, vétérinaire au Puy, va reprendre, dans la région du Mézenc, la série des vaccinations anti- charbonneuses.

Uu rapport présenté par le D' Charbonnier à la Commission per- manente de l'hygiène de l'enfance, signale un mémoire de M. Rome, Sous-inspecteur des enfants assistés de la Haute-Loire. Ce mémoire a pour titre : Des conditions d'élevage des tout jeunes enfants et de l'observation des conseils élémentaires donnés par l'Académie de médecine, aux mères et aux nourrîces dans le département de la Haute-Loire. La Société a vu, avec la plus grande satisfaction, que le travail de notre confrère avait été récompensé par une médaille d'argent.

Uue note de M. Vayssié, sur la conservation des arbres mutilés, est l’objet de la communication suivante :

« Il arrive fréquemment aux arbres des accidents, soit par les effets de la séparation à la scie, au lieu d’iustruments tranchants, des branches reconnues inutiles, ou bien par le fort frottement d’un

essieu de véhicule contre le tronc et leur causant ainsi une blessure dont ils ne peuvent plus se guérir, faute de soins.

« Le contact de l’air ou autres influences atmosphériques, et l’action des légions d'insectes qui s’y forment, ne tardent guère à appauvrir \a partie dénuée par la plaie, accentuant plus ou moins vite la carie du cœur des arbres.

« Dès lors, la croissance et la végétation se ralentissent, les feuilles se dessèchent et les sujets ainsi atleints finissent par périr.

« Des divers procédés mis en pratique pour remédier à ces incon- vénients tels que, pulvérisations multiples et variées, apposition

4

50 PROCÈS-VERBAUX

d’une plaque en zinc sur la partie malade, etc., le plus simple est le suivant : |

« Combler les cavités des arbres avec du mortier à base de chaux hydraulique ou du Teil et sable, en ayant soin de recrépir celles qui en auraient besoin, tous les hivers.

« Les effets de cette opération auront pour heureux résultals la stimulation des parties encore vivantes, qui, reprenant une nou- velle vigueur, ne tarderont pas à se débarrasser des germes el con- quences de la carie si funeste à leur développement.

« Pour protéger les arbres contre les fourmis, il suffit de tracer sur le tronc uu collier avec un pinceau imbibé d'huile de cade. »

M. Hérisson est désigné pour s'entendre avec le Comice d'Yssin- geaux et la municipalité de cette ville en vue d'organiser le concours départemental et de la race bovine du Mezenc dont la date reste décidément fixée au 20 septembre 1896.

Dans la prochaine séance de la Société, M. Hérisson rendra compte de sa mission et tous les détails du concours seront réglés.

M. Hérisson prie la Société de vouloir bien nommer une commis- sion à l'effet de visiter le champ : expériences établi à Chastelvol, près la gare du Puy.

Sont nommés membres de cette Commission : MM. de Cailleux, Hedde, Breschet, Chaudier, Gazanion, Valléry-Michel et Martin, instituteur.

Les récoltes présentent un aspect satisfaisant. Toutefois, la grêle a endommagé sur certains points du département les céréales, les len- tilles et les pommes de terre.

Le phylloxéra a pris une grande extension dans tout l’arrondisse- ment de Brioude. Le vignoble est sérieusement menacé.

L'un des secrétaires,

À. LASCOMBE.

DES SÉANCES 51

SÉANCE DU 6 AOÛT 1896.

PRÉSIDENCE DE M. LE Dr MOREL.

Présents : MM. Boyer, avocat, Boyer. professeur d'agriculture à Charlieu, Chaudier, Gazanion, Habriat, Hedde, Hérisson, Lascombe, D' Morel, Mazat, Martin, instituteur, Rome, Sklénard, Triouleyre, . Valléry-Michel, Viala. |

Lecture est donnée du procès-verbal de la dernière séance qui est adopté.

M. le Président procède ensuite au dépouillement de la cor- respondance.

M. le Maire de Saint-Georges-d’Aurac demande à notre Société d'accorder quelques médailles en vue de favoriser le concours

d'animaux gras qui se tiendra le 27 septembre prochain à Saint- Georges-d'Aurac. L'assemblée consultée décide qu’il sera accordé deux médailles d'argent et trois de bronze.

M. le Maire de Saugues demande, eu faveur de certains proprié- laires de sa commune qui ont perdu dans le courant de l’année des animaux du charbon symptomatique, que la Société veuille bien faire Pratiquer des vaccinations à titre gratuit. La Société, à la suite du rapport lu par M. Viala, vote un crédit de 200 fr., reliquat de la Subvention départementale, et charge M. Habriat de pratiquer les Vaccinations anti-charbonneuses demandées.

Lettre de M. le Président de la Société Nationale d'Encouragement

à l’Agriculture (5, avenue de l'Opéra, Paris) :

« Nous avons l'honneur de vous informer que le concours du prix A4. Meynot aîné, père et fils, aura lieu cette année dans le dépar- tement de la Haute-Loire.

«Ce prix, qui peut être divisé, consiste en une somme de 700 fr. en espèces. |

« Il est attribué à la petite et à la moyenne culture.

« Le concours à lieu sur titres.

« Nous espérons que les candidats seront nombreux, comme l’an

52 PROCÈS-VERBAUX

dernier dans la Savoie et nous venons faire appel, pour les déler- miner à prendre part à ce concours, à votre influence et à votre dévouement aux intérêts de l'agriculture.

« Veuillez agréer, elc. | « Le Député-Président,

« Signé : Ed. CAZE ».

M. Lascombe fait les communications suivantes :

« Une découverte intéressante a élé faite, ces temps derniers, à Saint-Marcel près le Puy, village qui possède encore, quoique trans- formée en maison d'habitation, une église romane datant vraisem- blablement du xi° ou x siècle.

« M. Terle, propriélaire actuel de celte église, ayant percé le mur du chevet de cet édifice en vue d'y créer un soupirail destiné à l'aération d'une cave, a mis au jour une plaque de marbre blanc, posée de champ et portant l'inscription suivante :

SANCTVS + MARCELLVZ : MARTIR X . PI : AGO

« À gauche de cette inscription figure le monogramme du Christ.

« Au pied de cette plaque se trouvaient une boite rectangulaire en plomb, sans couvercle, au milieu de laquelle reposait un coffret de même métal, de forme quadrangulaire, surmonté d’un couvercle el une espèce de reliquaire en cuivre jaune auquel manquait une des parois. Ce reliquaire contenait deux mèches de cheveux, de minces appliques de cuivre et des débris de bois.

« Dimensions de la plaque de marbre : « Longueur, 0,85 centimètres;

« Hauteur, 0,32

« Epaisseur, 0,03

« Hauteur des lettres, 0,05 centimètres.

« M. Jules Thomas a signalé le premier, dans le journal La Haute- Loire, la découverte de cette inscription dont nous avons envoyé une photographie à M. Allmer, correspondant de l’Institut à Lyon.

« Ce savant épigraphiste nous écrit à ce sujet :

« De quelle époque est cetle inscription? Vous inclinez à la consi- « dérer comme contemporaine de celle de saint Scutaire que « M. Edmond Le Blant rapporte aux dernières années du v* siècle ou «au vi‘, mais ne l'a-t-il pas remontée trop haut? D'après la forme « des lettres et des moulures, elle me paraît beaucoup moins ancienne.

DES SÉANCES 53

« Est encore moins ancienne l’épitaphe de Marcellus : elle me laisse « l'impression d’une inscription du siècle au plus haut, et si je «m'en tenais à la forme des chapiteaux dont sont couronnées les «colonnes romaines de la chapelle elle vient d’être trouvée, je « descendrais d’un siècle encore », etc., etc. »

« Il y a lieu de se demander pourquoi le mot Episcopus ne figure pas sur cette inscription puisque, depuis un temps immémorial, saint Marcel est honoré dans le diocèse du Puy, comme saint et comme évêque. |

«Un bréviaire manuscrit du xv° siècle, déposé à la bibliothèque publique, et deux missels du Puy de 1511 et 1543, qualifient notre saint d'Episcopus et sa fêle se célèbre le 11 septembre de chaque année. .

« À quelle époque a-t-il vécu, quel siège épiscopal a-t-il occupé, c'est ce qu'aucun document ne nous fait connaître. La postérilé n’a conservé de lui que le souvenir consacré du reste par les honneurs que lui rend l'Église.

« Le père Branche, dans la Vie des saints el saintes d'Auvergne et du Velay, dit que le martyr de saint Marcel eut lieu peu après le décès de saint Scutaire, évêque du Puy, c'est-à-dire au vie siècle.

« Le sanctoral de Mgr de Maupas du Tour, édité en 1661, donne sur saint Marcel les renseignements suivants :

« Tandis qu’un saint évêque, appelé Marcel, traversail, en voya- « geant, le territoire du Puy, des habitants de la campagne, ennemis « déclarés du nom chrétien, se saisirent de lui et, après l’avoir cruel- « lement frappé, ils le conduisirent à un arbre voisin du Puy et le décapitèrent. Un rocher demeura longtemps teint de son sang et « l'arbre près duquel avait été conduit le martyr recut ensuite le nom « d'arbre de saint Marcel.

« Le corps du saint martyr, qui reposa quelque temps sous son « ombre, se releva tout-à-coup comme s’il eût été vivant et, prenant «en ses mains la tête, il la porta d’abord à une fontaine voisine «il la lava, ensuite dans un édicule consacré à la sainte Vierge qui «se trouvait à peu de distance et il marquait qu'il voulait étre «“enlerré. D'où il vint que le village se trouve cet édicule porte «encore le nom de Saint-Marcel. Quant à la fontaine dans laquelle la « lêle sacrée ful lavée, elle eut le pouvoir de guérir diverses maladies. « Au lieu même de son martyre les fidèles élevèrent à saint Marcel « un temple qui, plus tard détruit par la guerre, fut reconstruit sur «le même emplacement mais dans des proportions moins consi-

« dérables. » | C'est encore M. Jules Thomas qui, par l'organe du journal Za

54 PROCÈS-VERBAUX

Haute-Loire, nous a fait connaitre la découverte d’une inscription romaine à Saint-Paulien..

« Un propriétaire de cette ville, en défonçant un champ situé au lieu dit Marchadial, a trouvé, à ? mèlres de profondeur, des briques striées, deux cols d’amphore, une pièce de bronze à l'effigie de Lucille, fille de Marc Aurèle, une autre de la colonie de Nimes, des débris de vases en terre, un mascaron en terre cuite, et une petite tablette en marbre blanc portant sur les deux faces une inscription latine :

Face principale. Face postérieure. SALVTI GE SALVTI GENE NERIS HV RIS HVMANI MANI. L. SERGIVS PRI SERGIVS MVS MERI PRIMVS TO POSVIT POSVIT DEAE

MERITO

À propos de cette double inscription soumise également à la haule compétence de M. Allmer, ce dernier nous adresse la note qu suit :

« La petite inscription romaine que vous venez de m'envoyer n’est ni encombranute ni banale : elle me paraît être du siècle ou peut- être du mme. C’est, comme vous l’avez vu, d’après la bonne lecture que vous en donnez, un acte d'action de grâces à la déesse Salus, conservatrice « du genre humain ». Il n’y a rien à y chercher de chrétien; c’est tout à fait païen, ainsi que le montre le mot Dear qui termine le lexte de l’avers de la face postérieure et se rapporte à Salutr : « la dea Salus generis humani. » On trouve la déesse Salus populi Romani, mais jusqu’à présent je ne connaissais pas d'exemple de la déesse Salus du genre humain. Quel grand et terrible événe- ment a donc pu inspirer des craintes pour la conservation du genre humain ? Une guerre, un tremblement de terre, une invasion de barbares n’ont pas des proportions assez vastes pour faire naître une telle appréhension. Je penserais volontiers à cette grande peste des années 166 et suivantes qui, partie du centre de l'Afrique, envahit l'Égypte, le pays des Parthes, puis l’Europe et particulièrement l'Italie et toute la Gaule, jusqu’au Rhin, et put sembler devoir être la fin du monde. La forme des lettres ne permet, ni de remonter au r<" siècle, ai de dépasser la moilié du rtre. »

Un habitant de Borée (Ardèche), chef-lieu de commune, situé à une allitude élevée et en face du Gerbier des Joncs, a découvert, en

DES SÉANCES 55

démolissant un mur, 600 pièces de monnaies françaises, contenues dans un vase qu'il s’est empressé de détruire.

Ce dépôt numismatique remontant au moyen âge comprenait des deniers tournois de Louis IX et de Philippe IV dit le Bel, des doubles bournois et des gros tournois de Philippe de Valois, enfin des gros lLournois de Charles V.

Ces pièces, dont quelques-unes en argent et les autres en billon, ont été frappées durant la période qui s'étend des années 1226 à 1380, et leur disparition remonte à la fin du xiv° siècle.

M. Sahy, négociant au Puy, devenu acquéreur de ces monnaies, a eu la générosité de faire don au musée de notre ville d’un double spécimen de chacune d'elles.

Le Bulletin de la Société scientifique, historique et archéologique de la Corrèse (t. XVIII, livraison) reproduit le sceau d’Augustin de Mailhet, évêque de Tulle, à Vachères (Haute-Loire), le 22 août 1:63, nommé évêque de Tulle et sacré le 24 avril 1825, mort le 16 mai 1842.

Sceau ovale de 19 centimètres sur 15, plaqué sur une lettre à M. le comte de Valon (19 mai 1830).

Pas de légende.

Dessin. Écusson aux armes (d'azur à trois maillets d'argent 2? et 1), posé sur un cartouche, timbré d’une couronne de marquis, accostée d’une mitre et d'une crosse et surmontée du chapeau épiscopal. Ce sceau est au musée de Brives.

M. Chaudier, rapporteur de la commission nommée à l'effet de visiter le champ d'expériences situé à Chastelvol, près Ie Puy, lit le rapport suivant : | |

« La commission nommée pour visiter le champ d'expériences de la Société agricole et scientifique de la Haute-Loire s’est rendue sur les lieux, le 17 juillet dernier.

« Elle a pu constater que le professeur départemental d'agricul- lure, qui en a la direction, continue à y faire des essais très sérieux sur ce qui peut intéresser la culture dans notre département.

« Les variétés de céréales les plus recommandables y sont expé- rimentées, ainsi que celles de pommes de terre à grand rendement.

« Des expériences sur l'emploi des engrais chimiques appliqués à la culture de la lentille s’y poursuivent d’une facon très suivie.

a On y trouve aussi des échantillons de diverses plantes four- ragères recommandées dans ces derniers temps, etc., etc.

« En un mot, tout y est coordonné de la façon la plus intelligente. Mais ce ne sera qu'après la récolte et après le pesage et le mesurage des produits de chaque carré en particulier que l’on pourra tirer une

56 PROCÈS-VERBAUX

conclusion de ces travaux qui ont une grande importance pour l'avenir de notre agriculture locale. »

M. Hérisson donne quelques renseignements sur l'admission tem- poraire des blés et renvoie à une prochaine séance de faire, s'il y a lieu, un rapport complémentaire sur celte question.

M. Viala rend compte de sa tournée d’inoculations anti-charbon- neuses, dans les communes du Mazet-Saint-Voy, des Vastres, de Saint-Front et des Estables. Le nombre des inoculations pratiquées à été de 736, soit 42 environ par tube : il lui a été impossible de satisfaire à toutes les demandes; les inoculations ont parfaitement réussi, car aucun Cas de charbon n’a été signalé dans ces communes.

On a prévenu les agriculteurs que l’année prochaine ces opérations ne seraient plus gratuites; ceux-ci font des démarches auprès de leurs municipalités pour allouer à la Société agricole et scientifique une somme annuelle qui lui permette de continuer gratuitement ces inoculations, ainsi que celles du r'ouget des porcs.

M. Gazanion fait part à l'assemblée des observations qu’il a faites sur les pluies tombées pendant le mois de juillet qui donnent au total une couche de 156 millimètres. |

M. le docteur Morel, à l'occasion des accidents qui ont eu lieu récemment par suite des morsures faites par des vipères, lit la nolice suivante sur les mesures à prendre en pareils cas :

« Messieurs,

« Dans nos réunions mensuelles, plusieurs fois, il a été question des serpents; il y a quelques années, un de nos collègues, Moullade, pharmacien, mort malheureusement depuis cette époque, nous entretenait du mimétisme, c’est-à-dire de cette faculté spéciale qu'ont les reptiles, comme quelques autres animaux du reste, de prendre, à la longue, à peu près la couleur du terrain sur lequel ils vivent, échappant ainsi plus facilement aux regards de leurs ennemis. C’est ainsi que dans nos régions, dans les terrains volcaniques, à Denise par exemple, la vipère est rougeâtre; dans nos vignes de Chausson, elle est comme la terre, couleur gris de fer, et dans les terrains marneux, entre Rochelimagne et Blanzac, elle est grisâtre.

« Moi-même, il y a un an environ, j'ai pu déposer sur votre bureau un bocal renfermant plus de 250 petites couleuvres ramassées par un poseur du chemin de fer sous quelques roches bordant la voie, aux environs de Fix; je vous faisais remarquer, à celte occasion, combien ces reptiles sont prolifiques, et combien, par conséquent, il est important de les détruire, si l’on songe surtout qu'ils ont une

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résistance très grande, puisqu'il est reconnu qu’ils peuvent vivre plus de cenl ans.

« Dernièrement encore, le docteur Boyer, un savant doublé d’un spirituel écrivain, par deux fois nous a parlé des serpents et plus particulièrement des vipères.

« 11 nous a décrit le mécanisme de l'injection du venin, par deux crochets canaliculés, ordinairement couchés le long du voile du palais et se relevant lorsque l’animal voulait mordre méchamment: leur base appuyant alors sur la glande à venin, située entre l'œil et la branche montante du maxillaire supérieur, la comprime et le venin, s'échappant alors par les canaux dont sont creusés les cro- chets, est projeté dans l'épaisseur des tissus. C’est une véritable injection, comme on en pratique tous les jours avec la seringue de Pravaz. |

« Le venin, ainsi directement porté dans le torrent circulatoire, arrive rapidement au cerveau et, agissant très probablement sur le bulbe, peut très rapidement entraîner la mort, comme on en voit de {rop fréquents exemples, non pas heureusement dans nes régions lempérées, mais dans les pays placés sous les zones chaudes se trouvent les serpents les plus venimeux, tel que le cobra ou serpent à lunettes dans les Indes, on évalue environ à 22,000 par an, le nombre des victimes faites par ce seul serpent; le caméroun dans le Gabon, se trouve encore la vipère rhinocéros, ies crotales ou serpents à sonnettes dans la Guyane et la Plata, enfin en Egypte, l'aspic (naja-haje), tout petit serpent, cependant très venimeux, devenu historique par la mort de Cléopâtre.

« Permettez-moi, à cette occasion, une petite digression, pour vous signaler que cette manière de se donner la mort existe encore dans ce beau pays, l’on trouve des matrones conservant en cage de ces jolis petits animaux qu’elles vendent ou prêtent, moyennant rétribution, bien entendu, à ceux ou à celles qui veulent en finir avec la vie, aux jeunes filles tout particulièrement, prises comme la reine Cléopâtre d'un violent dépit d'amour.

« L'aspic y remplace le légendaire réchaud de nos grandes villes.

« En Europe, fort heureusement, nous n’avons qu’une seule espèce de serpent venimeux : la vipère, dont la morsure, quoique moins redoutable que celle de ces terribles ophidiens que nous venons de vous signaler, n’en est pas moins très dangereuse, car quoi qu'en ait dit Fontana et autres, il est bien certain qu’en France la morsure de la vipère adulte amène souvent la mort chez l'homme, qu’elle met toujours sa vie en danger ou compromet sa santé pour un très long temps, voire même pour loujours.

58 PROCÈS-VERBAUX

« Comme nous le disait le docteur: Boyer, on ne saurait donc trop encourager les chasseurs de serpents, les hommes qui, comme Courtol, font presque un métier de cette chasse, grâce à la fameuse prime de 25 centimes payée par la préfecture, pour chaque vipère adulte présentée.

« La communication du D' Boyer, bien certainement adressée à la Revue Scientifique dont il est un des collaborateurs, a fourni à un des rédacteurs du Petit Journal, Thomas Grimm, le fond d'un excellent article, paru dans le numéro du 7 juillet dernier, article dans lequel il est grandement question de Courtol, qu’il dénomme le tueur de vipères du Velay, qui, dit-il tient jusqu’à présent le record pour celte chasse, puisqu’en 7 ans, d’après les chiffres officiels, Courtol a tué plus de 9,000 de ces dangereux reptiles.

« Ce Courtol me rappelle un homme presque devenu célèbre dans notre ville, un homme que l’on trouvait toujours il y avail un danger à courir, un sauvetage à opérer, un homme dont le nom passera à la postérité, grâce à un vers bien connu de notre poële des champs, Monsieur Calemard de Lafayette :

«a Bada dont le courage ennoblit les pieds nus.

« Quoi qu’il en soit, s’il est bon de détruire les serpents et d’encou- rager, par conséquent, ceux qui leur font la chasse, ce qui n’est pas toujours sans danger, il n’en est pas moins utile, à cette époque de l'année surtout l’on fait les moissons et la chasse va s'ouvrir, de rappeler d’une manière succinte, les moyens les plus pratiques el les meilleurs à employer immédiatement pour traiter l’homme ou l'animal mordu par une vipère, sans s’en rapporter, ce qui arrive trop souvent, à ces prétendus guérisseurs qui ne font que rassurer le moral, en laissant au venin toute sa puissance d’action.

« Donc, en cas de morsure par une vipère :

« Pour retarder l'absorption du venin, placer une ligature avec un lien quelconque, ou au besoin avec un mouchoir de poche, entre la partie mordue et le cœut:; ainsi, si l’on est mordu au doigt, liga- turer vers la racine de ce doigt; si l’on est mordu à la main, placer la ligature au-dessus du poignet, si l’on est mordu au pied ou vers la cheville, ce qui arrive fréquemment, la mettre au-dessous du æenou, elc.

« 20 Faire sortir de la morsure le plus de venin possible et, pour cela, avec un instrument tranchant quelconque, agrandir la plaie el la sucer énergiquement sans avoir aucune crainte, car, aujourd'hui, il est bon qu’on le sache bien, il est parfaitement établi que le venin de la vipère, même lorsqu'il est avalé, n’a aucune action sur notre

DES SÉANCES 59

économie; on peut cependant, à chaque succion, cracher le sang et, par conséquent, le venin ainsi recueilli dans la bouche.

« À ce propos, il me revient en mémoire le fait d’un enfant de 7 à 8 ans, mordu à la main par une vipère dans le chemin qui conduit à la Roche-Arnaud; la mère ayant immédiatement pratiqué la succion, les accidents consécutifs ont été assez bénins, et tout s’est borné à quelques vomissements et à un gontiement assez sensible du bras, gonflement qui s’est dissipé en cinq à six jours.

« Ces précautions préliminaires prises avec sang-froid et calme, laver les plaies produites, soit par les crochets du serpent, soit par l'instrument tranchant si on a cru devoir l’employer, avec une solu- tion à un pour cent de permanganate de polasse ou d’acide chro- mique; on ne doit pas craindre de faire profondément pénétrer le liquide dans la plaie, cette pénétration n'étant point douloureuse comme celle de l’alcali volatil (ammoniaque liquide) jusqu’à nos jours si généralement employé. Toutes ces petites opérations faites, la plaie recouverte d’un linge imbibé de la solution antiseptique, tout danger est écarté et l’on peut être complètement rassuré sur les suites à venir.

« Mais à propos de la morsure des serpents venimeux, la science n’a pas dit son dernier mot, et voilà que le Dr Calmette, directeur de l’Institut Pasteur de Lille, élève du D' Roux, vient de publier une brochure des plus intéressantes et des plus utiles sur le traitement des morsures venimeuses par le sérum des animaux vaccinés.

« Comme pour la préparation du sérum antidiphtérique, le Dr Cal- melle a vacciné des chevaux, en injectant dans leurs veines des doses croissantes de venin, graduellement mélangé à doses décrois- santes d’une solution d'hypochlorite de chaux à 1/60°.

« Ces injections sont répétées tous les 4 ou 5 jourset, au bout de six mois, le sérum de ces chevaux jouit de propriétés thérapeutiques que l’on peut employer contre les morsures des serpents, même les plus venimeux.

« Ce sérum, comme le sérum antidiphtérique, est doué à la fois d'un pouvoir préventif et curatif.

« Et justemeut dans l'article de Thomas Grimm, dont je vous par- lais il y a un instant, article intitulé : Les Vipères, nous lisons :

« Les journaux anglais nous apportent la nouvelle que le sérum « antivenimeux du D' Calmette vient de donner, dans plusieurs cas, « d'excellents résultats et de procurer des guérisons réelles chez des « sujets mordus aux Indes par quelques-uns de ces redoutables « serpents, dont le venin entraîne si rapidement la mort.

« Ces nouvelles ont élé accueillies avec joie et reconnaissance dans

60 PROCÈS-VERBAUX

« nos colonies, la sérothérapie semble une fois de plus appelée à « sauver des vies humaines. »

« Honneur donc au Dr Calmette, mais honneur surtout au créateur de la sérothérapie, au docteur Roux, notre collègue, puisque nous . avons l’insigne honneur de le compter parmi les membres de notre société, et je dirai encore presque notre compatriote, puisqu'il a fait toutes ses premières études dans notre vieux lycée du Puy. »

M. Chaudier ajoute qu'il est d'autant plus à propos de faire con- naître à nos cultivateurs ces mesures défensives qu’en ce moment, par suite des dernières pluies, les vipères sortent de leurs retraites el se rencontrent très fréquemment sous les javelles des céréales qu'on a élé forcé de laisser sur le sol pour les faire sécher.

Le monde des plantes, revue internationale illustrée de botanique (numéro du 1°" août 1896) signale la découverte par M. Liotard de plu- sieurs espèces de mousses non mentionnées dans la Flore du Velay d'Arpaud. Elles ont élé trouvées à l’'Ermitage près le Puy, au bois de Paradis près Espaly el dans le voisinage de la ferme de Laval, à 2 kilomètres environ du village de Vals.

M. Hérisson, qui s'est rendu à Yssingeaux avec M. Chaudier à l'effet de prendre les arrangements nécessaires pour la tenue des concours qui doivent avoir lieu dans cette ville le 20 septembre pro- chain, rend compte des dispositions du programme soumis à l'ap- probation de notre société. Il est très important de bien fixer d'avance les conditions de ces concours, pour déterminer exactement les sommes qui leur seront affectées et de prévenir toute espèce de difficultés.

La ville d'Yssingeaux se charge de l'installation du concours, pour lequel le comice agricole de cette ville a voté une somme de 800 fr.

De son côté, la Société agricole et scientifique affectera à la tenue du concours départemental uneesomme de 2,100 francs, et pour le concours de la race bovine du Mezenc, celle de 2,000 francs.

Désignation du jury. Le jury comprendra: pour le concours du Mézenc, 6 membres du Puy et 4 d’Yssingeaux, pour le con- cours départemental, 4 commissions, deux pour l'espèce bovine, comprenant chacune 4 membres du Puy el 4 membres d’Yssingeaux, une commission pour les espèces ovine et porcine, comprenant 3 membres du Puy et 3 membres d’Yssingeaux, enfin la quatrieme commission, chargée d'examiner les instruments et produits divers sera composée de 3 membres du Puy et de 3 d’Yssingeaux.

L'assemblée, consultée, approuve l’ensemble du programme et procède à la nomination des membres du jury. Sont désignés à cet eflet :

DES SÉANCES 61

MM. Dr Morel, A. Jacotin, Hérisson, Chaudier, Hilaire, Giraud - (Henri), Viala (Odilon), Habriat, Pascal, Carle-Beraud, Cortet, Gire (Jules), Roussel (Antonin), Valléry-Michel, Hedde (Philippe), Boyer, professeur d'agriculture, Gazanion (Ed.), Blanc-Marthory, Dreyfus, Arnaud-Delaigue, Sklénard, Paul Vibert, Fr. Triouleyre.

État des récoltes, M. Chaudier expose que les dernières pluies ont causé un véritable désastre dans notre région, particulièrement dans la zone comprise entre 600 et 900 mètres d’allitude. La récolte qui était très belle n’a pu sécher suffisamment après la moisson pour être mise en pignons, de sorte que les grains germent sur le sol. Par contre, les regains promettent et le raisin est assez avancé.

L'un des secrétaires, Ph. HEDpE.

SÉANCE DU 5 NOVEMBRE 18%.

nn |

PRÉSIDENCE DE M. LE Dr MorEL.

Présents: MM. Antier, Bernard, Dr Boyer, de Brun, D' Coiflier, Drey- fus, Ferret-Deschamps, Gazanion, Louis Gueyflier, Hedde, Jacotin, Lascombe, Mallat, Martin, instituteur, Dr Morel, Pellissier, Rioufol, Sklénard, Valléry-Michel et Viala.

Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté sans observations.

M. le Président rend compte du concours départemental et de la race bovine du Mézenc, tenu à Yssingeaux ie 20 septembre dernier, en présence de M. Menault, inspecteur général d'agriculture, délégué par M. le ministre de l'Agriculture.

Notre confrère, M. Viala, nous communique, ainsi que suit, les réflexions de M. Menault, sur la race du Mézenc et les fait suivre de conseils adressés aux agriculteurs de cette région :

« Frappé des progrès qu’elle a faits depuis une vingtaine d'années, M. Menaull nous a fait constater chez certains sujets, sélectionnés,

62 PROCÈS-VERBAUX

il est vrai, la pureté des lignes, l'harmonie des formes, la souplesse de la peau, la finesse des extrémités, la diminution de la cheville osseuse, la tendance à la précocité, enfin, tous les caractères que l'on doit demander aux animaux pour racer. Le front carré et le profil droit ont attiré plus particulièrement son attention; il ne devrait pas y avoir un surélévement de la queue à sa base, nous disail-il, ce n’est pas en harmonie avec les autres caractères, il y a évidemment une lacune qu'il faut combler; cherchez la cause, détruisez-la el vous n'aurez plus leffet. Pour ce qui est du fanon, n'ayez aucune appréhension, vous arriverez sinon à le supprimer du moius à le modifier. |

« Vous avez en maiu les deux armes indispensables pour vaincre ces ditiicultés; ces armes sont l'alimentation et la reproduction. Pour ce qui est de la première, vous n'avez rien à désirer; si vos prairies ne sont pas des prairies d'embauche, peut-on discuter sur la variélé de votre flore? Les päturages aromatiques de vos mon- tagnes valent infiniment mieux que les joncs des prairies basses et humides, et la chair ferme, savoureuse et parfumée de vos animaux de boucherie est autrement appréciée que la chair flasque ou malle et sans goût des animaux de certaines contrées.

« Tous vos produits jouissent d’une supériorité marquée; comme preuve, consultez les cours des marchés de Paris, vous y verrez figurer en un haut rang la Haute-Loire. Qu’avez-vous à désirer de plus ? Voilà qui vous base sur la question d'alimentation, la valeur putitrive de vos fourrages et l’heureux résultat de leur transforma- tion en produits de premier choix.

« Voici maintenant le moment arrivé d'employer l'arme signalée en second lieu; n'opérez point par à-coups, allez progressivement, allez sagement, vous arriverez sûrement : je veux parler de la reproduction et du choix des reproducteurs en général et de la séléction en particulier : évitez ces mariages fantaisistes qui, comme résultat de longs sacrifices, viennent, par un coup d’ata- visme, renverser et détruire en une saison l’échafaudage construil à force de peines et d'argent.

« Sélectionnez, sélectionnez, il en restera toujours quelque chose; mais, sous quelque prétexte que cela soit, si vous voulez maintenir à l'état de pureté votre race du Mésenc, évitez les mésaillances, même avec les animaux les plus perfectionnés, vous vous ména- ceriez une série de déceptions qui seraient capables de rebuter les plus entreprenants, les plus convaincus, ceux en qui vous fondez toute espérance pour: la reconslitution et l'amélioration de votre race locale.

DES SÉANCES 63

« Le gouvernement de la République met à la disposition de la Société agricole et scientifique de la Haute-Loire une somme qui est sacrifiée par différence de prix de l'achat à la vente des repro- ducteurs de la race pure du Mézenc, aux conditions que ces repro- ducteurs mâles seront, de la part de l’adjudicataire, conservés jusqu’à l’âge de trois ans avec leur faculté pro-créatrice ; ils pourront être utilisés pour les travaux agricoles, mais ne seront émasculés que dans les cas de frigidité ou de méchanceté pouvant les rendre dangereux, cas qui doivent être constatés par un délégué de la Société. En outre, le détenteur est tenu de les prêter pour la saillie, moyennant reétribution, laquelle ne pourra dépasser la somme de 1 fr.

«Les taureaux porteront un numéro d’ordre à la corne droite, et les lettres H. B. (Herd-Book) à la hanche du même côté; ils rece- vront un nom qui évoquera leur origine en tant que lieu de leur naissance ou titre de filiation. Il devra également être pris note du signalement des vaches saillies, mais appartenant seulement à la race du Mezenc; ces produits, dûment enregistrés, seront, de préfé- rence, achetés par la Société, dans le but de continuer l'œuvre commencée, qui est l'amélioration de la race du Mézenc.

« Tel sera le début du Herd-Book. Les statuts du Herd-Book normand que M. Leblond, préfet de la Haute-Loire, a bien voulu procurer à la Société agricole et scientifique, nous ont, en cette cir- conslance, rendu un réel service ; aussi a-t-il droit à toute notre gratitude. »

« À tort ou à raison, l’administration de l'Agriculture cherche à éliminer des concours régionaux les races qui, comme celle du Mézenc, y sont représentées par un nombre plus que restreint de sujets. En effet, au programme du concours régional de Clermont, en 1895, on y voit attribuer un prix à chaque animal exposé.

« C'était un beau résultat, en partie à M. le Président du con- cours, qui avait engagé la commission à ne pas faire de virements de fonds en ce qui concernait cette section.

«a Le résultat a été moindre, cette année, au concours de Mont- pellier ; il est vrai aussi que cette exhibition agricole n’était pas présidée par un fervent admirateur des bovidés de l'Allambre et de ses environs, et qu’il a fallu un M. Chaudier pour être défenseur d’une cause gagnée, présentée devant un juge ayant une opinion contraire déjà formée. Nous ne pouvons ni critiquer la valeur des produits exposés, ni vouloir faire accroire à M. l’Inspecteur général d'agriculture que la Haute-Loire avait envoyé à Montpellier les meilleurs échantillons de ses produits.

G1 PROCÈS-VERBAUX

« Maintes courses nous ont appelé à visiter, par à peu près, toutes les fermes de cette haute région; nous avons pu nous rendre un compte exact de la valeur de cette race; elle est, comme le disait M. Bénion, aussi mal logée que le paysan, aussi mal soignée que lui, s’accommodant de peu et rendant beaucoup. Dans ses descriptions de la Tarentaise, le même auteur ne cesse de nous prendre à partie.

« En qui concerne les habitations de nos animaux, il n'a évidemment pas tous les torts; mais on comprend aussi qu’il n’a jamais habité les Estables ou vu une inondation au Pied d’Aigle. Roche-Grosse ou le Chaslelas lui sont restés aussi inconnus que les exigences de la vie dans cette partie montagneuse où, par le mau- vais temps, on voit assez souvent le fermier s'égarer ou mourir presque au seuil de son habitation.

« Les concours régionaux figurera la race du Mézenc prove. pant des plus hauts sommets, soumis au régime pastoral, Mona ront une fausse idée de cette race.

« Ne sont-ce pas, eu effet, toujours les mémes exposants qui : suivent tous les concours? Les prix qu’ils obtiennent suffisent large- ment à les rémunérer de leur perte de temps (ne faisant rien chez eux, elle est de peu de valeur), du détraquement des animaux; car, le changement de régime, les transports en chemin de fer, le trajet du domaine à la gare et inversement, sont autant de causes qui détraquent les animaux.

« Ces mêmes causes sont celles qui éloignent les fermiers ou les propriétaires des domaines l’on a besoin du bétail pour l'agri- culture. C'est cependant dans ces exploitations que l'on rencontre la race dans toute sa force, la race comme ne la voient pas ses détrac- teurs. Cela tient évidemment à la production du sol en général el des céréales en particulier; ces dernières, riches en acide phospho- rique, facilitent le développement du squelette et le travail de celui des masses musculaires.

« À la suite de la tournée de la prime d'honneur dans la Drôme, M. le Directeur de la ferme-École de Nolhac nous disait : Vous ne vous figurez pas ce que sont les bœufs du Mezenc dans le dépar- tement que nous venons de visiter ni dans ceux de l'Isère el de Vau- cluse. Assurément c'est une race, elle n’est pas à négliger, elle mérile au contraire d’être prise au sérieux, et jamais animaux ne se sont comportés plus dignement qu'eux en dehors de leur habitat.

« Baudement, le père de la Zootechnie, en 1866, en assignanl l'aire géographique de la race, l’étend bien dans ces départements; MM. Moll et Gayot l'y enferment aussi et font son éloge.

« L'année prochaine, le concours se tenant à Valence, le déplace-

DES SÉANCES . 65

ment sera moins coûteux, vu la proximité de celte localité. Nous engageons les agriculteurs à s’y présenter en nombre et à montrer qu'il y a des sujets dignes de récompense dans les cantons de Fay et du Monastier. »

La commission, chargée de faire l’acquisition de jeunes taureaux s'est transportée dans les centres de production et les localités sont amenés en nombre les animaux de la race du Mézenc pour y être vendus. Aux foires de Fay-le-Froid et des Estables elle a acheté de très beaux sujets qui ontété revendus dans des conditions satisfai- santes le 2 novembre, foire de la Toussaint, par l'intermédiaire de M. le commissaire-priseur.

La note suivante, relative à la protection des bords des rivières, est lue par M. Philippe Hedde :

« Le plus généralement, on a jusqu'ici cherché à protéger les rives contre les inondations, soit par des plantations, soit par des digues longitudinales plus ou moins insubmersibles. Il est rare que ces moyens soient efficaces, el souvent ils ont élé la cause de plus grands désastres. On comprend, en effel, que dans le cas des plantations, les terres détrempées finissent par ne plus opposer de résislance au déracinement des arbres et que ceux-ci, entrainés par le torrent dévastateur, deviennent de véritables béliers empor- lant lout sur leur passage. Dans le cas des digues longitudinales, celles-ci, si bien construites qu’elles puissent êlre, ne peuvent, lors des grandes crues, s'opposer complèlement au passage le long de leur paroi extérieure au fleuve ; de un ravinement le long de cette paroi qui se dégaruit peu à peu eu détruisant la stabilité de la cons- truction. |

« Les idées actuelles tendent de plus en plus à ménager à la rivière uu lit aussi large que possible pour le régime ordinaire, et à laisser passer sans résistance l’eau des crues extraordinaires ; lelles sont les digues submersibles longitudinales employées le long de nos rivières. Mais ce moyen, suflisant pour diminuer la fré- quence des crues moyennes et éviter les ravages signalés plus haut, ne remédie pas aux efforts destructeurs des eaux sur les sols riverains envahis par les eaux lors des grandes inondations. La canalisation du Rhône nous offre des exemples de digues transver- sales qui, s'appuyant sur les digues parallèles au fleuve, donnent aux terrains envahis un surcroit de résistance permellant de les meltre à l'abri du ravinement. C’est l'application raisonnée de ce principe que je viens soumettre à l'attention des personnes qui s'occupent de ces questions si importantes pour les agriculteurs riv e- rains de nos rivières torrentueuses.

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66 PROCÈS-VERBAUX

« Dans notre système. le gazonnement est la seule protection à donner aux surfaces des diverses digues : un gazonnement par placage, alin de mettre immédiatement la digue à l'abri; ces digues peuvent du reste être préparées à leur partie centrale par des amas de pierres, revêlus d'une quantité de terre suffisante pour la croissance du gazon. De celle façon, il n’y a aucune surface perdue, el les digues peuveul même étre ulilisées pour l'irrigation.

« Le système protecteur comprend d'abord une digue latérale à la rivière, assez élevée pour ne pas élre submergée dans les crues ordinaires non torrentueuses, son profil est celui d'un talus de forti- fication, les inclinaisons des talus dépendent de la cohésion variable des terres; partie supérieure d’une coupe transversale au fleuve doit être horizontale, tandis que la ligne de faite est parallèle au cours de la rivière. De distance en distance, soit à intervalles de 150 à 200 mètres, selon la configuration du sol, des digues trans- versales, à section trapézvïdale, s'étendent normalement à la pre- mière digue latérale, de façon à ce que leur niveau supérieur, qu doit étre toujours horisontal, parte du faite de la chaussée latérale pour finir à zéro, au niveau du sol naturel.

« Le terrain riverain se trouve ainsi divisé en secteurs quadran- wulaires, bornés par trois chaussées; l’espacement des chaussées lransversales se trouve déterminé par cetle règle que le pied d'une des chaussées d'amont se trouve au niveau du faite de la chaussée d’aval.

« Ilest facile de se rendre comple de l'effet d’une inondation sur un pareil système. En temps ordinaire el par des crues moyennes, la rivière coule librement sur son lit élargi, et, au fur el à mesure de sa crue, envahit les chantiers inclinés et gazonnés n’offranl aucune résistance ; elle s'écoule donc saus produire de ravages; son lit se trouve simplement élargi dans une proporlion assez notable, ce qui tend à diminuer la rapidité de la crue verticale. Lorsque Ja crue dépasse le faite de la chaussée latérale, l’eau envahit les chantiers intérieurs; mais c'est uue eau simplement chargée de détritus terreux, car les pierres qui roulent sur le fond sont arrétées par la chaussée latérale ; le remplissage des chantiers transversaux se fait ainsi progressivement el sans donner lieu à un courant rapide, grâce aux obstacles successifs opposés par les chaussées transversales. Lorsque ces chantiers sont remplis, la partie infé- rieure, captée entre deux traverses, sert de matelas empéchant l'afouillement des terres; la crue a, à partie de ce moment, toute liberté pour se développer sans rencontrer de résistance; mais le cours supérieur de l'eau est seul en mouvement, la partie qui touche

DES SÉANCES 67

au sol, restant immobile, ne peut le raviner. Le sol, au lieu d’être emporté, se colmate au contraire, lors de l’assèchement, par les matières terreuses restées en suspension dans les eaux; l’assè- chement est plus lent, il est vrai, que lorsque la rivière n’est pas protégée; mais ce résultat est plutôt favorable à un écoulement régulier et diminue d’autant la période dangereuse de l’inondation.

«L'ensemble de ces travaux n’exige pas de grandes dépenses; il est à la portée de tout cultivateur patient et désireux de conserver ses terres en bon état. Nous l'avons, du reste, vu appliquer el constaté qu’il donne d’excellents résultats.

« [l'est à prévoir que, dans des cas particuliers, la solution de ce problème présentera des difficultés, particulièrement dans le cas du confluent de deux rivières également torrentueuses;, mais nous croyons que, même dans les cas les plus difficiles, on pourra arriver à une solution satisfaisante, si l’on peut satisfaire à ces deux con- ditions qui sont la base du système : n’opposer aucune résistance au libre écoulement de l’eau et éviter l’apport des matières lourdes sur le sol à protéger. »

À propos d’une orge nouvelle à introduire dans la Haute-Loire, M. Pellissier, ingénieur de l'institut national agronomique, lit le rapport suivant :

« Les brasseurs d’Outre-Rhin et leurs collègues de la Hongrie tiennent en grande estime une variété d’orge spéciale : l'orge pré- coce de Hanna. Aussi la culture de celte céréale assure-t-elle une rémunération assez élevée aux agriculteurs qui lui font une place marquée dans leur assolement.

« Connue en France, il y a quelques années, elle se fit remarquer par le bel aspect de son grain et la supériorilé de ses qualités indus- rielles. Notre éminent maître, M. Schribaux, directeur de la station d'essais de semences, l’étudia spécialement et remarqua les aflinités quelle présente avec la variété dite: orge de Moravie, supé- rieurement cotée, elle aussi, par l’industrie.

« De sérieux essais de culture furent entrepris en France, en 1895, par suite de la générosité d’une importante maison grainière de la Hongrie. Les résultats publiés en 1896 dans les principaux organes

de l'industrie brassicole s'accordent généralement, malgré les cir- constances climatériques défavorables qui ont présidé aux essais, pour assurer à cette culture le pas sur celle de nos variétés indus- trielles indigènes. |

« Ces essais ont intéressé les principales régions françaises la cullure de l'orge a acquis sur celle des autres céréales une pré- pondérance notoire. En Champagne, en Beauce, en Auvergne, les

G8 PROCÈS-VERBAUX

chiffres recueillis assurent à l’orge précoce de Hanna, sur les, orwes de pays, de sérieux avantages, au nombre desquels il faut compter une grande précocité, des rendements en grains supé- rieurs, une meilleure qualité du produit et une rusticité remarquable.

« En ce qui concerne la qualité du grain, tous les expérimen- tateurs sont unanimes pour reconnaître sa supériorité; l'un d'eux, soumettant sa récolte à l'appréciation du directeur d’une grande brasserie de la région, qui emploie annuellement 6,000 sacs, nous apprend que celui-ci a trouvé l’orge précoce de Hanna « superbe ». En Auvergne, le président du syndicat agricole de Saint-Germain- Lembron, qui avait semé les grains à expérimenter dans un sol argileux, légèrement compact, a obtenu;

Orge de Hanva : rendement à l'hectare, grain 2,490 k., paille 5,200 k. |

Orge Chevalier : rendement à l’hectare, grain 2,480 Kk., paille 5,250 K.

ll signale la qualité du grain, la précocité de la récolte et le peu d’exigences de la cullure, en se proposant de ressemer le grain récollé.

« Dans quelques localités, l'orge précoce de Hanna s’est montrée plus exigeante et surtout assez sensible à la verse. Ces défauts résident, croyons-nous, dans le besoin qu'a cette céréale de s’accli- maler à des conditions nouvelles d'existence. Il n’est pas douteux qu'aux prises avec les méthodes si précises fournies en ces derniers temps par la science agronomique avec les expériences de Hallet, Mokry sur la sélection méthodique des céréales, celles de Vilmorin et de Rimpau sur le métissage des plantes cultivées, ces conditions défectueuses ne s’éliminent d’elles-mêmes.

« On se désintéresse en général un peu trop de l'étude de ces questions importantes dans la conduite des champs d'expériences confiée à MM. les professeurs d'agriculture. L'acclirmatation du végétal est un facteur dont on ne tient pas suflisamment compte; aussi, généralement, l’introduclion de -nouvelles variétés d’une plante cultivée dans une région aussi peu favorisée que la nôtre au point de vue agricole, après avoir donné de beaux résultats pendant les premières années, n’assure par la suile que des rendements inférieurs à ceux de nos variétés de pays.

« Dans la Haute-Loire surtout, il y aurait intérêt à améliorer les variélés acclimalées, tant au point de vue de la production four- ragère que de celle des céréales. Les essais sont longs, il est vrai, mais la réussite en est certaine. Des expériences de Hallet sur les céréales, il résulte eu effet que, dans un milieu donné, sur une cul-

DES SÉANCES | 69

lure normale de céréales, il existe un pied contenant un épi lemportant en production sur les autres; que, dans chaque épi, il existe un grain spécialement favorisé sur les autres du même épi en ce qui concerne la production des pieds plus productifs; que le meilleur grain n’est pas contenu dans le meilleur épi, que la supé- riorité de ce grain est héréditaire à divers degrés; que la sélection accuse et fixe cette supériorité et qu’un type fini et déterminé est le résultat de cette sélection. Cet ensemble de lois expérimentales est fécond en résultats; je prédis avec assurance, à l’agriculteur éclairé qui mettrait à profit ces lois avec intelligence, une fortune brillante et rapide par la vente des types fixes issus de ses essais.

« Pour en revenir à l'orge précoce de Hanna, j'estime qu’il y aurait intérêt à entreprendre des essais de culture dans le dépar- tement, non pas que nous ayons acquis, au point de vue de la pro- duction des orges industrielles, la réputation de la Champagne, de l'Anjou, de la Beauce ou de la Limagne d'Auvergne, mais nos bonnes terres à orge, légères, siliceuses, conviennent parfaitement à l'orge précoce de Hanna. La réussite de ces essais et l’acclimatation ultérieure de la variété présenteraient un grand avantage pour les malteries importantes de notre département; leur produit est très recherché, j'ai eu à ce sujet l’occasion de l’apprécier à une époque antérieure et de dire ce que j'en pensais; tout ce qui peut contribuer à l'extension de ces industries essentiellement agricoles doit être sérieusement encouragé. Pour atteindre ce résultat, la société agri- cole et scientifique de la Haute-Loire pourrait, par exemple, se pro- curer une certaine quantité de semences qu'elle confierait aux pra- liciens éclairés qu’elle compte au nombre de ses membres.

« Les semailles seraient exécutées dans le courant de mars 1897, aussitôt que les circonstances atmosphériques le permettraient, sur un sol profond, plutôt léger que compact, sans excès d'humidité et préparé dès l’automne par des façons énergiques; à cette époque, on fumerait à la dose de 20.000 kilos de fumier de ferme à l’hectare, cet engrais étant bien décomposé ; dans ce cas il conviendrait d'appliquer, au printemps, 125 kilos de nitrate de soude par hectare pour donner un coup de fouet à la végétation.

« On pourrait encore faire succéder l'orge à une récolte de blé fumé ou de pommes de terre, ou à une culture de trèfle; dans ce cas On appliquerait, quelques jours avant les semailles, sur un hectare, une dose de 275 kilos de superphosphate, de 125 à 200 kilos de nitrate de soude el 100 à 120 kilos de chlorure de potassium. L’épan- dage des semences se ferait à raison de 300 litres à l’hectare ou, par l’usage d’un semoir, de 250 litres seulement. 11 sera bon d'effectuer

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un roulage du sol après le semis, ou bien encore lorsque les jeunes plants d'orge auront donné leur troisième feuille.

« On obtiendra ainsi, à la maturation, un grain riche en amidon, à tégument mince et de belle coloration jaune-paille, surtout si la récolte se fait par un temps sec; il faut éviter l’humidité qui donne une couleur foncée au grain, et facilite l’envahissement des moisis- sures. La dose de semences que nous avons indiquée élant élevée, le tallage sera atténué el la récolte aura l’uniformité de grosseur du grain qui le fait apprécier des brasseurs, l'accès de la lumière étant de plus ménagé, la production des grains vitreux, redoutés par l’industrie, sera ainsi atténuée. La récolte devra être faite avec soin pour éviter le mélange avec les impuretés, le battage fait sans bru- talilé pour éviter de déformer le grain, ce qui porte atteinte à sa faculté et à son pouvoir germinatifs.

« En se conformant aux indications précédentes, nous ne doutons pas de la réussite de cet essai, et si vous voulez bien lui accorder la faveur de votre assentiment, les chiffres fournis par les expéri- mepntaleurs que vous aurez choisis, nous édifieront complètement. Les déboires ne sont d’ailleurs pas à craindre, car la récolte obtenue sera au moins égale à celles fournies par l'orge Chevalier, adoptée dans le département. Il est d’ailleurs probable que la Soctété pour l'avancement de l'agriculture expérimentale d'Autriche-Hongrie, qui s'occupe de l'extension de la culture de cette variété d'orge, voudra bien mettre gracieusement, à la disposition de notre Société agricole, la faible quantité de semences qui lui est nécessaire pour réaliser cette expérience culturale. »

M. Pellissier fait la communicalion suivante :

« Les données barométriques et thermométriques, scrupuleu- sement recueillies sur les instruments du kiosque météorologique du Fer-à-Cheval et publiées exactement le lendemain, sont suffisantes pour nous donner une figure exacte, au point de vue climatologique, de la journée de la veille. Nous possédons d’ailleurs, dans les Annales de la Société académique, une série de documents très ins- tructifs en ce qui concerne l’étude des variations à longue période des facteurs du climat de notre région.

« Toutefois, ces renseignements sont impuissants à résoudre le problème que se propose la science météorologique moderne, celui de la prévision du temps à brève échéance. Le Bureau central météo- rologique met à la disposition des municipalités ou des observatoires locaux la Carte météorologique qui donne, le lendemain, pour un œil exercé, l'image fidèle de la situation atmosphérique de la veille.

« La lecture de cette Carte el les renseignements qu'elle fournit

PP DE

DES SÉANCES 71

reposent sur un ensemble de considérations lrès nettes qu’il suffirait d'exposer une bonne fois pour toutes, dans une conférence publique, pour mettre les auditeurs à même de pouvoir tirer profit des indi cations que leur procurerait la communication de la Carte météo- rologique.

« Le météorologiste a compris que son rôle ne se bornaïit pas à relever sur un registre les résultats fournis par ses appareils. Les lois de la physique générale appliquées à la masse atmosphérique ont donné une impulsion nouvelle à la science de la prévision du temps.

« Ces progrès datent surtout du commencement du siècle, de l’époque Le Verrier mit au service de la nouvelle science les indi- cations rapides du télégraphe. Depuis, les phénomènes grandioses de l'atmosphère qui jettent le trouble dans nos âmes et sèment partout la destruction, ont été étudiés dans toutes leurs phases. Dans bien des cas on peut les prévoir et même les asservir, comme l’a fait un capitaine américain, utilisant la vitesse de translation d'un cyclone pour abréger la traversée d'Amérique en Europe. Red et Piddington ont énoncé les lois des cyclones, Buys-Ballot celles des tempêtes; Maury, dressant la carte des courants marins, a étudié leur influence sur les mouvements de l’atmosphère et le climat des régions voi- sines , Weyher a soumis les tempêtes à l’expérimentation.

« Peu à peu la science s’est dégagée des nombreux préjugés qu'elle avait eu à combattre dès ses origines celui de l'influence des phases de la lune entre autres qui a trompé Arago lui-même, elle a abandonné aussi son bagage de chiffres qui en faisait un fatras indigeste, elle a compris que l’abus des moyennes était pour elle une plaie; son enseignement est devenu éminemment attrayant et précis dans la bouche de maîtres célèbres : M. Duclaux entre autres, directeur de l'Institut Pasteur, qui en est chargé à l’Institut agronomique. La carte météorologique couronne tous ces progrès et les résume, donnant ainsi aux populations les moyens de se pré- parer à recevoir le choc brutal et aveugle des forces naturelles déchaîinées.

« Les connaissances empiriques qu’une longue expérience a fail acquérir à la plupart de nos cultivateurs et qui font que, bien souvent, ils se trompent rarement dans leurs prévisions, gagneronl ainsi d’être éclairées et dirigées. Fortement imprégné de l’ensei- gnement attachant du maître que j'ai nommé plus haut et dont le nom est la plus sérieuse garantie dont je puisse me prévaloir, j'accepterais de grand cœur la mission de diffuser, par les moyens que vous jugerez opportuns, les principes sur lesquels repose la

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solution du problème de la prévision du temps par la lecture de la carte méléorologique. »

Il sera statué, à la prochaine séance, sur l'admission comme membres titulaires de MM. Jouffre, sous-chef de bureau à la préfec- lure, présenté par MM. Vallery-Michel et Sklénard, Veysseyre, com- missaire-priseur au Puy, présenté par MM. Vialla et Vallery-Michel; Bosc, maire de la commune de Saint-Front, présenté par MM. Viala et Vallery-Michel.

L'un des secrétaires,

A. LASCOMRBE.

SÉANCE DU 3 DÉCEMBRE 1896

Présidence de M. le Dr Morel.

Présents : MM. Assézat-Faure, Dr Abrial, Hippolyte Blanc, Dr Boyer, Dr Coiflier, Chambaud, Canard, Chaudier, de Cailleux, Dreyfus, Espenel, Forestier, Giraud Henri, Gueyffier Louis, Gueyfiier Edmond, Gire, Gatillon, Hedde, Hilaire, Lascombe, D: Morel, Martin, instituteur, O’Farrell, Rocher, Sklénard, Valléry-Michel, Vibert Léon, Vignon, Vazeille, Vialla.

M. Lascombe donne lecture du procès-verbal de la dernière séance qui est adopté.

Il est procédé au scrutin sur l’admission des candidats présentés à la dernière séance. Sont admis comme membres titulaires de la Société agricole et scientifique de la Haute-Loire :

MM. Jouffre, sous-chef de bureau à la préfecture;

Veysseyre, commissaire priseur ; Bosc, maire de la commune de St-Front.

La candidature de M. Solvain-Planté est présentée par MM. Hippolyte Blanc et Chaudier, il sera statué sur cette admission à la prochaine séance.

Il est procédé ensuite au scrutin pour le renouvellement du bureau de la société.

DES SÉANCES 73.

Sur la proposition de M. Léon Vibert, M. le Dr Morel est nommé par acclamation président. Sont ensuite élus à la majorité des votants : MM. Gueyffier Louis, et Dr Coiffier, vice-présidents ; Lascombe et Hedde, secrétaires : Canard, trésorier-titulaire, et Sklénard, trésorier-adjoint; MM. O’Farrell, Jacotin, Chaudier, Vignon et Gatillon, membres du conseil d'administration. L'ordre du jour étant épuisé, la séance est levée à 4 heures.

L'un des secrétaires. PH. HEDDE.

MÉMOIRES

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MÉMOIRES

NOTICE HISTORIQUE

SUR LES

DOMINICAINS DE PRADELLES

Le couvent des PP. Dominicains de Pradelles, objet de cette courte et incomplète notice, fondé dans les premières années du Xvrr° siécie, a disparu depuis la Révolution. La légende, si tenace pourtant parmi nos populations montagnardes, est à peu près muette au sujet des religieux qui le peuplèrent. Il ne connut point sans doute les fastes imposants des grandes abbayes de Mazan ou de la Chaise-Dieu ; néanmoins, la générosité des populations environnantes y fit régner bientôt le bien-être et l’aisance. Voici dans quelles circonstances il fut fondé.

La ville de Pradelles, modeste chef-lieu de canton aujourd’hui, était autrefois une des villes les plus importantes du Velay, du Vivarais et du Gévaudan. D'origine très ancienne et placée sur les confins de ces trois régions, elle fut mêlée à tous les événe- ments de notre histoire locale, et ce n’est pas sans tristesse que l’on visite cette ville si vivante et si animée autrefois, si morne et si délaissée aujourd’hui. Pradelles possède une statue de la Vierge noire dont la provenance est très incertaine et que d’aucuns croient apportée par saint Louis. Au dire de M. le chanoine Sauzet, qui lui attribue une origine plus ancienne, elle aurait été enfouie dans un terrain inculte aux abords de l’église de l’hôpital, lors de l'invasion sarrazine. Toujours est-il qu'au commencement

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de l’année 1512 des ouvriers, creusant le sol à l'endroit s’éléve aujourd’hui le clocher de Notre-Dame, mirent au Jour une lourde caisse en chène renfermant le précieux dépôt. Ce fut un événe- ment à Pradelles. On courut prendre en procession la statue miraculeuse, qu'on installa provisoirement dans la chapelle de l'hôpital, sous la garde de personnes pieuses. Les pélerins accou- rurent de tous les pays environnants, et Pradelles devint bientot un lieu de pélerinage très fréquenté. Les mémoires de M. Aula- nier, curé du Brignon, parlent en maints endroits de pèlerinages à Notre-Dame de Pradelles, faits par les fidèles du lieu sous la conduite de leur pasteur.

Le clergé séculier ne put bientôt plus suflire aux besoins du culte et, malgré la vigilance des gardiens volontaires, des désor- dres se produisaient chaque jour; ce que voyant, l’évêque de Viviers, qui avait alors Pradelles sous sa juridiction, appela des religieux de l’ordre de Saint-Dominique, sous l'autorité du P. Borie, pour administrer et desservir le sanctuaire. Une ins- cription placée dans la chapelle de N.-D. fait remonter au mois de juin de l’année 1608 cette installation des religieux.

L'afHuence des pélerins ne fit que s'accroître et, deux ans aprés, le 15 mai 1610, les consuls de la ville de Pradelles, Jean Barnoyer et Pierre Faurin, firent donation aux frères prècheurs, de l’ordre de Saint-Dominique, de l’église de N.-D. avec la mai- son, la grange cet le jardin dépendant de l'hôpital. La donation qui suit est extraite du « Livre des actes et contrats passés au profit des frères précheurs de l’ordre de Saint-Dominique du couvent de Pradelles ».

« Au nom de Dieu soit à tous présents et à venir notoire el manifeste que, l'an de la circoncision de Notre-Seigneur Jésus- Christ, mil six cent dix et le quinziéme jour du mois de mai, après midi, au règne de notre très pieux prince Henri, par la grâce de Dieu, roi de France et de Navarre, par devant moi, no- taire royal soussigné, présents les témoins bas nommés, ont été établis en leurs personnes sire Jean Barnoyer, Pierre Faurin, consuls de la ville de Pradelles, lesquels à l'assistance de M: Lau- rent Vial, bailli, Beaudoin, lieutenant en la paroisse de Pradelles,

1. Ce livre, déposé à la mairie de Pradelles, a été donné en 1885 par M. le chanoine Sauzet, par l'intermédiaire de M. Amable Bonhomme.

NOTICE HISTORIQUE SUR LES DOMINICAINS DE PRADELLES 79

prieur soussigné, Guilhon, docteur en droit, Jean Arcougeon, Jacques Déabriges, Jacques Poulalhion de Fontvielle, Antoine Caires, notaire royal, Jean Simon, Pierre Eyraud, de ladite ville de Pradelles, lesquels affirmant les délibérations prises par le Gal de la ville, de leur bon gré,...... pour eux et les autres habi- tants de ladite ville, qui y sont à présent et y seront à l’avenir, ont donné et donnent par les présentes, par donnation privée, perpétuelle et irrévocable à la Religion des Frères Prescheurs de l'ordre de saint Dominique, de la paroisse de Pradelles, à ce présent, stipulant et acceptant, Réverend père Pierre Paul Pas- sieony, docteur en sainte théologie, provincial de ladite province, assisté des Réverends Pères Jean Rabyes, prieur du couvent de N.-D. de Pradelles, Antoine Riboly, Antoine Lyon, liseurs et compagnons dudit provincial, frère Jean Féot et Antoine Grail, religieux dudit ordre par le général dudit ordre présents et accep- tants, l’église de N.-D. avec la maison, grange, jardin, pré en- semble joignant au faubourg de ladite ville et au plus bas de la rue appelée de la Soulègre, proche du cimetière de ladite ville, confrontant, du levant, avec ladite rue de la Soulègre et chemin qui va à Puighadis, du couchant, pré de Félix Mathieu, champ à Pierre Fournet et maison et Champ de Michel Boutavin, pré d'Antuine Fedon, de bise, aussi le jardin dudit sieur Guilhon, pré dudit Boutavin ét le susdit chemin. Le tout avec ses bonnes et plus vraies confronts ci-dessus cités et libéré de toutes charges, taille, charges seigneuriales et autres présentes et futures que ladite ville prend sur soi et promet d’en faire être quites les sus- dits religieux. Et ont fait ladite donnation soûs les conditions suivantes :

« Que le susdit provincial, en son nom et de celui du Général dudit ordre, a promis et sera lenu de tenir et faire venir en ladite maison trois pères religieux pour le moins, qui y feront habita- tion et effectuelle résidence pour leur office et service divin en ladite esglise de N.-D. et dire messes, psalmodier leurs heures canonicales, vaquer aux confessions et autres exercices de dévo- tion aux heures et suivant les rites de leur ordre, observant et continuant les prescriptions de la confrérie du Rosaire qui y est déjà fondée. Sera aussi tenu le Général dudit ordre, stipulant et promettant comme dessus ledit frère provincial, de tenir audit

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couvent, dés à présent et à l’avenir, un religieux dudit ordre qui tiendra collège en ladite maison et couvent et y instruira et enseignera la Jeunesse de ladite ville et autres lieux environnants à la grammaire et les humanités, les rendre capables à souffrir examen pour entrer en leur classe, sans toutefois se charger de leur apprendre à écrire : et le Général de ladite ville de Pra- delles sera tenu, comme les susdits consuls ont promis, ain que les susdits frères et religieux aient moyen de vivre et habiter en ladite maison et couvent, y exercer leurs charges et fonctions. sera tenu de payer et délivrer la pension annuelle et perpétuelle de la somme de soixante livres et vingt cartons blé seigle, mesure de Pradelles, sçavoir ladite quantité de seigle à chaque jour et feste de saint Michel, et ladite somme de soixante livres, chaque jour et feste de Notre-Dame du Rosaire, qui a lieu le septième jour d'octobre annuellement et perpétuellement, ordonne que lesdits frères prendront et exigeront de chacun des enfants de ladite ville de Pradelles qui étudieront au collège la somme de cinq sous par mois et régulièrement à tous les mois de l’année, et des enfants de dehors les frères en exigeront, le double de ceux que bon leur semblera. Seront aussi tenus les religieux qui habiteront audit couvent, comme ledit sieur provincial accepte comme dessus, a promis d'employer tout ce qu'il leur pourra rester aprés avoir vécu, de la susdite pension, à instruire les enfants du peuple et aux réparations nécessaires en ladite église et maison à eux données, et pour l’augmentation dudit couvent à la dispu- sition des supérieurs. Et ainsi lesdites parties respectent et pro- mettent d'observer et toujours tenir, et les susdits consuls et habitants susdits, oblige le prieur de ladite ville à l'effet ci-dessus aux rigueurs des cours royales du Velay et sénéchal du Puy.

« Ainsi fait et écrit à Pradelles dans le susdit couvent. Présents Mathieu Gilly... Antoine Chabret, du lieu de Mezerac, illettré Alexandre Rabie, élève de Saint-Maxime en Provence, soussigne

1. On lit à ce sujet dans la nouvelle série des Mélanges hisloriques de M. l'abhé Payrard ce qui suit (Tome IT, page 19) : « La petite ville de Chomelix possédait une école florissante, dès le commencement du xvi siècle, tandis que la ville du Puy en était privée. Aussi, au dire de Médicis, les habitants du Puy « étaient-ils contraincts d'aller chercher escoles pour enseigner leurs enfants à Bilhom, Issoire, Chalmellis, Pradellas.. »

NOTICE HISTORIQUE SUR LES DOMINICAINS DE PRADELLES 81

avec les susdits et moi notaire royal ai soussigné, expédié et extrait audit frère Riboly, pére prieur audit couvent de N.-D. de Pradelles, donné collation faite sur mes notes originales et ai signé : |

« DUMERCIER. »

De nombreuses donations ou fondations pieuses suivirent celle des consuls de Pradelles. Toutes les riches familles des environs, les de Beaune, les Montlaur, les Belvezer, les de Romieu de Mazigon, apportèrent gracieusement leurs présents et tinrent à honneur, en mourant, de léguer'une partie de leurs biens aux reli- gieux ou de fonder des messes moyennant une rente annuelle. Deux actes, pris au hasard dans le « Livre de Saint-Dominique », en font foi.

I. « L'an mil six cent neuf et le 24° jour du mois de septem- bre, dame Marie de Langeac, consorte de puissant seigneur Messire Claude de Beaune, chevalier de l’ordre du roi, haut seigneur de la ville de Pradelles, fait et ordonne son testament et disposition de dernière volonté et, entre autres légats, donne et lègue aux pères religieux en fondation provisoire du couvent de N.-D. de Pradelles, pour fondation perpétuelle d'une messe de l'office des morts, qu’a voulue être dite et célébrée en haut avec diacre et sous-diacre au couvent de Pradelles, le lendemain du jour de son obit, la somme de cent sous, payable le jour de saint Michel; a aussi établi par son héritier universel en payant pour une fois la somme de cent livres, qui sera employée au profit dudit couvent en augmentation du revenu de celui-ci... »

IL. « Par acte du 24 avril 1610, Jacques Deligans, marchand de Pradelles, fonde une messe qui devra être célébrée, avec diacre et sous-diacre, le jour et fête de saint Claude, etc... après la messe, les religieux se rendront au cimetière dudit Pradelles, sur son tombeau, pour y dire le Libera et faire l’ab- Soute, le tout moyennant la somme de 20 livres que les PP. em-

Ploieront à l’achat d’une rente de vingt sous, pour le perpétuel entretien de la fondation. »

Mais ce n'étaient point les seules sources de richesse du

Touvent. Chaque année, les religieux parcouraient les villages 6

82 MÉMOIRES

environnants pour implorer la générosité des populations, comme nous l’apprend le journal du curé Aulagnier :

« Cejourd’hui, dit-il, 21 décembre 1660, les PP. Jacopins de Pradelles faisaient leur quête annuelle dans la paroisse du Brignon pour l’honneur de N.-D. » (Journal du curé Aulagnier, par l'abbé Payrard, page 481.)

Cette mention est reproduite en maints endroits du journal de M. Aulagnier. Ce dernier ne nous dit point si ces quêtes étaient fructueuses. On est cependant autorisé à le croire, la générosité des populations d'alors étant sans doute égale à la faveur dont jouissait la vierge de Pradelles. Quoi qu’il en soit, le couvent de Pradelles connut bientôt sinon la richesse, du moins une aisance dorée; le sanctuaire fut décoré richement, le nombre des reli- gieux s’accrut, et les bâtiments primitifs furent agrandis et res- taurés. Le 28 mai 1623, le vicomte de Beaune posa la première pierre d'une nouvelle église plus spacieuse, les étables se rem- plirent de jolis bœufs du Mézenc, auxiliaires précieux des reli- “ieux pour les travaux des champs. Un compois de la ville de Pradelles, daté de 1752 et faisant partie des minutes de Frévol, notaire, énumère ainsi les propriélès des PP. Dominicains :

Les RR. PP. Dominicains de ladite ville de Pradelles pos- sédent :

Un jardin au Calvaire;

2 Un jardin à la Placette:

Une maison à quatre étages rue de la Basse-Cour, qui con- fronte du levant avec basse-cour d'Antoine Brun, marchand, et autre part avec rues publiques;

4 Une petite maison, cartier de la Soulègre, confrontant du levant leur église;

Un champ à Chanteperdrix ;

Un champ à la Rieu du Chanvre:

Un pré à la côte d’Auteyrac;

8’ Un pastural à las Faugéras;

Un champ au terroir des Clarjes ?

10° Ün pré et un champ à Ardennes; 11° Un champ situé à Vaysser; Le tout estimé 4,789 livres, 7 deniers. Indépendamment de ce qui précède, les religieux possédaient

NOTICE HISTORIQUE SUR LES DOMINICAINS DE PRADELLES 83

dans les environs un certain nombre de domaines entiers, dont un, celui des Bories, a conservé son nom et que l’on désigne encore aujourd'hui sous le nom de domaine des Pères. Il en est de même du pré d’Ardennes, que les habitants de Pradelles dési- gnent encore sous le nom de pré des Pères. Une de ces pro- priétés est devenue le spacieux, mais pauvre et négligé cimetière de Pradelles, sur le portail duquel on lit cette inscription si simple et si suggestive : Hic Pratel et non supra. (Ici Pradelles etnon en haut.)

La vie s’écoulait au monastère de Pradelles triste et monotone, comme d’ailleurs dans tous les couvents. La journée des reli- gieux se partageait entre le service du culte, la prière, les prédi- cations dans les bourgades voisines, l'étude, les travaux des champs et l’éducation de la jeunesse. Leur école fut très fré- quentée et forma de brillants élèves, malgré la naïve simplicité du programme que leur avaient imposé les consuls dans la dona- tion citée plus haut. Un fait, rapporté par le « Livre des Domi- nicains », rompt cependant avec la monotonie de la vie monacale.

Certain jour, grand émoi au couvent. Pendant la nuit, un des moines nommé frère Jean-Baptiste-Louis de Beaune s’est enfui en passant par-dessus le mur de clôture, emportant les souliers

et le chapeau de son voisin ainsi que divers autres effets d’habil- le ment, et s’est réfugié à Langogne. De là, assemblée du Chapitre, dénonciation fulminante de la part du prieur et exclusion du ugitif. On rit en lisant le procès-verbal rédigé ad hoc, d’en voir le rédacteur prendre un air tragique et considérer cette escapade comme un cas pendable. Le Père Jean-Baptiste, qu'avait fait appréhender le prieur de Langogne, ramené à Pradelles, fit ses excuses d’un air fort contrit et repentant. Absous par le Chapitre, \\ s'en fut, quelques jours après, emportant cette fois une plus ample provision d’effets et d’objets de valeur. Le manuscrit est malheureusement muet sur la fin de l’histoire. Le registre des délibérations de la commune de Pradelles parle en certain endroit de plaintes portées contre Louis de Beaune, frère convers au couve ni de Pradelles, qui, pour des raisons très graves, avait été €EnVOY au couvent de Montpellier, et qui, sans le moindre doute, n'est æutre que le précédent. D'après les notes peu nombreuses qu’il nous a été permis de

84

MÉMOIRES

recueillir, il ne nous est pas possible de constituer la série des prieurs du couvent de Pradelles. A peine, de loin en loin, nous est-il permis de connaître la composition de la communauté. C'est ainsi que le 13 août 1757 elle comprend les RR. PP. Jeanr- Baptiste Surrel, prieur; Joseph Blachère, syndic; Vital Frévol, Guillaume X., elc, religieux. Nous ne saurions donc mieux faire que de citer ici la liste des prieurs publiée par l’abbé Payrard, embrassant depuis la réforme de 1672 jusqu’à 1764.

Les RR. Pères :

. Lemoyne. . Baluze.

. Labat.

. Geyman (1678) ‘. Gouneau. Rome. Nouvel.

. Latour.

. Moisset. 10. Aréne. 11. Gavotz. 12. Merle. 13. Moniot. 14. Arène &*. 15. Crest.

16. Du Cros. 17. Raynaud. 18. Rey.

19. Sivard. 20. Magnelon. 21. Périé.

22. Beaudoin. 23. Lantenas. 24. d'Orsan. 25. Magnelon 2.

© 00 I O UT DO

1. Le Père Geyman, d'une érudition peu commune, a écrit une Histoire de N.-D.

de Pradelles.

C9 er"

D D pd M Co DURE S 8 &

RRLELSLSENEYE

. Martin.

Audiffret. Blazin.

. Bernard. . Calemard. . Boucharenc.

Valon.

. Bonhomme.

. Blazin 2.

. Boucharenc 2°. . Icard.

. Serres.

. Polge.

. Blacheyre.

. Bourlin.

. Pouderoux.

. Agret.

. Jacob Reynaud. . Serres £°.

. Boucharenc 3°. . Serres 3.

. Borie.

. Benoît.

. Vialla.

NOTICE HISTORIQUE SUR LES DOMINICAINS DE PRADELLES 85

La Révolution eut à Pradelles de fervents adeptes, et les reli- gieux durent fuir devant la tourmente. Le couvent fut pillé et les richesses dispersées ‘. Le sanctuaire ne fut point épargné. La statue, traînée dans les rues, allait devenir la proie des flammes, sans l'intervention d’un sieur Deldon, qui réussit à s’en emparer et à la cacher chez une pauvre domestique, Marion Dufrêne, qui la confia à la famille Johanny de Rochely. Le sanctuaire dévasté fut transformé en salpêtrière. Après la bourrasque, un ancien dominicain, le P. du Besset, en entreprit la restauration. Grâce à ses soins l’église fut rendue au culte en 1802 et la statue reprit sa place sur les autels. Les moines dispersés ne purent point se ras- sembler, et le couvent de Pradelles, dont les biens avaient été vendus comme biens nationaux, avait cessé d'exister.

F. MosNiEr.

1. Le sceau du monastère, aujourd’hui déposé à la cure de Pradelles, a été retrouvé à la cure de Craponne.

LA FLORE BRYOLOGIQUE

DES ENVIRONS DE BORNE (HAUTE-LOIRE)

Le village de Borne (750 " d'altitude) est un petit chef-lieu de commune situé à 12 kilomètres du Puy, et la première station de chemin de fer sur la direction du Puy à Clermont-Ferrand.

Remarquable tout au plus par quelques vestiges d’anciennes grottes, Borne est fréquenté à certaines époques par un nombre relativement limité d'amateurs de pêche ou de chasse, parfois aussi par des touristes ou des promeneurs se rendant au rustique château de La Roche-Lambert, non loin de là.

Mais bien peu de botanistes, à ma connaissance, ont exploré ce petit coin de terre creusé de vallées profondes qui offre une tlore des plus variées qne l’on trouve rarement ailleurs.

Pendant les quelques années de mon professorat à l’école d'agriculture de Nolhac, il m’a été donné, chaque dimanche, d’ex- plorer cette région. Jusqu’en 1892, j'avais limité mes recherches aux phanérogames et aux cryptogames vasculaires sur lesquels je me propose de publier plus tard quelques notes. La saison hivernale, qui compte parfois de belles journées, mais n'offre au botaniste d’autre végétation que les mousses et les lichens, était donc pour moi une période inactive.

Je résolus alors, pour donner libre cours à mes goûts, d’entre- prendre la récolte et l'étude des muscinées pour me spécialiser par la suite dans cette branche de la science botanique.

Sur les indications et la recommandation de M. MaALINvauUD,

1. Extrait du Monde des Plantes, revue internationale illustrée de botanique, du 1er avril 1896, p. 66 et suiv.

LA FLORE BRYOLOGIQUE DES ENVIRONS DE BORNE 87

secrétaire général de la Société botanique de France, j’adressai mes premières récoltes à M. Fernand Camus, le distingué bryo- logue parisien, qui consentit avec une gracieuseté sans égale à m'en effectuer la détermination. Qu’il me permette de lui adresser ici mes plus vifs remerciements pour les conseils et les encou- ragements qu’il a bien voulu me donner, je dirai même qu’il a bien voulu me prodiguer. |

La région de Borne est creusée de deux vallées orientées du nord au midi. Dans l’une coulent lentement les eaux de la rivière de Borne, et dans l’autre celles plus rapides du ruisseau de Bourbouilloux.

Cette dernière vallée, que j'ai explorée tout particulièrement, est des plus intéressantes pour le bryologue. Abritée de tous côtés par des éminences boisées, et en outre couverte en grande partie, sur le thalweg de rive gauche, de prairies irriguées, elle offre, par ces circonstances mêmes, qui maintiennent sur ces points l’état hygrométrique de l’air très élevé, une des conditions les plus favorables au bon développement des muscinées : une humidité constante.

C’est au point de jonction des deux vallées, et par conséquent des deux cours d’eau, que se trouve l’ancien pont de Borne, dont les joints à mortier de chaux sont couverts par le Tortula mu- ralis Timm. Je le prendrai comme point de départ pour suivre, avec le lecteur, un itinéraire déterminé, de manière à indiquer, au fur et à mesure, les récoltes qu’il est possible de faire.

Du pont, on accède à la route nationale 102, de Viviers à Clermont-Ferrand, qui suit, sur près d’un demi-kilomètre, la rive £auche du ruisseau de Bourbouilloux.

Exactement au point d'accès, le talus en déblai de la route est formé par un conglomérat alluvial composé d’un mélange de marnes siliceuses et de débris de roches basaltiques réunis par un ciment argileux. Dans les anfractuosités s’abritent plusieurs Muscinées, notamment le Weisia viridula Brid. et‘le Bryum Piriforme Hedw. Cette même formation géologique se présente Sur Ja rive opposée, et précisément au point elle affecte une sorte de promontoire, se cache une mousse trés intéressante : le Fabronia pusilla. Radd.

En poursuivant la route dans la direction du Puy ou, pour être

88 MÉMOIRES

plus clair, en se dirigeant vers Nolhac, on trouve sur la droite un bois dont la pelouse de la partie supérieure est entièrement constituée par le Dicranum scoparium Hedw, et parsemée de quelques rares touffes du Bryum roseum Schreb., tandis qu’à la partie inférieure sont accumulés de nombreux blocs de basalle. C'est dans les joints, les anfractuosités ou sur la surface de ces derniers que croissent, sur un espace trés limité : Bartramia pomiformis Hedw.; Encalypla vulgaris Hedw.; Rhacomi- trium canescens Brid.; Zèh. heterostichum Brid.; Grimmia commutata Huebn.; Gr.leucophæa Grev.; Gr. Schultszii Wils.;: G. pulrvinata Sm.; Hedivigia albicans Lindb.; 77. albicans forma leucophæa Schimp., etc.

Sur l’autre côté de la route est également un bois. Si on le tra- verse pour rejoindre le ruisseau, force est de s’arrèter au bord de rochers à pic d’où le regard plonge sur une petite nappe d'eau circulaire que forment en ce point les eaux du ruisseau de Bour- bouilloux. On a tôt fait de descendre pour admirer ce que les gens du pays appellent le « Gour de la Peirowa » (Gouffre de la Marmite). C'est une excavation de 30 mètres environ de circon- férence creusée dans la roche volcanique par les eaux du ruis- seau et entourée sur les côtés par d'énormes murailles naturelles de basaltes prismatiques. Ceux-cirecélent,entre autres muscinées, le Barbula ruralis Hedw.; le B. muralis var. obcordata Schimp., le Leucodon sciuroides Schx.

Revenons à la route. À une cinquantaine de mètres du point nous l’avons quittée, débouche un chemin rural qui la prolonge pour ainsi dire. Suivons-le jusqu’au commencement de la rampe à assiette rocailleuse qui permet l’accès du plateau de Nolhac, exactement au point aboutit sur la gauche un petit chemin d'exploitation qui permet de rejoindre le ruisseau de Bourbouil- loux. C’est à une dizaine de métres de là, sur le talus rocheux côté gauche du chemin rural, qu'on pourra récolter quelques touffes stériles du Bryum alpinum L., dont la couleur pourpre foncé tranche singulièrement sur la maigre végétation qui re- couvre ce talus.

[l n’est guère utile de pousser plus loin sa course; mieux vaut revenir sur ses pas et s'engager dans le chemin d'exploitation dont il à été question plus haut. Quelques pas seulement, et on

/ LA FLORE BRYOLOGIQUE DES ENVIRONS DE BORNE 89

trouvera, sur la gauche, un clapier basaltique d’une étendue très restreinte, on peut détacher de superbes échantillons d’Or- thotrichum rupestre Schleich, qui croissent sur la surface des débris rocheux dont il est formé.

On peut gravir ensuite le bois montueux à droite, pour accéder jusqu'au plateau et récolter Hypnum triquetrum L., H. Rugo- sum Ehrh., H. Splendens Hedw., T'hyidium tamariscinum Br. Eur., Th. abietinum Br. Eur.

Une ligne très importante à explorer a été omise dans l’itiné-

\ raire que je viens de tracer. Je veux parler du bord rive gauche

du ruisseau de Bourbouilloux, nombre de mousses trouvent

| des stations les plus favorables; les unes, l’écorce des arbres

‘vivants qui croissent le long de ce cours d’eau ou des bois morts et pourris, les autres certaines déclivités au fond tourbeux ou marécageux, etc. Parmi celles recueillies sur ces diverses sta- tions, je citerai : Hypnum serpens L.; H. cœæspitosum Wils. ; H. velutinum L.; Leskea polycarpa Ehrh.; Leucodon scriuroi- des Schw.; Climacium dendroides Web. et M.; Mnium un- dulatum Neck., Bryum roseum Schreb.

I n'est possible, évidemment, de donner, dans le rapide itiné- raire suivi, qu’un aperçu incomplet des mousses récoltées aux environs de Borne; sur bien des points il eût été nécessaire de S'en écarter. Pour remédier, dans une certaine mesure, à cette

Aacune, il me paraît utile de résumer, dans une liste générale, æoutes celles que j'ai recueillies.

HYPXNÉES !.

* Hypnum triquetrum L. Bois humide sur le plateau de Nolhac et vers les rochers en face de Borne (F).

* H. splendens Hedw. Bois sur le plateau de Nolhac (F).

H. cuspidatum L. Prairies humides des environs de Nolhac (S).

* H. cupressiforme L. Murs de clôture à pierres sèches, nature basaltique, à Borne et à Nolhac (S).

1. * indique les mousses mentionnées dans la Flore du département de la Haute Lot re par le Docteur Arnaud (1825) ou le Supplément à cette flore (1830).

(F). Mousses rencontrées à l'état fertile.

(S). Mousses rencontrées à l'état stérile.

00 MÉMOIRES

* H. rugosum Ehrh. Bois humide sur le plateau de Nolhac (S).

* H. serpens L. Troncs d'arbres le long du ruisseau de Bourbouilloux (F).

H. cœæspitosum Wih.— Cette espèce occidentale, dont la pré- sence dans la Haute-Loire est très intéressante, a été découverte en brins stériles par M. Camus dans un échantillon de Leskea polycarpa que j'avais soumis à son examen. Cet échantillon avait êté récolté sur des troncs d'arbres bordant la partie de rive gauche du ruisseau de Bourbouilloux comprise entre le vieux pont de Borne et le « Gour de la Peirowa ».

Je n’ai pu, avec regret, effectuer par la suite de sérieuses re- cherches pour retrouver cetle espèce. Son Æspect est du reste assez difficile à saisir pour un débutant auquel il manque le coup d'œil, qualité que le temps seul permet d'acquérir. Je suis abso- lument persuadé qu’on la retrouvera, et pour cause, j'ai cru utile de bien préciser la station du mieux possible.

* Hypnum velutinum L. Base des troncs d'arbres à Borne (F).

H. populeum Hedw. Murs de clôture à pierres sèches. nature basaltique, près l’école de Nolhac (F).

* H. lutescens Huds. Bord du bois longeant la route na- tionale 102, à l'entrée de Borne, sur les troncs d'arbres (F).

* Isothecium sericeum Spruce. Bords du bois longeant la route entre Borne et Nolhac (F).

Climacium dendroides Web. et M. Rive gauche du ruis- seau de Bourbouilloux en amont du « Gour de la Peirowa » (S).

LESKÉÉES.

* Thyidium tamariscinum Br. Eur. Bois humide sur le plateau de Nolïhac(S).

* T. abielinum Br. Eur. Mëme station que le précédent(S).

* Leskea viticulosa Spruce. Murs de clôture à Borne. Base des troncs d'arbres bordant la rive gauche du ruisseau de Bour- bouilloux (S).

Leskea polycarpa Ehrh. Troncs d’arbres de la rive gauche du ruisseau de Bourbouilloux (F).

LA FLORE BRYOLOGIQUE DES ENVIRONS DE BORNE 91

F'ABRONIÉES.

Fabronia pusilla Radd. Anfractuosités des rochers formant une sorte de promontoire à l’angle Est de la ligne des grottes à Borne (F).

NECKÉRÉES.

* Leucodon sciuroides Schw.— Rochers basaltiques à Borne. Troncs d’arbres sur le bord du ruisseau de Bourbouilloux (S).

BARTRAMIÉES.

* Bartramia pomiformis Hedw. Anfractuosités de blocs basaltiques dans le bois entre Borne et Nolhac, côté gauche de la route nationale 102 ' (F).

Cette espèce, que j'ai retrouvée sur d’autres points hors de la région de Borne, me paraît assez commune. C’est sans doute celle indiquée par Arnaud dans sa flore (p. 9) sous les syno- nymes de Bartramia vulgaris D. C. et de Bryuin pomiforme L. Ce dernier n’est autre que la plante décrite par Hedwig.

MNIÉES.

* Mnium undulatum Neck. Rive gauche du ruisseau de Bourbouilloux en amont du « Gour de la Peirowa » (F).

* Bryum roseum Schreh. Même station que le précédent. Bois entre Borne et Nolhac (S).

* Bryum argenteum L.. Sur les murs à Borne et Nolhac, notamment sur un mur de clôture derrière l’hôtel Gagnaire à Borne (F).

Bryum alpinum L. Talus côté gauche du chemin rural de la route nationale 102 à Nolhac (S).

* Bryum cœæspititium L. Sur les murs de clôture limitant la route entre Borne et Nolhac(F). |

* Bryum capillare L. Banquettes de terre de la route na- tionale 102 entre Borne et Nolhac(F).

1. La route nationale 102 étant intitulée de Viviers à Clermont, le côté gauche de cette route est à notre droite dans l'itinéraire suivi pour notre description.

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Bryum piriforme Hedw. Anfractuosités des rochers for- mant talus de la route nationale 102, à la sortie du vieux pont de Borne (F).

ENCALYPTÉES.

* Encalypta vulgaris Hedw.— Anfractuosités de blocs basal- tiques dans les bois entre Borne et Nolhac(F).

ORTHOTRICHÉES.

Orthotrichum obtusifolium Schrad. Troncs d'arbres dans le jardin de l’École d'agriculture de Nolhac (S).

Orthotrichum rupestre Schleich.— Clapiers en amont du «Gour de la Peirowa », limitant un chemin d’exploitation des bois (F).

Orthrotrichum Strumit H. et H. Clapiers basaltiques dans les bois de Borne (F).

* Orthotrichum anomalum Hedw.— Mèêmes stations que le précédent (F).

GRIMMIÉES (Jèhacomitriées).

Jthacomatrium canescens Brid. Clapiers basaltiques dans les bois, côté gauche de la route nationale 102 (S).

Rhacomitrium heterostichum Brid. Même station que le précédent (S).

Grimmia commutata Huebn. Même station et sur blocs basaltiques dans un bois près Marminhac (F).

Grimmia ovata Br. Eur. Rochers basaltiques des environs de Borne (F).

Cette espèce a été trouvée par M. Camus dans un lot de mousses soumis à son examen et récolté le 31 janvier 1892. Tou- tefois, sa détermination n’a pu être absolument précisée, ce Grimmia étant trop jeune. C’est une plante intéressante qu'il conviendra de rechercher.

1. Village voisin de Nolhac.

LA FLORE BRYOLOGIQUE DES ENVIRONS DE BORNE 93

Grimmia leucophaea Grev.—Rochers basaltiques à Borne(F). Grimmia Schultzii Wils. Clapiers basaltiques entre Borne et Nolhac (S). Grimmia pulvinata Sm. Blocs basaltiques à Borne et dans un bois près Marminhac (F). Grimmia apocarpa Hedw. Talus perreyé du chemin de fer à la station de Borne (F).

10° GRIMMIÉES (Hedrwigrées).

Hediwigia albicans Lindb. Clapiers basaltiques des bois de Borne et rochers basaltiques entre Borne et Nolhac (S).

Hedwigia albicans forme leucophaea Schimp. Rochers basaltiques entre Borne et Nolhac (S).

11° TRICHOSTOMÉES.

* Barbula ruralis Hedw.—Talus de Ia route nouvelle n°102, entre Borne et Nolhac, et anfractuosités des rochers au « Gour de la Peirowa » (F).

Barbula latifola Br. Eur. Base des troncs d’arbres sur Ja rive gauche du ruisseau de Bourbouilloux (S).

* Barbula subulata Pal. Beauv. Sur la terre dans les bois

de Borne (F).

* Barbula muralis Timm. Parapet du vieux pont de Borne (F). |

Barbula muralis var. obcordata Schimp. Rochers basal-

tiques du « Gour de la Peirowa » (F).

Barbula vinealis Brid. Talus perreyé du chemin de fer, à la station de Borne (F).

Barbula unguiculata Hedw. Talus du fossé de la route nationale 102, entre Borne et Nolhac (F).

Ceratodon purpureus Brid. Bords du chemin rural de la route 102 au plateau de Nolhac (F).

12° DICRANÉES.

* Dicranum scoparium Hedw. Partie supérieure du bois de Borne, côté gauche de la route nationale 102 (F).

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13° WEISIÉES.

Weisia viridula Brid. Anfractuosités des rochers formant le talus de la route nationale 102, à la sortie du vieux pont de Borne (S).

D'après cette nomenclature, ce sont les représentants de la région sylvatique moyenne qui dominent aux environs de Borne. On trouve cependant quelques muscinées appartenant plus géné- ralement à la zone inférieure, telles que : Æypnum triquetrum, H. rugosum, Thyidium abietinurn, Bryum roseun, Orthotri- chum obtusifolium, Rhacomitrium heterostichum, etc. Mais la trop courte durée de mes recherches et surtout leur peu d'étendue ne me permettent pas un examen plus approfondi sur le point si intéressant de la distribution géographique des mousses de cette région. Je laisse ce soin à d’autres plus compétents que moi qui, par leur situation et leur ardent amour pour la bryologie. pourront se livrer à des herborisations suivies et moins limitées.

Évidemment, la liste que j'ai donnée, bien que comprenant 91 espèces ou variétés, dont 28 nouvelles pour la Haute-Loire, est fort incomplète; elle n’est que le résultat d'une première année de recherches effectuées tout particulièrement pour des études de début, et il va de soi que le plus grand nombre d’espèces intéres- santes m'ont échappé. Néanmoins, elle donne d'ores et déjà un aperçu de la richesse bryologique des environs de Borne.

P.-V. LyoTARD.

NOTE SUR QUELQUES MOUSSES

DES ENVIRONS DU PUY (HAUTE-LOIRE)

Mes recherches bryologiques pendant les trois premiers mois de l’année 1892 ne se sont pas exclusivement limitées à la récolte des mousses des environs de Borne, mentionnées dans la notice publiée dernièrement par le Monde des Plantes. Il était bien rare Qu'une Journée de liberté, autant que le temps pouvait le per- mettre, ne fût consacrée à une petite excursion champêtre aux environs du Puy, en compagnie d’amis, épris également des

b æautés de dame Nature. Ces courses, peu lointaines du reste, en tæison mème de la courte durée du jour à cette époque de l’année, S effectuaient presque toujours l’après-midi; et, lorsque le retour avait lieu d’assez bonne heure, elles étaient clôturées par un goûter devenu traditionnel, la gaîté manquait le moins.

Je dirai tout d’abord que sur les trois points explorés dont il va être question, une seule course a été consacrée à la récolte des mousses. Il convient d’ajouter également qu'aucune de ces eXxCursions n’était faite exclusivement dans ce but; aussi le nom- bre d’espèces récoltées est-il très restreint.

La première course a eu lieu le 31 janvier 1892, à l’Ermatage, bameau de quatre feux tout au plus, situé à 2 kilom. 1/2 au nord- ouest du Puy, ainsi nommé parce qu’il fut le séjour de plusieurs ermites. Ce hameau est placé au pied d’un petit mamelon dont le côté sud-est est décoré d’un groupe splendide de colonnes de

1. Extrait du Monde des plantes, revue internationale illustrée de botanique, du 1er août 18%. pp. 109 et suiv.

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_basalte prismatique d'environ 15 m. de haut, simulant des tuyaux d'orgue, d’où le nom d’Orgques d'Espaly.

Le sol, recouvert ici de gros blocs et de débris de ces rochers basaltiques, offre peu de surface à la vie vésétative, sauf sur quelques points se sont accumulés des détritus suffisamment ténus.

Les mousses y sont très rares. Soit dans les anfractuosités de ces rochers ou sur leur surface, soit sur le sol ou le tronc des deux ou trois arbres que l’on y rencontre, je n’y ai cueilli que les quatre espèces suivantes mentionnées par Arnaud sur d’autres points des environs du Puy :

Leucodon sciuroides Schw., Briyrum capillare L., Encalypta vulgaris Hedw., Barbula ruralis Hedw.

En outre, j'ai récolté l'Hypnum alhicans Neck. au pied du mur côté nord du magasin des Ponts et Chaussées, situé au tiers environ du trajet du Puy à l’Ermitage.

Une deuxième excursion a été faite le 20 mars 1892 au lieu dit Bois de Paradis, ainsi dénommé par la raison, je crois, qu'il appartient ou est voisin de propriétés appartenant à l’Institution des frères de Paradis (Sacré-Cœur) à Espaly, près Le Puy. Ce bois est situé à plus de 4 kilomètres du Puy, sur le côté droit du chemin de grande communication 101, du Puy à Langeac, exactement en face de la ferme de la Bernarde.

Il couronne un plateau basaltique (740 m. d’altitude) compris dans l’angle que forme la rivière de Borne avec son affluent, le ruisseau de Farreyroles. Du côté de la rivière orienté au nord, il dévale en une pente rapide constituée par une grande masse d'argiles tertiaires que recouvrent les laves basaltiques de la partie supérieure. De nombreux suintements règnent le long de cette pente boisée et contribuent à y maintenir une fraîcheur permanente.

Le nombre de mousses que j'y ai récoltées est de sept seule- ment; ce sont :

Hypnum triquetrum L.., Leskea viticulosa Spr., Polytrichum formosum Hedw., Polytrichum piliferum Schreb., Philonotis fontana Brid., Bartramia pomiformis Hedw., Minium undu- latum Neck.

Dans ce nombre, on trouve des mousses caractéristiques des

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lieux siliceux secs : Polytrichum formosum et piliferum, qui croissent sur certains points découverts de la partie supérieure de la pente, et des mousses spéciales aux lieux humides : Phz- lonotis fontana et Minium undulatum, que l’on trouve à la partie inférieure s'accumulent les eaux de suintement. Entre ces deux stations extrêmes doit végéter évidemment un assez grand nombre d’espèces intermédiaires, et il est permis de sup- poser que le bryologue trouvera sur ce point un plus grand nombre de mousses que le chiffre restreint signalé.

Dans cette liste, seuls, le Philonotis fontana et le Polytrichum formosum ne sont pas mentionnés dans la Flore d’Arnaud.

Le troisième point exploré est le voisinage de la ferme de Laval (680 m. d’altitude) à 2 kil. environ du village de Vals, près Le Puy, et en particulier le bois y attenant. Ce point, comme du reste tout le splendide vallon de Vals que parcourt le ruis- seau de Dolaison, est éminemment propice à la végétation des mousses. De nombreux canaux d'irrigation inondent les prairies qui bordent les deux rives du ruisseau et contribuent d’une manière toute spéciale au maintien de l’humidité de l’air qui cir- cule dans cette vallée étroite et profonde orientée du sud-ouest au nord-est.

L’excursion que j'y ai effectuée le mars 1892 m'a permis de récolter :

Hypnum cupressiforme L., Hypnum serpens.., Hypnum striatum Schreb., Hypnum lutescens Huds., Neckera compla- nata Br. Eur., Bryum capillare L., Orthotrichum anomalum Hedw., Grimmia Schultsii Wils, Grimmia apocarpa Hedw.

Or, sur ces neuf espèces, deux seulement : Hypnum striatum et Grimmia Schultsii, ne sont pas mentionnées dans Arnaud; mais sur les sept autres, six sont citées par lui sur diverses sta- tions aux environs de la ferme de Bauzit (850 m. d'altitude), située à guère plus d’un kilomètre de celle de Laval.

Cette dernière indication me paraît d'autant plus intéressante à relater, que les deux listes de mousses publiées par le D' Arnaud en 1825 dans la Flore du département de la Haute-Loire et en 1830 dans le Supplénent à cette Flore, tout en se limitant à la région du Puy, constituent notamment une vraie monographie bryologique des environs de la ferme de Bauzit. En effet, sur

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70 espèces cilées, quarante et une, soit plus de la moitié, sont signalées comme croissant dans cette derniére région.

Si les circonstances m'avaient permis de mettre mon projet à exceution, Je me proposais de faire, l’année suivante, des explo- rations suivies dans le but d’éludier tout spécialement les musci- nées de Bauzit. Il eüût été alors possible, par voie de synonymie, de ramener aux dénominations récentes, avec une quasi certitude, un grand nombre de mousses citées par Arnaud sous des noms aujourd’hui totalement abandonnés, que les auteurs modernes ne donnent mème pas en raison de leur peu de précision.

La synonymie en bryologie offre des complications inextrica- bles pour tous les auteurs, tel que le D' Arnaud, qui ont écrit avant 1860. A cette époque apparut la premiére édition du Synopsis de Schimper, qui éclaircit beaucoup cette question et rendit la déter- mination des mousses relativement aisée. Dès lors, pour l'étude des travaux antérieurs à 1860, il est indispensable de recourir à l'herbier des auteurs, si l’on ne veut s’exposer à des recherches inutiles ne pouvant fournir que des indications erronées.

Je n'ai pu savoir ce qu'était devenu l'herbier du D' Arnaud; mais J'ai eu l’occasion, en 1892, de feuilleter un herbier déposé au musée du Puy. Le nombre des mousses est trés restreint, et, coïncidence curieuse à noter, pour toutes celles de la Haute-Loire, les stations indiquées correspondent à celles données par le D' Arnaud.

Ainsi donc, d’après les observations précédentes, les rappro- chements synonymiqnes que j'ai faits des espèces mentionnées dans la présente note et dans celle publiée dernièrement sur la flore bryologique des environs de Borne, avec les espèces citées dans la /{lore de la Haute-Loire et son Supplément sous les anciennes dénominations n'ont qu'une simple valeur statistique el n'offrent, au point de vue botanique, qu’un intérèt tout à fait secondaire. |

Avant de clore cette note déjà longue, il me paraît utile de signaler une liste de mousses publiée par M. Isidore Hedde, dans sa remarquable Monographie de Ronson parue en 1874 '. Les

1. Le mont Ronzon {799 m. d'altitude), à proximité du Puy, est un mamelmn basaltique reposant sur des calcaires d'eau douce très connus des paléontologistes par ses nombreux restes d'animaux fossiles.

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neuf espèces citées sont accompagnées d’un texte descriptif qui fait totalement défaut dans la Flore d’Arnaud. La détermination de ces mousses a été confiée par l’auteur à M. Debat, de la Société Linnéenne de Lyon, auteur de plusieurs ouvrages sur l’ordre des mousses et notamment d’une Flore analytique. C’est dire que ce travail offre une certaine garantie, même en l’absence d’échan- llon en herbier.

La Flore du département de la Haute-Loire et la Monographie